Hamon face à la victoire possible de la gauche
A quelques jours de la présidentielle, je voudrais intervenir une dernière fois pour signaler la responsabilité qui pèse sur les épaules de B. Hamon et, à travers lui, sur ce qu’il reste du PS. On ne sait pas encore qui, du quatuor de tête – Le Pen, Macron, Fillon, Mélenchon – fournira les deux prétendants à l’Elysée. Par contre ce qu’on sait, au vu des sondages multiples et qu’on le regrette ou pas, c’est que ce ne sera pas Hamon et, au contraire, que Mélenchon peut, mais peut seulement, y figurer et entrainer du coup la victoire de la vraie gauche.
Cette simple possibilité pourrait devenir une très forte probabilité si Hamon, se sachant battu par avance, se retirait in fine en faveur de Mélenchon, sur la base d’un contrat de gouvernement à venir, clairement à gauche, avec ses concessions réciproques. J’ai milité pour cette option dans la dernière période, tout en étant favorable au projet porté par Mélenchon et soutenu par le PCF. Leur union, vu les intentions de vote cumulées, garantirait à coup sûr une victoire au premier tour et donc une victoire finale, formidable, il faut le dire, face à ce qui nous attend dans le cas inverse.
D’où ma question : Hamon, quelle que soit l’estime qu’on lui porte, a-t-il conscience, au vu de la situation actuelle telle que les sondages la révèlent, de la responsabilité qu’il prend en refusant de se retirer en faveur de celui qui peut faire gagner une gauche clairement anti-libérale ? Quelles que soient ses arrière-pensées pour l’avenir du PS et le rôle qu’il entend y jouer, a-t-il conscience qu’il risque d’empêcher la possibilité d’une victoire promise à cette même gauche quand on additionne ses voix potentielles ? On verra ce qu’il en sera bientôt, mais il faudra inévitablement s’en souvenir : est-il animé par un idéal authentique et spécifique en faveur du peuple, même distinct de celui porté par Mélenchon et ses alliés communistes, ou poursuit-il une stratégie de carrière comme tant d’hommes politiques, fût-elle plus à gauche que celle de ses prédécesseurs dudit « PS » ? Dans les deux cas, rien n’explique qu’il fasse le jeu d’une droite libérale, quelle qu’en soit le visage : fascisant, néolibéral et catholique-intégriste ou libéral à la sauce moderne. On aura deviné les noms de ceux que je désigne ainsi.
Yvon Quiniou