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Billet de blog 15 janvier 2012

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« Le masculin l’emporte sur le féminin » : c’en est assez !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avez-vous lu l’article d’Anne Chemin, dans LeMonde.fr, Genre, le désaccord? Dans cet article, l’auteure (oui, je suis POUR la féminisation des noms de titres et de métiers) évoque la pétition Que les hommes et les femmes soient belles ! qui propose de remplacer la règle grammaticale d’accord Le masculin l’emporte sur le féminin par la règle dite de proximité , je cite : « un adjectif qui se rapporte à plusieurs noms, s'accorde avec le nom le plus proche »  règle dont je vous laisse imaginer les exemples possibles… Anne Chemin nous propose un article très documenté qui, à partir de l’historique de cette règle grammaticale, montre clairement comment la langue et la grammaire ont été façonnées pour inscrire dans l’esprit des gens la supériorité masculine.

La lecture des commentaires se révèle très intéressante. Même type de réactions que pour la campagne « Madame, Mademoiselle ».

Je passe sur les amorces de discussions d’ailleurs intéressantes portant sur l’impact des technologies numériques sur l’évolution de la grammaire.

Peu de réactions féminines, plutôt favorables d’ailleurs. Roudoudou souligne la façon insistante dont cette hiérarchie grammaticale, sans cesse répétée en classe, conditionne les petites filles . C’est le sens de mon premier commentaire à cet article dans lequel je rappelle la variante ambiguë s’il en est de cette règle grammaticale Le masculin embrasse le féminin. Beatrice Depari propose une réponse intelligente à ce sexisme de la grammaire ; je la cite :

« J'enseigne le français à des femmes étrangères. Je leur explique que, parfois, la langue va au plus simple et que, pour cet accord, la grammaire privilégie la forme la plus courte, celle qui économise un "e" à l'écrit et un son consonne final à l'oral. Bien sûr quand j'étais petite, on m'a fait répéter que "le masculin l'emporte sur le féminin" mais je me suis efforcée de trouver une autre formulation. »

Surtout, beaucoup de réactions masculines, plutôt énervées, à quelques exceptions près dont celle de JC Herrenschmidt qui pose la question « combien coûte à la République l'entretien de l'Académie française et de ses académiciens » !

Les réactions masculines montrent que l’habitus masculin (A moi, Bourdieu!) semble lui aussi imprégné par l’insistante répétition de cette règle grammaticale. Leur habitus intégrant l’idée de domination des hommes sur les femmes est une telle évidence que toute remise en cause les fait bondir. Ces combats féministes sont alors jugés dérisoires : "ce n’est qu’une convention" ; "Quelle perte de temps" ; "Je ne vois pas en quoi cet usage fait ombrage aux femmes.".  On les disqualifie en pratiquant la dérision : "Encore un débat urgent à se pisser dessus de rire" ; l'exemple d'une "cuitée deux jours et une nuit entière". On injurie les féministes "coupeuses de cheveux en quatre" sans oublier, bien sûr l’injure classique qui voudrait que les féministes soient TOUTES des lesbiennes, c’est-à-dire qu’elles ne seraient pas des VRAIES FEMMES, avec cette variante ici "lesbiennes progressistes et maoïstes"

Bon. En attendant, je me précipite pour la signer sur la fameuse pétition. Elle a déjà recueilli plus de 3600 signatures dont la mienne. Je vous laisse la découvrir et la signer, j’espère.

La pétition Que les hommes et les femmes soient belles ! http://www.petitions24.net/regleproximite

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3224.html

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