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Billet de blog 21 janv. 2023

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Uber condamné par les prud’hommes de Lyon, une victoire contre le macronisme

Uber a été condamné par le conseil des prud’hommes de Lyon à payer 17 millions d’euros à 139 chauffeurs lyonnais. La société américaine a également été condamnée à requalifier en CDI les contrats de ces chauffeurs plaignants. Une décision historique car elle ouvre la voie à d’autres condamnations de ce type contre la plateforme.

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Uber a été condamné par le conseil des prud’hommes de Lyon à payer 17 millions d’euros à 139 chauffeurs lyonnais. La société américaine a également été condamnée à requalifier en CDI les contrats de ces chauffeurs plaignants. Une décision historique car elle ouvre la voie à d’autres condamnations de ce type contre la plateforme. C’est aussi une décision qui fait sens dans le contexte socialement explosif que vit le pays ces derniers jours où les revendications sociales n’ont jamais été aussi fortes.

Retraites, droits aux soins, à l’éducation voient leur existence remise en cause par des politiques ouvertement favorables au capital plutôt qu’au travail. Cette condamnation, c’est aussi un désaveu pour Emmanuel Macron car l’ambition du président pour la France est bien d’uberiser le marché du travail. C’est-à-dire réduire les droits sociaux à néant et mettre sur pied une société besogneuse qui court désespérément après quelques malheureux subsides pour survivre. C’est précisément le mode de vie qu’offre Uber à ses chauffeurs travaillant plus de 11 heures par jour pour des revenus ridiculement faibles. Uber est le symbole le plus incarné de l’avilissement des travailleurs dont le précarité est désormais le quotidien.

La condamnation d’Uber par le Conseil des Prud’hommes de Lyon a dû retentir jusqu’au palais de l’Elysée car il faut se rappeler du volontarisme que Macron, alors ministre de l’Economie, a déployé pour permettre à Uber de s’implanter en France. Et cela malgré de multiples revers judiciaires que la firme américaine essuyait dans plusieurs pays comme l’Italie, la Belgique et le Canada. Ce revers judiciaire de plus contre Uber remet sur le devant de la scène le scandale des « Uber Files » qui ont permis de mettre en lumière toutes les interventions politiques de l’actuel président auprès des autorités préfectorales et départementales pour faciliter l’installation d’Uber en France. Uber est cette porte par laquelle tous les mensonges du président ont pu trouver un écho en France. À travers ce jugement qui fustige Uber et ses pratiques, c’est un modèle social tout entier promu par Emmanuel Macron qui est mis sur le banc des accusés.

Uber a réussi le sinistre l’exploit de faire naître une catégorie de travailleurs sans droits en créant l’illusion qu’ils seraient « leur propre patron » et donc libres d’organiser leur journée de travail comme ils l’entendent. Que fût grande la déception lorsque ces chômeurs issus des banlieues pour la plupart d’entre eux ont compris la gigantesque supercherie morale et intellectuelle de ce système. Mais c’était déjà trop tard. Les chauffeurs diront que s’ils sont libres de faire quelque chose depuis qu’ils travaillent avec Uber, c’est de travailler et de travailler sans compter leurs heures pour espérer dégager un revenu de survie. Le nom d’Emmanuel Macron résonne d’autant plus après ce verdict acccablant pour Uber qu’il est sur tous les fronts pour faire passer la réforme la plus rétrograde et possiblement la plus meurtrière de l’histoire sociale de France, la réforme des retraites.

Mais quand on aime le capital à ce point, on ne compte pas les dommages collatéraux qu’il cause. Dans ce cas précis, ce sont bien les travailleurs indispensables qui ont permis à la société toute entière de tenir debout pendant la crise sanitaire qui sont appelés à se sacrifier deux ans de plus à la tâche pour permettre aux classes possédantes de se pavaner sur leurs yachts, leurs jets et de profiter de leurs richesses si peu mises à contribution au service de l’intérêt général grâce à moults stratagèmes proposés par des fiscalistes tristement talentueux.

Ces métiers qu’Emmanuel Macron promettait de revaloriser en pleine tempête covidienne n’auront finalement rien ou si peu au regard de l’abnégation consentie par cette classe laborieuse. Un mensonge à la hauteur de celui qu’il a asséné en avril 2019 lors d’une conférence de presse où visiblement il feintait avec un aplomb déroutant l’empathie à l’égard des seniors, des salariés aux carrières hachées et des habitants des villes désindustrialisées face aux difficultés que rencontrent tous ces gens pour arriver à travailler jusqu’à l’âge de 62 ans.

Balivernes! Heureusement que les multiples canaux de communications permettent aujourd’hui de tout exhumer et par là de mettre à nu l’insincérité du président qui promettait beaucoup pour finalement devenir, une fois élu, le président le plus décrié et le plus injuste de la cinquième République.

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