A la veille de choisir son nouveau président de la République et au terme de cinq années de maltraitance fracassante sous les feux destructeurs des canons macronistes d’un néolibéralisme décomplexé et autoritaire, la société française n’a plus le temps ni les moyens d’éluder deux problématiques centrales transgénérationnelles qui s’imposent à elle : comment combattre, en retrouvant le chemin du progrès social, les fléaux du chômage de masse (6,3 millions de demandeurs d‘emploi toutes catégories confondues en février 2022, France entière), de la précarité de l’emploi et de la pauvreté (9,3 millions de pauvres en 2020 vivant avec moins de 1 100 euros par mois), sans renoncer à avancer sur les terrains de la transition écologique et de la transformation des modes de vie et de production en faveur d‘une croissance économique sobre, avec des ambitions à la hauteur de l’ampleur de la crise écologique qui met l’humanité et la planète en danger de mort ? Et comment renouer avec le progrès démocratique en sortant de l’impasse a-démocratique de la « monarchie présidentielle » de notre vieille Cinquième République, devenue le refuge d’une caste de professionnels de la politique, déconnectée et non représentative de la société - la Macronie ayant incarnée une forme extrême de caste hors-sol -, gouvernant non pas pour les intérêts du peuple mais de l’oligarchie bourgeoise ?
Les deux questions précédentes sont bien évidemment intimement liées, l’une ne pouvant être résolue sans l’autre. Y répondre passe par des choix collectifs s’exprimant en faveur d’un changement de paradigme économique en rupture avec le néolibéralisme, en mettant l’économie au service de la société, et non l’inverse, mais aussi en faveur de l‘avènement d‘une Sixième République. De tous les candidats à l’élection présidentielle de 2022, seul le programme de Jean-Luc Mélenchon propose ce double changement de logiciel économique et institutionnel, et se donne les moyens réalistes - et parfaitement chiffrés - de combiner efficacité économique, progrès social, équité dans la répartition des richesses, transition écologique, justice climatique et émancipation démocratique (1). Ainsi, jamais un programme pour une élection présidentielle sous la Cinquième République, en dehors du Programme commun de la gauche de François Mitterrand en 1981, ne s’est proposé de servir aussi bien l’intérêt général, en pensant avant tout aux intérêts de l’ensemble des classes populaires et moyennes (soit 90 % du corps social). Un programme donc en opposition radicale avec ceux des candidats de droite ou d’extrême droite, d’Emmanuel Macron à Eric Zemmour, en passant par Valérie Pécresse et Marine Le Pen qui, en proposant de continuer à cheminer sur les sentiers d’un néolibéralisme forcené tout en s‘en défendant (2), confondent volontairement intérêt général et intérêts des 10 % les plus riches.
C’est donc un autre partage des richesses que propose le candidat Jean-Luc Mélenchon, une répartition plus équitable des revenus et des patrimoines, dans une société déjà bien abîmée par des inégalités indignes d’une démocratie et qui se sont particulièrement aggravées sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, marqué sous le sceau de l'injustice sociale (3). Sans atteindre les niveaux vertigineux des pays anglo-saxons, en France, la concentration des revenus et des patrimoines apparaît en effet forte aujourd‘hui, et son degré élevé, en détériorant la cohésion sociale, menace frontalement notre démocratie, comme en témoignent au cours de ces dernières décennies, d’élections en élections, à la fois la montée de l’abstention et la percée de l’extrême droite. Ainsi, en France, en 2019, les 10 % les ménages les plus riches, en recevant près de 25 % de l’ensemble des revenus annuels des ménages, perçoivent 7 fois plus que les 50 % les ménages les plus pauvres, et possèdent la moitié de l’ensemble du patrimoine net des ménages (patrimoine brut auquel on a retiré les dettes). Il est donc temps d’inverser la tendance à l’augmentation de la concentration des richesses produites et accumulées, provoquée par la mise en place de politiques néolibérales, dont le point de départ a été le « tournant de la rigueur » en 1982-1983 sous la présidence de François Mitterrand.
Ce combat en faveur de la justice sociale, le programme de Jean-Luc Mélenchon entend le mener en utilisant tous les leviers dont disposent les pouvoirs publics pour mener une politique ambitieuse de redistribution des revenus au sens large. Tout d’abord, le levier fiscal, en renforçant le caractère redistributif du système des prélèvements obligatoires, qui, faut-il le rappeler, à partir d’un certain niveau de revenu, devient anti-redistributif (en 2018, les 10 % les ménages les plus pauvres supportent un taux de prélèvements obligatoires de 68,1 % contre 53,6 % seulement pour les 10 % les plus riches !). Au titre de ce registre de la justice fiscale, relevons, en particulier, la mise en place de quatorze tranches pour l’impôt sur le revenu (contre cinq actuellement) pour renforcer sa progressivité et son effet redistributif ; la transformation de l’actuel impôt proportionnel, la contribution sociale généralisée (CSG), en impôt progressif avec quatorze tranches d’imposition ; le rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes avec des taux et une progressivité accentués, sans niches fiscales et avec une composante climatique permettant de mettre à contribution les plus gros pollueurs, qui sont aussi les plus riches (en 2021, les 10 % les plus riches polluent cinq fois plus que les 50 % les plus pauvres) ; et le remplacement de la « flat tax » de 30 % sur les revenus du capital par une imposition de ces derniers au même titre que les revenus du travail. L’instrument de la production de services collectifs, celui qui contribue le plus à réduire les inégalités de revenus, est lui aussi particulièrement mobilisé, avec les propositions de consacrer 30 milliards d’euros à la « réparation » des services publics après la pandémie du Covid-19, la création d’un million de postes, le dégel du point d’indice pour les fonctionnaires, etc. On mesure ici la rupture totale avec la politique de casse des services publics dont les néolibéraux sont friands, comme celle menée sous la mandature d’Emmanuel Macron, en particulier dans les domaines de la santé publique et de l’éducation nationale (entre 2017 et 2020, 17 600 fermetures de lits d’hôpitaux ; entre 2017 et 2022, 7 952 suppressions de postes d’enseignants dans le secondaire !). Ainsi, aux antipodes des programmes de la droite et de l’extrême droite, celui du candidat de la France insoumise remet les pendules à l’heure quant à l’importance fondamentale du rôle de l’État dans le processus de création de l’ensemble des richesses matérielles et immatérielles comptabilisées dans le PIB, soit une contribution directe de près de 20 % (voir graphique ci-contre),

…….n’en déplaise au président sortant Emmanuel Macron qui, comme tout néolibéral qui se respecte, ne voit dans les administrations publiques qu’un secteur d’activité improductif, reprenant en ce sens la poussiéreuse vision des premiers économistes classiques, comme Adam Smith à la fin du XVIIIè siècle.
Le levier de la protection sociale est bien évidemment lui aussi mis en action, en proposant de remettre la France sur les rails du progrès social et de tourner le dos à quarante ans de politique de remise en question des acquis en matière de droits sociaux. Parmi les mesures phares en la matière, on relèvera la retraite à 60 ans, tandis que les candidats de droite, eux, proposent de reculer l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans pour renforcer le partage des richesses au profit du grand capital et au détriment des travailleurs, et surtout les moins qualifiés ou de qualification intermédiaire. Les actuels et les futurs retraités seront également intéressés par deux autres propositions de progrès social avec l’indexation des pensions de retraite sur les salaires et la garantie au niveau du Smic des retraites qui ont des annuités de cotisations complètes. Sans oublier de citer la proposition de créer une garantie d’autonomie de 1 063 euros par mois pour les jeunes détachés du foyer fiscal parental, dont le coût annuel évalué à 10 milliards d’euros sera financé par les nouvelles ressources dégagées grâce à une réforme de l’héritage (en particulier, création d’un héritage maximal à 12 millions d’euros). Enfin, dans la panoplie des instruments d’une politique de redistribution en faveur de la justice sociale, la lutte contre les discriminations n’est pas non plus en reste dans le programme du candidat Mélenchon. Par exemple, pour lutter contre les discriminations salariales dont sont encore victimes les femmes (en 2019, l’écart relatif du salaire annuel moyen des femmes par rapport à celui des hommes est de 22 %, et à compétences et poste équivalents, il s’élève à 5,3 %), on y trouve la proposition de mettre en place une prime d’un montant de 10 % du salaire pour chaque femme victime de discrimination salariale.
Pour inverser la dynamique d’aggravation des inégalités de revenus et des patrimoines à l’œuvre depuis quarante ans, et renouer avec la réduction de ces inégalités qui s’était engagée à partir du lendemain de la Première Guerre mondiale, mais aussi pour améliorer durablement le pouvoir d’achat des travailleurs, et plus encore des moins bien rémunérés et des plus vulnérables face au retour de l’inflation, c’est aussi un autre partage des richesses créées au sein des entreprises que promeut le candidat Jean-Luc Mélenchon. Pour ce faire, on retiendra, entre autres, les propositions de relever le Smic net mensuel à 1 400 euros, de bloquer les prix des produits de première nécessité en cas de flambée des prix comme actuellement, ou encore de supprimer tout écart de rémunération supérieur à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut d’une entreprise. Ainsi, contrairement à ce qu’a fait le président sortant Emmanuel Macron, comme par exemple la prime Macron, ou ce que propose Valérie Pécresse ou l’extrême droite de baisser les cotisations sociales salariales, mesures qui affaiblissent la protection sociale et le financement des services publics, le candidat de la France insoumise propose, lui, des mesures qui améliorent durablement le partage de la valeur ajoutée (la richesse créée) dans l’entreprise au profit des salariés. Il s’agit, là, d’ouvrir une nouvelle phase historique dans la répartition de la valeur ajoutée au sein des entreprises, plus en faveur du travail et donc au détriment des marges bénéficiaires des multinationales, en rupture avec celle qui s’est enclenchée à partir du fameux tournant de la rigueur de 1982-1983 sous François Mitterrand, durant laquelle, au niveau de l’ensemble des sociétés non financières, la part des salaires dans la valeur ajoutée, en dehors des années 1990- 2013, n’a eu de cesse de se détériorer du fait des politiques néolibérales mises en place par les gouvernements successifs - politique de désindexation des salaires sur les prix, baisse du coût du travail à coups d’allégements de cotisations sociales patronales, etc. - (voir graphique ci-joint).

On observe même que, depuis 2013, une nouvelle tendance de moyen terme à la baisse de la part de la rémunération des salariés dans la valeur ajoutée brute s’est mise en place sous les auspices de l’ex-président François Hollande et d’Emmanuel Macron, lui-même, successivement en qualité de secrétaire général adjoint de l'Élysée et ministre de l’Économie sous Hollande, puis de président de la République. La politique économique en faveur du grand capital d’Emmanuel Macron n’a donc pas commencé à être mise en œuvre en 2017, mais dès 2013 ! Rompre avec cette politique et la régression sociale qui l’accompagne, sortir du modèle libéral-productiviste et refonder le pacte social autour d’un partage plus équitable des richesses, porteur de progrès social et aux bienfaits écologiques, c’est donc à portée de main pour les Français en élisant le 22 avril prochain Jean-luc Mélenchon président de la République française.
Aux urnes, Citoyens !
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(1) Le programme de Jean-Luc Mélenchon, c'est Ici.
(2) Voir l’analyse comparative des programmes, faite par Attac, du continuum des forces de droite d’Emmanuel Macron à Éric Zemmour. Des programmes qui, sur le fond, sont tous fondamentalement néolibéraux, au-delà des différences de formes. C'est Ici.
(3) Lire "Le quinquennat de la violence de l'injustice sociale", Yves Besançon, blog Mediapart, mars 2022. C'est Ici.