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Billet de blog 31 octobre 2023

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Où est passée la politique ?

Qui peut dire n'entendre pas régulièrement que la politique dégoûte ? Qui ne se l'est même jamais dit ? Et bien le propos ici sera de dire que tout cela est totalement faux, et qu'aujourd'hui, nous avons justement besoin de politique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La politique, c'est l'art de trouver des accords durables. Ou, autrement dit, c'est l'art de redéfinir des relations pour les inscrire dans le temps. Or, depuis plusieurs années, la politique a totalement déserté. Ce que l'on appelle "politique" aujourd'hui n'est que du business, c'est à dire le fait de conclure des affaires. Or, la différence fondamentale entre les affaires et la politique, c'est que dans les affaires, une fois le contrat signé et l'accord soldé, la relation disparait. C'est pour cela que les affaires se soldent généralement par un transfert d'argent ou de propriété, car cela ne laisse pas de trace. La politique au contraire s'inscrit dans le temps, c'est chercher puis trouver un accord qui durera, car la relation doit durer.

Le conflit israélo-palestinien est un exemple caricatural de ce désert politique et des conséquences d'avoir un pays dirigé par un homme d'affaire. Il refuse de renégocier une relation. l'issue ne peut donc être que la guerre. "La guerre n'est que la simple continuation de la politique par d'autres moyens" écrivait Clausewitz dans l'ouvrage qui l'a rendu célèbre, Vom Krieg (De la guerre). Cette affirmation relativement admise dans la pensée stratégique est une erreur grave. Elle part du principe que ce qui précède la guerre, c'est la politique, et que celle-ci ne trouvant pas d'issue, c'est la guerre qui prend le relai pour régler un conflit. Il serait bien plus juste de dire que la guerre, ou la violence de manière générale, est ce qui prend le relai de la politique lorsque celle-ci a déserté.

Si le sentiment général en France est un dégoût de la politique, c'est qu'elle a disparu. Les médias, acteurs majeurs de celle-ci, ont été rachetés par des hommes d'affaires et s'en servent pour faire des affaires. L’Élysée est occupé par un homme d'affaire, pas par un politique. Celles et ceux censés chercher des accords ne les cherchent plus, la succession infernale de 49.3 en est un témoignage, l'absence de discussion aussi. Comment croire qu'un président incapable de trouver un accord sur un petit projet comme l'A69 puisse porter une parole politique sur un conflit majeur ? Comment croire qu'un président incapable de trouver un accord avec les syndicats unis puisse porter une parole politique ? Ce qu'il fait, c'est trouver des "deal", donc chercher une issue financière à un problème, pour le solder, comme si cela réglait le problème. Les Gilets Jaunes ont eu quelques centaines d'euros mais rien n'a été réglé. Les COP, conférences censées permettre de trouver un accord politique sur l'effondrement du vivant ont été transformées en des lieux où se négocient de simples compensations financières, comme si cela allait régler le problème.

Il est temps de retrouver l'art de trouver des accords durables. Cessons donc de dire que la politique nous dégoûte. Non, au contraire, l'absence de politique nous dégoûte !

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