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Billet de blog 22 avril 2014

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Il y a 40 ans, le 25 avril, l'espoir était portugais...

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Eviter l'oubli comme la commémoration, ouvrir sur la remémoration et la réflexion politique sur un passé qui pourrait féconder le présent...

Cet évènement consacrant l'effondrement d'une vieille dictature fasciste que d'aucuns croyaient pérenne ne doit pas parler à beaucoup de jeunes adhérant au "présentisme" si prégnant dont nous parle François Hartog. Pourtant à l'école de Walter Benjamin, on doit pouvoir se dire que le présent n'a pas nécessairement soldé les comptes au détriment des deux autres paramètres de la trilogie temporelle que ledit présentisme prétend absorber à son horizon borné : le passé de cette révolution, malgré l'échec qu'elle a connu et dont l'actualité portugaise permet d'appréhender la dramatique portée, n'en a pas peut-être pas fini par passer. Qui sait même s'il ne pourrait pas ouvrir sur un futur autre que condamné à reproduire les prémices des échecs passés. Il faudrait pour cela sans doute que se reconstruise, tâche immense s'il en est, une option politique originale, s'émancipant par là de ce que la belle épopée de la phase ascendante de la révolution des oeillets pourrait mythifier, mystifier : ainsi la délégation de pouvoir faisant du MFA, depuis son indéniable rôle de catalyseur du processus, la réponse magique à ce que le mouvement autonome de la population avait du mal à structurer dans la course de vitesse engagée avec les forces malgré tout conservées de la réaction bourgeoise. Réaction bourgeoise qui, il faut bien le rappeler comme étant une des clés de l'échec, put compter sur ce jeu paradoxalement combiné entre, d'une part, un Parti Socialiste totalement engagé dans le projet que le processus révolutionnaire se mette au service d'une restauration moderniste du pouvoir de la bourgeoisie avec visée d'intégration à l'Europe et, d'autre part, un Parti Communiste entièrement subordonné au modèle stalinien d'un mouvement populaire à lui-même subordonner à l'idée de seulement créer un fort abcès de fixation anti-atlantiste au coeur européen de l'atlantisme, pour le grand bénéfice de la géopolitique d'une URSS apoplexique ! S'aidant, dans un cas, du lampédusien tout changer pour que rien ne change et, dans l'autre, du bureaucratique chevaucher le tigre jusqu'à l'épuiser, les deux grandes forces de gauche de ce pays auront contribué à affaiblir cette belle promesse des oeillets de 74 sans que l'on doive pour autant oublier la reponsabilité, dans cet échec, des forces qui, à l'extrême gauche, ne surent, ne purent (quel défi à relever après tant d'années de propagande et de répression fascistes !), éviter les écueils du spontanéisme et du sectarisme. Toutes choses dont nous parle avec précision Ugo Palheta dans l'article auquel nous renvoyons ci-dessous.

Serve ce retour en arrière à d'abord refuser le double piège de la commémoration épique, si tentante chez ceux que l'air du temps "hollandais" déçoit, et de la crucifixion condescendante de ceux qui sont revenus de tout sauf de l'acceptation de l'état (inacceptable) du monde. Puisse donc ce retour remettre au premier plan un legs révolutionnaire quelque peu enfoui mais à méditer pour que se construise un présent résolument ancré, paradoxe nécessaire celui-là, dans ce qui le rend irréductible à tout passé. Car seule une fidélité respectueuse mais sans révérence envers ce qui fut, peut maintenir le fil rouge du dépassement du capitalisme en un temps où le présentisme pourrait bien découvrir, à l'aune de l'exceptionnelle crise du capital, ses propres limites,  qui l'enserrent jusqu'à en faire un contre-feu à toute perspective de sortie alternative à ladite crise.

 Le 25 avril prochain, le Portugal fêtera le quarantième anniversaire de la « Révolution des œillets ». Dernier exemple d’un soulèvement populaire et radical dans le monde occidental, elle fit tomber la plus vieille dictature d’Europe et s’approfondit jusqu’à menacer le pouvoir de la bourgeoisie. Alors que l’offensive capitaliste s’accélère dans toute l’Europe, et en particulier dans les pays d’Europe du sud, c’est là un spectre bien encombrant pour la classe dirigeante portugaise et pour la troïka (Commission européenne, BCE et FMI), qui ne craignent rien tant qu’une irruption des classes populaires sur la scène politique et sociale.


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