Le texte qui suit est un débunkage réalisé par le zététicien Nicolas Bonneel, qui a regardé tout le documentaire et relevé les bidonnages divers et variés en renvoyant aux sources qui appuient son décorticage, un peu à la manière de ce que l'AFIS avait fait pour le premier Cash Investigation sur le même sujet - celui qui exhibait cette incroyable manipulation du chiffre de "97%", et qui avait valu à l'émission un avertissement du CSA :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2614
http://www.csa.fr/Espace-juridique/Decisions-du-CSA/Emission-Cash-investigation-du-2-fevrier-2016-intervention-aupres-de-France-Televisions
Merci à Nicolas Bonneel pour ce travail et pour avoir autorisé sa publication ici.
YK
Les références sont indiquées en fin de texte afin de ne pas nuire à la lisibilité. J'ai essayé quand c'était possible de ne conserver que les sources dont la fiabilité n'est que peu discutable, ou au moins consensuelles (e.g., Wikipedia), et n'ai pas crédité les auteurs de ces remarques (je n'ai pas besoin d'être crédité non plus).
Video originale[1]
Il s'agit d'une émission sur la toxicité des pesticides. On s'attendrait donc à un minimum de rigueur sur la toxicologie et un minimum syndical de notions : toxicité aiguë (DL50), toxicité chronique (NOAEL), seuils (LMR, DJA,...), l'exposition (NODU et QSA d'Ecophyto), la notion que la dose fait le poison, la différence entre danger et risque etc.
À la place, à aucun moment il n'est fait mention de dose ou de seuil.
En fait non, je ne m'attendais pas à ces notions. Elles étaient largement absentes de l'émission précédente d'Elise Lucet en 2016 sur les pesticides (qui avait débuté avec le fameux contresens des "97% des aliments contiennent des pesticides"), et je ne m'attendais pas à mieux.
J'appuierai sur le bio là où il fait mal. Bien que ce ne soit pas le sujet de l'émission à proprement parler, il y est plusieurs fois mis en opposition, mais surtout, l'édition précédente de l'émission avait été préparée en collaboration avec l’association Générations Futures[i], qui est financée par l'industrie du bio[ii]. Ce conflit d'intérêts n'était pas mentionné. Je n'ai aucune info sur la participation de Générations Futures à cette nouvelle édition.
Globalement, je ne me suis pas encore convaincu si Elise Lucet est simplement incompétente (on verra par exemple qu'elle argumente sur "congénital" sans en connaître le sens), ou si la manipulation est volontaire.
Ci-après des remarques, en face de leur timestamp correspondant à la vidéo Youtube postée ci-dessus.
- 1:06 : "68 000 tonnes de pesticides en 2016... la baisse n'a pas eu lieu"
68 000 tonnes sonne "beaucoup". Mais voilà, rapporté à la surface cultivée, cela correspond à 0.27 g/m2 de surface en moyenne et nous place loin derrière les Pays-Bas ou la Belgique qui en consomment le double[iii]. A part annoncer un gros chiffre, je ne suis pas sûr de comprendre son intérêt.
- 1:30 : "Selon un rapport de l'ONU, les pesticides sont responsables de 200 000 morts par an"
Premier gros mensonge par omission, qui arrive avant même la deuxième minute. Il s'agit d'un nombre de suicides par an par ingestion de pesticides, obtenu par extrapolation de 1000 cas au Sri-Lanka en 1984 avec une règle de trois[iv]. Cette étude de 1985 avait été reprise par un rapport de l'OMS en 1990[v], qui lui-même avait été repris par un autre article de 2003[vi] mais sans mention du fait qu'il s'agissait de suicides. Puis l'article a été repris dans un examen de la littérature de l'université de Lund[vii], lui-même repris dans le rapport de l'OMS[viii] (organe de l'ONU) dont Lucet parle....
Bref, des suicides.
Extrapolés du Sri-Lanka.
En 1984.
- 3:04 : "Carte des pesticides en France"
Les cartes comme celles-ci sont la tarte-à-la-crème des mauvaises visualisations de données, qui n'indiquent qu'essentiellement le nombre d'hectares cultivés (plus on cultive, plus on consomme de pesticides... évident, non ?). xkcd en avait fait un meme[ix].
Par ailleurs, il ne s'agirait que des quantités « achetées sur le lieu du siège social », et non « utilisées ». Une grosse différence pour les gros groupes qui achètent à un endroit mais cultivent partout en France.
- 3:25 : "Des pesticides interdits depuis plus de 10 ans sont toujours présents dans le sol et dans l'air"
C'est peut-être justement parce qu'ils sont persistants qu'ils sont interdits..... hum.
- 3:50 : "Les chiffres de ventes de pesticides toujours pas rendus public" :
Voir ce lien pour les données partielles (statistiques agrégées) sur le site du ministère du développement durable[x].
- 4:13 : On nous montre le Mancozebe
On devrait s'imaginer qu'il y a un problème avec celui-là ? Il est pourtant environ 3 fois moins toxique (toxicité aiguë) que le sulfate de cuivre, pesticide de synthèse[xi] utilisé entre autres en agriculture biologique pour traiter la même chose[xii].
- 5:45 : "Marie-Lys Bibeyran, bête noire des propriétaires viticoles"
On pourra rappeler que le procès de l'affaire Bibeyran a conclu qu'il n'y a pas de lien de causalité entre le cancer de son mari et les pesticides[xiii]. Même s'ils ne parlent pas directement de son mari, l'information me semble pertinente lorsqu'ils filment une manif sur les victimes des pesticides, dirigée par cette dame.
- 7:46 : "Sylvie Berger : La veille et l'avant-veille, deux herbicides ont été épandus. Elle s'est éclaboussée. Elle a maintenant des troubles neurologiques."
Mais on oublie de préciser qu'elle en épand depuis 25 ans, et impute ses problèmes diagnostiqués 4 ans plus tard à une éclaboussure (le certificat médical montré rapidement mentionne ces 25 ans). On ne saura à aucun moment quel produit a été utilisé et à quelle fréquence, ni les protections qu'elle utilisait ou non. Ni dans l'émission, ni sur le web. Un flou artistique. Ces informations seraient-elles sans importance ?
- 10:05 : "80 victimes officielles des pesticides comme cause de maladie professionnelle en 2016".
Or, un article sur France TV donne le chiffre de 61victimes pour la même année 2016[xiv]. Soit France TV a tort avec ce chiffre de 61, soit France TV a tort avec le chiffre de 80.
- 10:50 : "c'est du soufre ?"
Doit-on supposer que le soufre, c'est pas bien ? Car il est largement utilisé en agriculture biologique.
- 11:48 : "on a plus l'impression d'être dans le nucléaire"
Ils portent des vêtements de protection, comme préconisé. C'est bien. Sa remarque est un sophisme de l'appel à la terreur[xv] (qui est le seul fil conducteur de cette émission).
On trouvera aisément des images d'épandage "bio" par avion de sulfate de cuivre (les épandages aériens sont interdits en Europe)[xvi] ou d'agriculteurs protégés pulvérisant du soufre[xvii].
- 14:12 : "pour mesurer l'exposition"
On parle de mesurer l'exposition... mais jamais n'est mentionné une quelconque dose...
- 15:34 : "en moyenne 44 pesticides dans leur organisme" "cancérigènes, reprotoxiques, neurotoxiques, mutagènes, perturbateurs hormonaux".
Encore une fois, pas de doses. Un nombre de pesticides présents n'est pas une donnée toxicologique pertinente - on trouve tout ce que l'on cherche si on se donne des moyens technologiques suffisants. Par exemple, nous ingérons 1 à 5 microgrammes d'Uranium quotidiennement (en des endroits non contaminés)[xviii], et un corps humain possède 22 microgrammes d'Uranium en lui. Et alors ?
- 16:07 : "qu'en pensent les parents ?"
On passe quelques temps en mode micro trottoir.
- 23:25 : "Le sillage, un fongicide, est très toxique"
....pour l'environnement aquatique. Sinon, concernant sa toxicité aiguë, sa DL50 (dose létale 50, qui tue la moitié des gens qui prennent cette dose) est de 5g/kg[xix], moins toxique que le sel de table (3g/kg). Sa classe de toxicité sur l'échelle de Gosselin, Smith et Hodge est entre "modérément toxique" (de 0.5 à 5g/kg) et "légèrement toxique" (5g/kg à 15g/kg), ou entre "légèrement" et "presque pas toxique" sur celle de Hodge et Sterner[xx]. Et non "très toxique".
- 25:38 : "sortir des CMR" [= substances Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques]
C'est apparemment acquis pour Lucet, il faut "sortir des CMR". Sauf que bon, je bois du café tous les jours, qui est doublement CMR (la caféine[xxi] et les boissons chaudes[xxii] sont cancérogènes 2B et 2A selon le sacro-saint CIRC) et perturbateur endocrinien[xxiii], et il se trouve que c'est justement un pesticide[xxiv]. Certains préconisent même son usage en agriculture biologique[xxv].
Alors, on fait quoi, on interdit le café ? Ou on se pose enfin la question des doses à laquelle ces composés sont CMR ?!
- 28:48 : "12 résidus de pesticides retrouvés ici".
Toujours pas de doses. On oubliera souvent que le bio contient des résidus de pesticides, aussi interdits, cancérigènes etc.. En 2016, l'EFSA trouvait 140 pesticides différents sur des aliments bio (e.g., chlorpyrifos-methyl), incluant des pesticides interdits même en conventionnel (e.g., DDT)[xxvi].
- 33:40 : "Le glyphosate comme CMR"
Encore une fois... Toujours pas classé CMR (au 30 Juin 2017) dans le règlement du Parlement européen et du Conseil[xxvii]. Pas cancérogène pour 13 sur 14 agences (la 14ème, le CIRC, n'a classé qu'un seul agent comme "non cancérogène" sur un millier examinés : le caprolactame[xxviii])
- 37:27 : "Présence de diuron autours des écoles".
Je citerai simplement le CIVB qui les a accueilli lors du tournage de l'émission[xxix] :
"Cash Impact aurait pu dire que des molécules de produits interdits depuis plus de 10 ans peuvent encore laisser des traces dans l’environnement, c’est pour cela qu’ils ont été interdits. Cash Impact aurait pu révéler que le Diuron, bien qu’interdit depuis 10 ans en agriculture, est toujours autorisé pour d’autres usages, notamment le bâtiment (peintures et anti-mousses de façades). Cash Impact ne devrait pas laisser croire, sans preuves, que des viticulteurs fraudent en achetant à l’étranger des produits interdits en France".
"toutes les parcelles de vigne situées à proximité des écoles mentionnées dans Cash Impact sont aujourd’hui traitées avec des produits homologués en bio"
- 51:00 :Un mur de feuilles imprimées avec les chiffres du gouvernement sur les pesticides.
Je ne vois pas trop l'intérêt d'imprimer des centaines de pages pour rien. Ni leur carte au format XXL. Par souci écologique ?
- 53:12 : "Dominique Techer, présenté comme viticulteur bio".
En fait il eut été plus exact de dire "biodynamique"[xxx]. Wiki clarifie ce que c'est[xxxi] : "l'efficacité revendiquée de la biodynamie relève de la pensée magique".
Mais on peut faire un tour du coté de Demeter, le label biodynamique certifiant son vignoble, qui indique par exemple[xxxii] : "Les connaissances de la science spirituelle indiquent que les composants d’origine minérale, végétale et animale peuvent être métamorphosés sous les effets d’influences cosmiques/terrestres durant le cours de l’année et se transformer en préparations dotées de forces."
Mais bon, de toute façon, faire du bio pour du vin (qui est un CMR avéré, cancérogène de catégorie 1) pour éviter de s'intoxiquer, c'est comme mettre une pastille de vitamine C dans sa clope pour se détoxifier avec un antioxydant (l'argument "y'a davantage d'antioxydants en bio" revient souvent).
Plus sérieusement, boire un verre de vin est l'équivalent en toxicité à manger 200 000 pommes avec la peau et ses pesticides[xxxiii] [références bibliographiques inclues dans l'image].
- 56:55 : "Elise Lucet veut que le ministre de l'agriculture mette sa carte en ligne"
Etant données les manipulations exposées ci-dessus, pourquoi devrait-il avoir une once de confiance en les données de Mme Lucet et les diffuser sur un site gouvernemental ? Etant donné que sa carte est une mauvaise visualisation (voir plus haut), pourquoi la diffuser ?
Surtout, quel intérêt ? A part faire un exposé au lycée sur les imports-exports en France, aucun.
- 58:00 : "Entre 2009 et 2016, augmentation de 6% de vente des pesticides"
Dans le même temps, les ventes de cuivre et soufre, utilisés en bio (et inclus dans ces 6% d'augmentation), ont augmenté de 110%[xxxiv], soit +7100 tonnes. Cela représente les 2/3 de l'augmentation dénoncée. A cette vitesse, accroître la production en bio va faire augmenter les ventes totales de pesticides...!
- 1:00:00 : "Certains l'appellent l'uranium des pesticides". Expression introuvable sur Google avant... le Cash Investigation de 2016 qui en parle.
Ensuite, séquence reprise du Cash Investigation de 2016, déjà debunkée[xxxv] : l'eau serait impropre à cause des nitrates et non des dépassements en Atrazine (largement en deçà des normes des autres pays).
- 01:04:42 : "en tout 3500 femmes enceintes ont accepté de participer". [à un suivi via des prélèvements]
Pas vraiment. Si 3500 femmes enceintes ont bien accepté d'y participer, les pesticides n'ont été mesurés que pour 576 femmes, pour lesquelles 32 femmes avaient des résidus quantifiables d'atrazine, ou 154 si on compte ses métabolites[xxxvi]. Le nombre de cas que l'on étudie s'est donc réduit comme une peau de chagrin.
- 01:06:05 : "70% de risques supplémentaires que le périmètre crânien soit réduit"
Alors comment on obtient ce chiffre ? C'est simple, il y a 38 bébés sur les 154 femmes avec de l'atrazine ou ses métabolites qui ont eu un périmètre crânien faible, donc 24%. Sur les 425 autres femmes non exposées, il y en a eu 65 avec un périmètre crânien trop faible, donc 15%[xxxvii].
En se donnant un intervalle de confiance à 95% (on se laisse 5% de risques que la valeur soit en dehors), on estime que l'accroissement est donc entre 1.0 et 2.7, et on donne l'estimation d'un accroissement de 1.7 (ces fameux 70%).
Maintenant:
~ Ce qu'on sait, c'est qu'on a un facteur entre 1.0 et 2.7 de risques, donc entre rien et 170%. En fait, c'est pas exactement rien, puisqu'ils indiquent que le résultat est significatif, donc le 1.0, c'est plutôt entre 1.00000...01 et 1.04999999...., et ce chiffre a donc été arrondi à 1.0. En d'autres termes, ça a failli ne pas être significatif, mais à quelques décimales près, c'est bon, le résultat est valide. C'est le genre de résultats qui inspire encore xkcd[xxxviii].
~ Ils parlent ici de significativité à un seuil de 5% (donc 5% de risques d'observer ces valeurs ou pire, même si l'atrazine ne pose aucun problème)... c'est assez standard, mais très discuté en science. Surtout quand les résultats frôlent cette valeur.
~ Le plus gros problème ici est le fait de tester plein d'hypothèses. Rappelez-vous qu'on s'autorise 5% de risques d'observer les valeurs de périmètres crânien qu'on a si l'atrazine n'a aucun effet mais de quand même conclure que l'atrazine pose problème (pour simplifier, on dira "5% de risques de se tromper"). Mais on s'autorise aussi 5% de risques de se tromper quand on ne considérait que l'atrazine et pas ses métabolites, et 5% de risques de se tromper quand on considérait les anomalies congénitales, et 5% de risque de se tromper pour le poids fœtal etc. En tout, rien que sur les tests de toxicité (il y a aussi des tests de facteurs de confusion par exemple), il y a 27 fois 5% de risques de trouver une anomalie alors qu'il n'y en a pas ! Et bien figurez vous que sur les 27 fois, ils en ont trouvé 2 des anomalies, et encore, de justesse... Exercice pour demain : quelle est la probabilité de ne jamais se planter quand on s'autorise 5% de tolérance et qu'on essaye 27 fois ?
C'est tellement une tarte à la crème des mauvaises stats que ça a encore une fois inspiré xkcd[xxxix].
- 01:07:39 : Utilisation d’une séquence déjà diffusée en 2016
Le CSA leur a tapé dessus[xl]; ils rediffusent.
- 01:08:20 : "je vous propose de boire cette eau avec de l'atrazine", "ok", "nan mais vous n'êtes pas enceinte, ca compte pas".
Déplacement de buts[xli]. Un classique : l'argument est aussi fluide que l'air... il change au fur et à mesure qu'on perd. Ici, le président de Syngenta a bu son eau qu'elle le défiait de boire, elle n'a donc plus d'argument... et maintenant elle invoque le fait qu'il n'est pas enceinte !
- 01:10:20 : "Tyron Hayes la référence mondiale des effets de l'atrazine"
On ira voir la page Wikipédia anglophone sur l'Atrazine[xlii], où il est indiqué :
``A 2003 EPA review of this study concluded that overcrowding, questionable sample handling techniques, and the failure of the authors to disclose key details including sample sizes, dose-response effects, and the variability of observed effects made it difficult to assess the study's credibility and ecological relevance. According to Hayes in 2004, all of the studies that rejected the hermaphroditism hypothesis were plagued by poor experimental controls and were funded by Syngenta, suggesting conflict of interest. A 2005 Syngenta-funded study, requested by EPA and conducted under EPA guidance and inspection, was unable to reproduce Hayes´ results.'' [les résultats de Hayes n’ont pas pu être reproduits]
... et c'est l'argument qu'apporte le (nouveau) directeur de Syngenta, à 01:15:00.
On trouvera en lien une séquence vidéo intéressante[xliii] : la prise de vue intégrale de l'interview d’une heure, sans coupure (ou presque).
- 01:16:02 : Le document montré est ici[xliv]
Ce document classe l'atrazine en "CAT 1", donc "At least one study providing evidence of endocrine disruption in an intact organism. Not a formal weight of evidence approach." [= le poids de la preuve n'est pas pris en compte: on sait juste qu'il existe au moins une publication, par exemple celle de Hayes, qui prétend que c'est un perturbateur endocrinien, sans examiner la qualité de la publication]
- 01:17:38 : "l'EPA tire la sonnette d'alarme".
Pour contrebalancer un peu, Wikipédia [xlv] indique :
``In 2006 the U.S. Environmental Protection Agency (EPA) had stated that under the Food Quality Protection Act "the risks associated with the pesticide residues pose a reasonable certainty of no harm", and in 2007, the EPA said that atrazine does not adversely affect amphibian sexual development and that no additional testing was warranted. EPA's 2009 review concluded that "the agency's scientific bases for its regulation of atrazine are robust and ensure prevention of exposure levels that could lead to reproductive effects in humans". EPA started a registration review in 2013.''
Le brouillon actuel de l'EPA est ici[xlvi]. L'EPA peut en effet changer ses conclusions, mais étant données ses conclusions en 2006, 2007 et 2009, il ne me parait pas justifié de parler de "tirer la sonnette d'alarme".
- 01:20:08 : Le directeur de Syngenta demande "quand vous dites énorme, vous parlez d'anomalies congénitales majeures ?". Lucet répond : "non, on ne peut pas dire que c'est congénital, c'est à cause de l'atrazine".
Lucet illustre juste qu'elle ne sait pas ce que veut dire congénital[xlvii]. Ce n'est pas un problème en soi de ne pas savoir... mais dans ce cas on ne s'en sert pas comme argument.
- 01:21:12 : Lucet était d'accord pour l'aspect "majeur" des anomalies.
La publi dit qu'il n'y pas d'anomalies congénitales majeures. Mais, avec faible confiance (i.e., forte chance de se planter), quelques anomalies quand même, dont les crânes plus petits. Le directeur de Syngenta a joué là-dessus, puisque la publi n'a pas classé ces problèmes crâniens dans les anomalies congénitales majeures.
- 01:24:29 : "La France importe des céréales d'Ukraine"
Il eut été intéressant de savoir la part que cela représente. La France est globalement exportatrice nette de céréales[xlviii].
Par exemple pour le maïs, on importe en tout 0.7Mt pour une production de 12Mt[xlix]. Et la consommation du maïs est principalement animale.
Encore une info peu pertinente ?...
- 01:26:50 : "Le Talius est cancérogène" ; "En France ce produit est classé CMR catégorie 2"
Certes, en France. En Europe, l'EFSA le considère catégorie 3 (preuves insuffisantes)[l]. Pourquoi c'est la France qui aurait raison ?
- 01:31:03 : "bidons qui sont utilisés pour fabriquer des jouets d'enfants".
Accusations graves, sans preuves apparentes. Je dois la croire sur parole ? Le directeur de Syngenta mentionnait aussi la contrefaçon : "il y a 30% de produits contrefaits en Ukraine" (propos coupés au montage de Cash Impact... Visible à 52:15 sur la vidéo non coupée[li]), et que ce n'est pas parce qu'un bidon a une étiquette X que c'est produit par X ou contient du X. Est-ce qu'ils vont donc analyser les bidons ?
Bref, je ne comprends pas. Ils disent avoir passé 4 mois à trouver des chiffres de vente de pesticides. En quelques heures, on débunke facilement l'intégralité du reportage... Où est le journalisme et sa neutralité ?
Nicolas Bonneel
Ajout du 19/03.
Le chatisticien, qui tient une page Facebook intitulée "La statistique expliquée à mon chat", me communique un complément d'analyse issu de sa page :
https://www.facebook.com/chatisticien/
Je vous la recopie ici pour le plaisir, avant les notes de l'article de Nicolas de Bonneel.
YK
"Envie d'une tranche de très mauvais journalisme qui a été servie à des millions de spectateurs récemment ?
Parlons de l'atrazine : honnêtement mon chat ne sait pas si ce pesticide est dangereux ou pas. En tout cas, il y a au moins une étude montrant une corrélation entre atrazine et problèmes de santé. Mais pour rappel, juste montrer que deux trucs sont corrélés est totalement insuffisant pour parler d'un lien de cause à effet, ce qu'on dénonce ici : https://www.youtube.com/watch?v=4EWKAoKGAyg
Beaucoup plus convaincant, voici une étude réalisée en labo et montrant un *lien de cause à effet* entre atrazine et troubles chez les grenouilles : http://www.pnas.org/content/pnas/99/8/5476.full.pdf
Hélas, les journalistes de @cashinvestigationfrance2 ne font pas la différence entre les études du premier type et du second type. Mais ce qui est exceptionnel avec eux, c'est qu'ils ont le culot de corriger ceux qui font la différence devant des millions de spectateurs. Regardez, c'est violent :
https://www.youtube.com/watch?v=wMur3yzqOQM&feature=youtu.be&t=1h20m22s
(merci à Passe-Science pour cette perle !)
Si un journaliste de @cashinvestigationfrance2 qui tient à la crédibilité de son émission voit ce message, je l'invite à corriger le dictionnaire Anglais-Français de l'émission de toute urgence : en Anglais dans les papiers de recherche, "associated" ou "association", ça se traduit par "corrélation", pas par "lien de cause à effet".
/!\ Et non, ce n'est pas la même chose /!\"
[i] https://www.generations-futures.fr/qui-sommes-nous/un-peu-d-histoire/
[ii] https://www.generations-futures.fr/qui-sommes-nous/nos-partenaires/
[iii] http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:Pesticide_sales_by_UAA,_by_country,_2014_(kilogram_per_hectare).png
[iv] https://www.sjweh.fi/download.php?abstract_id=2230&file_nro=1
[v] http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/39772/1/9241561394.pdf (pages 85-86)
[vi] https://journals.lww.com/joem/Abstract/2003/02000/Association_Between_Human_Paraoxonase_Gene.2.aspx
[vii] http://lup.lub.lu.se/search/ws/files/5719404/3954709.pdf
[viii] http://www.amisdelaterre40.fr/spip/IMG/pdf/onu_rapport_pesticide_g1701788.pdf (en VF)
[x] http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/2439/0/quantites-pesticides-vendues-france.html
[xi] https://www.ecfr.gov/cgi-bin/text-idx?SID=2921709dd2fa1f7e2a1f1a756159e44c&mc=true&node=se7.3.205_1601&rgn=div8
[xii] https://en.wikipedia.org/wiki/Organic_farming#Pesticides
[xiii] http://www.europe1.fr/societe/affaire-bibeyran-pas-de-lien-prouve-de-causalite-entre-pesticides-et-cancer-3442445
[xiv] https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/les-pesticides-seraient-responsables-de-2-des-maladies-professionnelles-declarees-chez-les-agriculteurs_2470964.html
[xv] https://fr.wikipedia.org/wiki/Appel_%C3%A0_la_terreur
[xvi] https://www.gettyimages.co.uk/detail/news-photo/dromader-aircraft-sprays-a-citrus-grove-with-copper-sulfate-news-photo/112948909#/dromader-aircraft-sprays-a-citrus-grove-with-copper-sulfate-and-crop-picture-id112948909
[xvii] http://npic.orst.edu/factsheets/sulfurgen.html
[xviii] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9406286
[xix] https://www.agro.basf.fr/agroportal/fr/media/l1/productcatalogue/product_files/sillage-2017-11-15.pdf
[xx] https://fr.wikipedia.org/wiki/Dose_l%C3%A9tale_m%C3%A9diane#Interpr%C3%A9tation
[xxi]https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_canc%C3%A9rog%C3%A8nes_du_groupe_2B_du_CIRC
[xxii]https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_canc%C3%A9rog%C3%A8nes_du_groupe_2A_du_CIRC
[xxiii] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3521899/
[xxiv] http://www.nytimes.com/1984/10/07/us/caffeine-is-natural-insecticide-scientist-says.html
[xxv] ] https://www.consommerdurable.com/2013/06/marc-de-cafe-un-engrais-et-pesticide-au-jardin/
[xxvi] http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2903/j.efsa.2017.4791/epdf
[xxvii] http://www.prc.cnrs.fr/IMG/pdf/cmr-clp-atp10-FR-total2.pdf
[xxviii]https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_canc%C3%A9rog%C3%A8nes_du_groupe_1_du_CIRC
[xxix] https://www.vitisphere.com/actualite-87084-Cash-Investigation-repart-en-croisade-contre-les-phytos-CMR.htm
[xxx] https://devignesenvin.com/47/satellite-wines-olivier-techer-bordeaux
[xxxi] https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_biodynamique
[xxxii] http://www.demeter.fr/wp-content/uploads/2017/03/Cahier-des-charges-Production-ed-janv-2017.pdf
[xxxiii] http://fcorpet.free.fr/Denis/W/vin-steak-pomme-Captan-cancer.gif
[xxxiv] http://agriculture.gouv.fr/telecharger/88428?token=cedca60d2e4fdd80f081306490e933e9 , tableau 2 page 30
[xxxv] http://seppi.over-blog.com/2016/02/cash-investigation-le-scandale-de-l-eau-de-moriers.html
[xxxvi] https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00682592/document
[xxxvii] https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00682592/document
[xxxviii] https://xkcd.com/1478/
[xl] http://www.csa.fr/Espace-juridique/Decisions-du-CSA/Emission-Cash-investigation-du-2-fevrier-2016-intervention-aupres-de-France-Televisions
[xli] https://en.wikipedia.org/wiki/Moving_the_goalposts
[xlii] https://en.wikipedia.org/wiki/Atrazine#Amphibians
[xliii] https://www.youtube.com/watch?v=p9XvY6cMTnE
[xliv] http://ec.europa.eu/environment/chemicals/endocrine/pdf/final_report_2007.pdf
[xlv] https://en.wikipedia.org/wiki/Atrazine#Amphibians
[xlvi] https://www.biologicaldiversity.org/campaigns/pesticides_reduction/pdfs/AtrazinePreliminaryERA.pdf
[xlvii] https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_cong%C3%A9nitale
[xlviii] http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Gaf16p120-131.pdf
[xlix] http://www.franceagrimer.fr/content/download/55491/536331/file/Bilans1718_FR180214_ENVOI.pdf
[l] http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2903/j.efsa.2009.1350/epdf
[li] http://www.csa.fr/Espace-juridique/Decisions-du-CSA/Emission-Cash-investigation-du-2-fevrier-2016-intervention-aupres-de-France-Televisions