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Billet de blog 9 septembre 2025

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« C’est un dictateur » qui mène « une guerre d’extermination » : Iris Leal

«les portes de l’enfer» viennent seulement de s’ouvrir à Gaza après 704 jours d’anéantissement. Et «ce n’est que le début». Tant qu’un avion bombarde des civils, qu’un char tire sur des tentes avec des enfants, le «dictateur» survit politiquement. Comme un disque rayé. Le reste, les otages, les soldats, les morts d’un attentat ça l’arrange car ça remet une pièce dans la «guerre d’extermination.»

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Opinion
La guerre d'Israël à Gaza n'est rien d'autre qu'une guerre d'extermination

Ce n'est bien sûr pas la première fois dans l'histoire
qu'un régime met en place une communauté criminelle,
comme l'a décrit l'historien Adam Raz,
et l'étend à l'ensemble de la nation :
crimes de guerre, destruction des systèmes de survie,
massacre de 20 000 enfants.

Iris Leal, Haaretz, lundi 8 septembre 2025

Illustration 1

De la fumée s'élève alors qu'un immeuble résidentiel s'effondre
après une frappe aérienne israélienne, à Gaza, lundi.
Crédit : Mahmoud Issa/Reuters

Hagai, le père de l'otage Matan Angrest, m'a dit quelque chose de déchirant lors d'une manifestation mercredi. Cela résume bien la situation qui prévaut en Israël après 700 jours de guerre. Angrest a supplié le président d'accorder une grâce / un pardon à Benjamin Netanyahu pour libérer son fils, car il comprenait qui le maintenait réellement en captivité.

Amos Harel a récemment écrit que ceux qui travaillent en étroite collaboration avec Netanyahu sont depuis longtemps convaincus que le Premier ministre a perdu toute sensibilité à la détresse des otages et de leurs familles. On comprend alors qu'il a également perdu toute sensibilité à la mort des soldats dans la guerre qu'il refuse de terminer.

C'est précisément le type de violence que les dirigeants totalitaires du XXe siècle ont infligé à leur peuple. Netanyahu prétend qu'il tente de changer la position géopolitique d'Israël afin de renforcer sa sécurité, alors que ce qu'il veut changer, c'est la nature même de la société israélienne, lui infliger une lobotomie au scalpel qui touchera tous les domaines de la vie : l'éducation, la culture et la place de la religion dans l'État.

C'est également ainsi qu'il faut comprendre la décision de nommer David Zini, qui était auparavant trop messianique à son goût, à la tête du service de sécurité Shin Bet. Zini est un élément important de sa stratégie visant à changer fondamentalement les institutions de l'État et à démanteler toutes les normes sociales, comme le fait son ami Trump aux États-Unis.

Illustration 2

David Zini in Jerusalem in August.
Credit: Olivier Fitoussi

Netanyahou n'est ni messianique ni kahaniste. Il ne partage pas la même vision du monde que Bezalel Smotrich, Itamar Ben-Gvir ou Zini. C'est un dictateur. C'est lui qui est à l'origine de la réforme judiciaire et du projet d'imposer un régime militaire à Gaza, même s'il hésite encore à le mettre en œuvre.

À cet égard, il ne partage pas la même pathologie personnelle que les autres dictateurs. Le processus qui le conduit à devenir l'un d'entre eux se déroule sous nos yeux, mais il hésite. Il a du mal à se défaire de l'image qu'il a de lui-même et à s'habituer à ce qu'il est devenu. Il craint encore de bafouer totalement la loi et d'être traduit devant un tribunal international, mais il fait chaque jour un pas dans cette direction.

Et ceux qui lui ont conféré un pouvoir quasi total et l'ont aidé sont les forces modérées, libérales et dignes d'hommes d'État. Tout le monde, des ministres du gouvernement aux chefs de la défense, en passant par les soldats réservistes, qui protestaient contre lui quelques instants auparavant – et principalement Benny Gantz, Gadi Eisenkot, Isaac Herzog et une foule de politiciens. Ils sont devenus, sans le savoir, complices d'un crime.

Ce n'est bien sûr pas la première fois dans l'histoire qu'un régime construit une communauté criminelle, comme l'a décrit l'historien Adam Raz, et l'étend à l'ensemble de la nation : crimes de guerre, destruction des systèmes de survie, massacre de 20 000 enfants.

Illustration 3

Le député Gadi Eisenkot
et le président du Parti de l'unité nationale, Benny Gantz,
à la Knesset en mars.
Crédit : Oliver Fitoussi

Quiconque a pris une part active à cela ou a refusé de le dénoncer, quiconque a largué des bombes depuis les airs ou tiré des obus d'artillerie sur une caméra et anéanti une équipe médicale, est complice de cette communauté criminelle et n'a d'autre choix que de continuer à se battre.

Dans ma chronique de la semaine dernière, je me demandais comment il était possible qu'il ait encore des soldats pour cette guerre à laquelle personne ne croit. Voici la réponse. Aucune force significative n'appelle cela par son vrai nom : une guerre d'extermination.

Tout au plus, les gens parlent du « prix à payer pour mettre fin à la guerre », insistant pour qu'Israël puisse reprendre l'extermination des survivants de Gaza après le retour des otages.

Mais c'est un cercle vicieux. Alors que l'armée détruisait des immeubles de grande hauteur à Gaza, ses représentants ont déclaré aux familles des otages que l'opération mettait leur vie en danger.

Si le Hamas les assassine, Netanyahu accélérera le rythme de la destruction de la population de Gaza, et les soldats qui mènent cette mission croiront qu'il s'agit d'une juste punition pour leurs frères, ceux qu'ils ont enrôlés dans l'armée deux ans plus tôt pour sauver.

C'est la nature du piège criminel que Netanyahu a tendu à l'ensemble de la société. Ils doivent se battre jusqu'au bout pour une grande victoire qui n'arrivera jamais, ou jusqu'à ce que son destin soit celui d'autres dictateurs.

Iris Leal, 8 septembre, Haaretz, lundi 8 septembre 2025 (Traduction DeepL)

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