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Billet de blog 25 janvier 2013

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Géorgie / Russie, un conflit brûlant sous la glace

Quand on ne trouve pas de solutions, après un état des lieux concocté studieusement par un rapporteur, ici une rapporteure, Tina Acketoft, parlementaire suédoise, on vote des résolutions. Toute l’élégance diplomatique du Conseil de l’Europe ne peut rien pour un règlement politique. On se concentrera donc sur les aspects humanitaires, situations douloureuses issues des conflits entre le géant russe et la modeste Géorgie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand on ne trouve pas de solutions, après un état des lieux concocté studieusement par un rapporteur, ici une rapporteure, Tina Acketoft, parlementaire suédoise, on vote des résolutions. Toute l’élégance diplomatique du Conseil de l’Europe ne peut rien pour un règlement politique. On se concentrera donc sur les aspects humanitaires, situations douloureuses issues des conflits entre le géant russe et la modeste Géorgie. La dernière guerre –on préfère aujourd’hui le terme de conflit– en 2008 a entraîné de nouvelles migrations de population, encore une fois. Pas de murs entre les deux antagonistes, juste une zone tampon, fortement militarisée des deux côtés et qu’on s’accorde à appeler ligne de démarcation administrative, LDA, « à passage très difficile ».

Petit rappel

Chrétienne dès le IVe siècle (religion d’Etat), la Géorgie antique devint un royaume florissant  qui fut mis à mal par de multiples invasions et finit par éclater en diverses entités sous l’influence des Ottomans et de la Perse. S’ensuivit le chaos dans tout le Caucase, instabilité qui profita à l’empire russe au XIXe siècle. Après une courte période d’indépendance sous le nom de République Démocratique de Géorgie, ce fut la période soviétique, le pays devenant l’une des 15 républiques de l’URSS.

Retour à l’indépendance en 1991 avec les troubles graves dont notamment le séparatisme de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, aujourd’hui républiques autoproclamées indépendantes, reconnues par la Fédération de Russie.

La dernière guerre, pardon le conflit, y installa des troupes de « protection » russes considérées évidemment par les Géorgiens comme des troupes d’occupation. Là réside le délicat problème politique qui échappe au Conseil de l’Europe. Celui-ci s’attache surtout à réparer les dégâts « collatéraux » humanitaires : indemnisations, retour des personnes déplacées, relogement des habitants qui ont fui, santé publique, éducation des réfugiés…


Avec un regard plus avisé, on ne peut oublier, en filigrane, l’importance de la « route des hydrocarbures » du nord de la Mer Noire vers le Moyen-Orient. Un peintre caricaturiste, Shota LeLadzé qui expose devant le Palais de l’Europe, s’en amuse avec une tristesse cynique (photo ci-contre). Et pourtant…

Le président Saakachvili, à l’ouest de l’Ouest 

Depuis le 1er octobre 2012, la Géorgie connaît à son tour la cohabitation : l’opposition, avec le parti Rêve géorgien conduit par le milliardaire M. Ivanichvili, a gagné les élections législatives et réclame le départ du président Saakashvili, chef du Mouvement National Uni, au pouvoir depuis 9 ans mais battu dans un scrutin mixte alliant circonscriptions et listes. L’église orthodoxe semble avoir soutenu les vainqueurs, en représailles à une loi adoptée en 2011, accordant les mêmes droits à toutes les minorités religieuses.

Par ailleurs, tout en promettant une poursuite du processus largement engagé par le président sortant, M. Ivanichvili tient à garder de très très bonnes relations avec la Russie. Mais l’Occident ne trouvera jamais chez lui une volonté aussi marquée que celle du président qui n’hésite pas à aspirer avec détermination à l’adhésion à l’Otan et à l’Union Européenne –ce statut renforcerait la position de la Géorgie face à son puissant voisin. Son discours devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a été une véritable déclaration d’amour pour ces institutions : « Le long héritage de l’homo sovieticus a été surmonté » et cela  grâce « à une révolution mentale ». Et il rend un hommage appuyé au Conseil de l’Europe qui, par ses résolutions réitérées, a favorisé l’expérience démocratique qui n’aurait pas survécu sans cela.

Mais c’est surtout pour obtenir le soutien d’une nouvelle résolution en faveur des populations victimes de la guerre qu’il est venu plaider.

La question est délicate dans une assemblée où sont représentées les parties qui s’opposent –ici la Géorgie et la Russie– sur le terrain. Le Conseil de l’Europe fait donc figure d’ambassadeur de bonne volonté, rôle dans lequel il excelle avec une efficacité fluctuante. Forcément.

C’est dans cet esprit de conciliation que cet ultra-occidental compte, au moins dans un premier  temps, voir s’assouplir la rigidité de la ligne de démarcation administrative pour que les réfugiés puissent renter chez eux ou voir leurs parents restés de l’autre côté et qu’on vienne en aide aux réfugiés .

La couche incandescente de la guerre, que recouvre une résignation glaciale des deux parties imposée par la communauté internationale (UE en 2008, avec le président Sarkozy à sa tête), fait l’objet d’une requête inter-étatique de la Géorgie contre la Russie devant la Grande Chambre de la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg. On peut en accélérer l’audition avec des chances d’application de l’arrêt probablement difficiles à suivre pour la Russie et le danger du retour aux armes. Surtout pas !

Antoine Spohr.

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