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Billet de blog 10 mai 2019

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Mes Samedis Jaunes dans la Ville Rose

Photoreportage et questionnement sur la répression toulousaine lors des manifestations "Gilets Jaunes" dans la capitale occitane. Textes et photos consultables sur le site internet suivant: www.messamedisjaunesdanslavillerose.wordpress.com

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Les guerres n’ont pas lieu qu’à l’autre bout du monde, il faut commencer par observer la société dans laquelle on vit ».

En tant qu’admirateur de l’engagement et du travail de Don McCullin, cette idée et cette vision du photojournalisme me reviennent régulièrement à l’esprit quand ce dernier vagabonde à la recherche de mes désirs « plein format ».

Aujourd’hui, après avoir participé à un certain nombre de manifestations de Gilets Jaunes à Toulouse, je commence à comprendre l’ampleur de cet état d’esprit.

Ce reportage ne traduit donc pas tant une volonté de soutenir un mouvement que chacun a le droit de supporter ou non, mais bien de rétablir une réalité sur des manifestations que l’on essaye d’essouffler via une dérive policière brutale, aveugle et assumée. Cette légitimité de la violence est d’autant plus dangereuse qu’elle est systématiquement soutenue, manipulée, voire encouragée par nos autorités (tant locales que nationales), et trop rapidement caricaturée ou réduite au silence par des médias qui en sont pourtant témoins.

L'objectif de ce site internet est donc de démontrer en images ce qui a déjà été dénoncé par l'OPP (Observatoire des Pratiques Policières) dans son point d'étape, dès janvier 2019. A savoir comment à partir d'une certaine heure (le plus souvent aux environs de 16h30), et malgré une ambiance bon enfant, les forces de l'ordre, encouragées par leurs différentes hiérarchies, se permettent de faire fi de toutes les précautions d'usage et recourent abusivement à la force, à la violence et à l'intimidation pour dissoudre la manifestation et disperser l'ensemble des participants.

Malgré les appels répétés de l’Europe, de l’OPP, du Défenseur des droits, de l’ONU, d’Amnesty et d’autres observateurs indépendants à diminuer l’intensité de la répression liberticide contre les Gilets Jaunes, rien n’y fait.
Malgré des milliers de comparutions immédiates sans dossier, des dizaines de blessés gravement atteints par des armes interdites ailleurs en Europe, une absence systématique de jugement pour les affaires concernant les violences policières et des atteintes répétées contre les journalistes, rien n’y fait.

Ceci étant dit, notre Président a depuis longtemps et préventivement clos tout débat après avoir qualifié d’inacceptable le fait de parler de violence policière dans un Etat de droit. Et nos représentants de lui emboîter formidablement le pas.

Il est donc fort à penser que bientôt, malgré le désaveu démocratique que cela représente, on n’en parlera plus. On ne parlera plus des charges policières hebdomadaires contre un cortège inoffensif. On ne parlera plus du fait de voir des anonymes, qu’ils soient étudiants, parents, lycéens, retraités, derrière une poussette ou avançant à l’aide d’un fauteuil se faire inopinément gazer par un maintien de la paix au-dessus des lois et systématiquement adoubé par sa hiérarchie.
On oubliera le scandale de l’Exit Tax, l’enrichissement historique du CAC 40, la responsabilité revendiquée de l’affaire Benalla, la privatisation d’EDF, de l’Aéroport de Paris et de la Française des Jeux, la hausse des prix de l’électricité et de l’essence,… Pour le plaisir, on en laissera même certains contempler avec étonnement la fracture béante entre les citoyens et le système, qu’il soit politique, policier ou judiciaire.

Etrange société que celle qui s’émeut davantage de devantures bancaires caillassées que de voir ses contemporains physiquement menacés et parfois gravement meurtris pour le seul délit de contester l’ordre établi. Mai 68, son quartier latin dévasté et ses milliers d’étudiants transformant les pavés en projectiles au nom d’un avenir meilleur semblent déjà bien loin. Presque effacés.

Si rien ne se perd, si rien ne se crée, mais que tout se transforme … il ne nous restera alors qu’à espérer que cela se fasse dans une bonne direction…

Rendez-vous sur le site: www.messamedisjaunesdanslavillerose.wordpress.com

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