On regarde ça comme un polar. Les personnages nous deviennent familiers. On écoute attentivement le président Courson, qui a la grande faculté de reformuler d'une manière limpide les questions alambiquées des députés. On essaie de deviner ce que cache le galimatia où se noient les réponses, ou les non réponses (à remarquer qu'à la question répétée de Fasquelle, et reprise par Morin, pourquoi ne pas avoir conseillé à Cahuzac de poser à UBS la question positive, "donnez moi des informations sur mon compte", seule manière d'obtenir rapidement la réponse, aucun n'a répondu de manière claire. Noyer le poisson, ça, ils savent) . On traque les mimiques, les gestes, les hésitations, qui révèlent bien des choses, ou rien du tout. Hélas, la caméra se borne à faire des gros plans sur celui qui parle. Les mimiques de ceux qui l'entourent auraient pourtant été intéressantes: assentiment, détournement de regard, moue, dénégation... Les personnalités se dévoilent. Pour cette seconde semaine, Mr Rioux, chef de cabinet de Moscovici, n'avait donc rien vu, rien su, rien communiqué. Les deux experts fiscaux, communs aux deux cabinets, économie (Moscovici) ET budget (Cahuzac), rien non plus.
L'après-midi, Mr Bézard, chef de l'administration fiscale, paraissait convaincant, sûr de lui. A l'entendre, l'administration fiscale est sans reproche dans la gestion de la crise. Par contre, la dame des impôts, Janine Pécha, dont on sent qu'elle connait bien son boulot, met à nu des choses incroyables: le dossier d'un député, Cahuzac, demandé par Bordeaux pour une étude approfondie, y reste 7 ans, "oublié", sans qu'aucune information ne revienne, sans que cela n'étonne personne. Cela semble courant dans cette administration.
On voit en arrière plan une dame sans tête, aux genoux roses, qui tweete d'une main habile. Un autre qui arrive bien en retard. Le déjeuner a changé les visages, allumé les trognes. Certains ont les yeux dans le vague.
Je ne sais pas encore ce qui va sortir de tout cela, mais peu à peu se tisse, se laisse lire, une trame, on voit comment ça fonctionne. L'administration, les cabinets, les experts, les impôts, les échanges entre les personnes... C'est un univers, au choix, kafkaien ou suffisamment alambiqué pour que puissent y dormir en paix les grandes dissimulations.