Un résistant de la lutte populaire NOTAV chute d'un poteau de haute tension poussé par la police.
A quelques kilomètres de la frontière française, en Val de Susa, la lutte populaire donne du fil à retordre au projet du TAV et aux désirs dévastateurs du capitalisme technologiste.
Ce matin, pendant que les journaux se gargarisaient du succès franco-français en terre yankee, un homme a été très gravement blessé durant la tentative d'expropriation de terrains par les militaires et la police.
Samedi dernier, une nouvelle grande manifestation (voir 20.000 personnes dans les rues des petits villes de montagne est devenu une habitude !) avait parcouru la Vallée. Les manifestants voulaient montrer leur soutien aux arrêtées des dernières manifestations NOTAV. Ces arrêtées étaient venu de toute l'Italie, l'été dernier, pour contester ce projet ubuesque qu'est le TAV et montrer leur solidarité aux habitants de la vallée.
Dans le silence des médias français, depuis 20 ans, une lutte de résistance s'organise. Cette lutte regroupe les habitants de la Vallée ainsi que de nombreuse personnes solidaires qui s'opposent ensemble au projet du TAV . Acronyme derrière lequel se cache le « Treno ad Alta Velocità », ixième symptôme des plans de restructuration d'un système à la dérive qui, au nom de la circulation rapide des marchandises et des capitaux, invente des chantiers grotesques pour empêcher le mouvement des personnes.
Il s'agirait ici d'un tunnel d'une cinquantaine de kilomètres creusé dans le ventre d'une montagne chargé d'amiante et d'uranium, d'une galerie qui ne se soucie pas des nappes phréatiques causant l'assèchement de villages comme sur la ligne TAV de Bologne ou qui fait s'écrouler les maisons, comme sur la ligne de Florence. Et cela, dans le but chimérique de rejoindre Lyon plus rapidement que le TGV actuel. Il s'agirait d'un projet qui épuise une étroite vallée déjà écorchée par une autoroute, deux nationales, une voie ferré et deux lignes haute tension. Projet qui, tout en hypnotisant avec des promesses de travail, commence par licencier les cheminots de "Wagon-Lits", en grève depuis 79 jours.
Dans un pays en crise économique, qui fait payer aux gens les abus du pouvoir, des fonds publiques exorbitants sont alloués pour entretenir la militarisation d'un territoire dans le but d'imposer un chantier refusé par la population ; dans l'hypocrisie de la rhétorique démocratique, on violente avec l'armée (des chasseurs-alpins d'Afghanistan ont été mobilisé pour garder le chantier) et une présence policière invasive (une jeep des carabinieri, en grillant un feu rouge pour se rendre au chantier, a tué une vieille dame qui traversait la route) une population qui a osé exprimer son désaccord. Au nom d'une démocratie qui pue la mascarade, on envoie des troupes d'occupation se battre en aspergeant d'armes chimiques (gaz CS) et en matraquant tout ce qu'ils trouvent sur leur chemin.
Les moyens de résistance employés ont été multiples, du sabotage aux occupations des terrains expropriés, d'immenses manifestations aux dégradations des grillages en passant par des assemblés populaires et la construction de cabanes : pratiques diverses et variés qui ont permis de bloquer un chantier qui aurait voulu démarrer en 1996 dans le silence.
Ce matin, des milliers de miliciens étatiques aidés des pelleteuses du Lyon-Turin-Ferroviaire envahissaient et expropriaient illégalement les terrains pour les claquemurer de béton. Mais, encore une fois, des personnes qui s'opposaient aux séquestrations étaient sur les lieux. Parmi eux, un résistant NOTAV qui, comme beaucoup d'autres, avait acheté un bout de terrain pour entraver les opérations, et qui, pour résister est monté, poursuivi par les policiers, sur un poteau de haute tension. Deux flics ont donc traqué Luca jusqu'a son électrocution et sa chute de 15 mètres. Les secours ont été empêchés par les forces de l'ordre pendant 50 minutes, moments pendants lesquels les pelleteuses et les ouvriers continuaient à défoncer tout, comme si de rien n'était.
Les habitants de Val Susa ont les « os durs » et la tentative d'assassinat ne c'est pas achevée comme les flics l’espéraient. Pendant que Luca lutte contre la mort, la colère de la Vallée est forte et généralisé. L'autoroute, les routes nationales, les gares sont immédiatement bloqués pour empêcher la circulation des flics ; les luttes contre les nuisances de toute la péninsule expriment leur soutien à la Val Susa en soulignant la volonté d'entraver le « progrès » mercenaire du capitalisme ; la solidarité se fait entendre dans toute l'Italie avec des milliers de manifestations spontanées et les principales gares (dont celle de Rome) sont occupées.
Et pendant tout ce temps, de l'autre coté des Alpes, ici en France, on se tais, on accepte. Pourtant, nous sommes directement concernés par le TAV: la ligne à haute vitesse arrivera en France dans une course folle qui broiera tout ce qu'elle croisera sur son passage, nos vies avec. Le gouvernement italien utilise le silence des vallées françaises comme preuve contre les résistants,il justifie toutes ces aberrations en vertu de la résignation et du mutisme qui règne de notre coté des Alpes.
Pour ne pas être complices, agissons.
Pour plus d'information voici 3 sites, malheureusement les 2 premiers sont en italiens mais si on s'accroche un peu et avec l'aide des traducteurs internet, on peut comprendre, c'est pas très loin du français...
http://www.notav.info/
http://radioblackout.org/
http://notav-savoie.over-blog.com/
PS : Le texte a été écrit hier, lundi 27 février 2012