Capitale
Malgré l’ombre qui pèse, toujours rester debout
Dignes et responsables devant l’atrocité
Nous gagnerons la guerre. Nous irons jusqu’au bout
Ramenant pour Demain ce vent de Liberté.
Paris est un pari et sera Capitale
Du Monde des Humains aux lueurs bienveillantes
Malgré l’ombre qui pèse et les marques des balles
Toujours rester debout, pour un Monde qui chante.
14 novembre 2015, Les Gobelins,
Un matin d’après claque.
Soleil d’Automne
Un matin sans sommeil. Contempler l’Aube, encore.
Mon âme ensorcelée d’une étrange colère
Essaie de se reprendre et d’aller jouer dehors
Et profiter du temps, si beau, comme avant-hier.
S’échappant sans violence du café qui arrive
La vapeur traversée par le Soleil d’Automne
Ravit pour un instant mon regard en dérive
Recherchant les lueurs que Demain nous fredonne.
Nos peines, nos détresses s’expriment sans entrave
Aucune appréhension dans ces regards qui bravent,
Pluvieux et éperdus, l’atrocité du Temps.
Nos dieux et nos déesses sont autant que nous sommes
Ce Lieu est la Promesse de l’Avenir des Hommes
Tu sais, l’Hiver arrive. Et Demain le Printemps.
15/11/2015 – Le Bourget, Châtelet, Café République, avant la foule.
Même pas peur
La Place est occupée, toujours
Par la Mère de tous ces corps
Perdus, et jusqu’au point du jour
N’ayons pas peur de vivre encore.
Dans ce vacarme qui commence
Les yeux, par milliers se ressemblent
Déjà les clivants font outrance
N’ayons plus peur de vivre ensemble.
A leurs lâchetés qui explosent
Beaucoup trop d’entre nous exposent
Mille et une façons de fuir.
Affrontons-les ! Vivants ! Debout !
Allons enfants. Réveillons-nous.
N’ayons pas peur de réfléchir.
14/11/2015 – RER B, passant non loin du Stade de France.
15/11/2015 – Place de La République.
L'aube après la nuit
Les ombres et les cris des périodes obscures
Chefs-d’œuvre d'épouvante émanant des ténèbres
Forment des silhouettes, d’infâmes sinécures
Le faux par ses sanglots sait se faire célèbre
Au tout début de l'aube, l'heure où la nuit s'incline
Nous verrons ses agents ignorant la lumière
Nous scandant le scandale, escalade assassine
Car, oui, par leurs slogans, beaucoup sont morts hier
Blâmons ces idéaux, réprouvons ces apôtres
À chacun de leurs coups, nous mourons tous un peu.
S'enfuir et espérer encore et jusqu'à l'aube.
Revenir malgré soi jusqu'à ce quelqu'un d'autre
Criant, s'égosillant encore et jusqu'à l'aube.
À chaque être qui tombe, nous mourons tous un peu.
27 janvier 2012
Damas
Dans ce désert vivant aux légendes fécondes
Sur ce plateau chargé à la double prière
Raconte-moi l'histoire et l'avenir du monde
Toi qui demeureras riche de cet Hier
En bas de la colline s'effile une rivière
Du nom de Barada et dont la rive droite
Porte encore l'Antique à la triste bannière
Ton visage a pris cher et ton cavalier boite
Dissonance des chants et des incantations
Les murs et les murmures et les palpitations
Ne sont plus si tranquilles, ont perdu leurs tissus,
Leur or, depuis que tu ne te ressembles plus
Le jasmin et la rose, la quiétude et le verre
Ont déserté ces souks qui confondent les sens
Depuis que la folie ne connaît plus d'hiver
Dans cette poudrière balafrée d'espérances
La fraîcheur des sanctuaires de la Route des Rois
Carrefours éternels où l'on s'émerveilla
Citée dans tant de livres, n'est plus de premier choix
Si l'encens s'évapore, un jour il reviendra
Cité incrustée d'or, coriace conquise
Aux tisserands de soie et leurs regards pareils
À l'aurore assassine et dont on sait l'emprise
La chaleur, le mirage, écrasent le soleil
Comme si l'horizon voulait le retenir
Par peur d'un lendemain que l'on sait déjà pire.
Juin 2012, St Aubin Routot, Haute-Normandie
Haine
Tous ces gens qui sont morts et tous ceux qui mourront
Battus, déchiquetés, de te dédier leur gloire
Le feu beaucoup trop fort de la vénération
Décidée de là-haut, source du faux espoir
Tous ces gens qui ont tort et tous ceux qui tueront
Perdus, éparpillés, toujours en barricades
Tu sais, la course à l'or, c'est sans génération
Quels que soient sa couleur, son rythme et leur parade
Tous ces gens qui commandent et qui commanderont
Fichus, écarquillés, le nez dans la bassine
Torture étourdissante au massacre sans nom
Au départ du grand jeu, les folies clandestines ?
Je veux rêver plus fort et à d'autres veillées
Quand les faiseurs de vent s'agitent à crever
Chronique attendrissante à l'art contre–nature
Plus qu'un refrain crispant, une plaie qui suppure
Je veux rêver plus fort et à la vie qui erre
Au hasard des nuées, parfois au fond du seau
Des idées de ceux-là, qui pensent de travers
J'irai mourir de toi, le nez dans le ruisseau.
Avril 2012
ENSG, Vandœuvre-lès-Nancy
Contre le Front National
Entaille profonde
Alors que la nouvelle surgit avec vigueur
Savoir rester debout face à l’inattendu
Qui déforme la face et déchire le cœur.
L’impossible d’hier ne sera jamais plus.
Tu sais, cette nuit-là, j’ai entendu ton cri
L’assemblée tout entière a saisi ta douleur
Car de ta réaction nul n’a été surpris.
L’assemblée toute entière a compris ta douleur.
Savoir rester debout quand tout s’est effondré
Faire appel à l’essence ineffable de l’être
Seule une âme meurtrie ainsi peut le connaître.
Savoir rester debout quand tout s’est effondré
Pour protéger ceux dont le corps ne sait plus trop
Comment on fuit la peine, effroyable cachot.
05/03/2014
Les Gobelins
Devoir de Mémoire
Peut-on vraiment se souvenir
Des horreurs qu’ils avaient pu voir
Eux, vivant dans nos souvenirs ?
C’est là le Devoir de Mémoire.
Dans les yeux des gens, dans la rue,
Puis chez mes amis, mes parents,
Ce soupçon sera revenu.
Ce parfum des erreurs d’avant.
Tous les cent ans, c’est décidé,
Pour quelques dizaines d’années
Nous vivons sur des souvenirs
Toujours ils viennent à s’user
La haine finit par gagner
Et la guerre par revenir.
26/04/2015 – North Halsted Street, Chicago.
Éducation
Immense mosaïque de talents et de tares
Rendant la société aux multiples visages
Plus belle et plus capable que les capitulards
Rendons à notre France ses bien jolis présages
Des voyous de la rue aux infâmes vampires
Tous les déchets sont nés d'institutions malades
Dans nos grandes écoles, on apprend à mentir
Tant notre France change au son des jérémiades
Allons limer les dents des gros de la finance
Reprenons le contrôle des travaux chapardés
Ses vastes dérapages ont tué notre silence
Innovons, rendons drôle la fuite des rentiers
Immense mosaïque de talents et de tares
Qui en chaque personne mérite l'excellence
Reforgeons la stature avant qu'il soit trop tard
Ou demain le malade mourra de l'ordonnance.
16 septembre 2012
Nancy