RAPPORT DE LA FONDATION BILL CLINTON POUR LA PAIX (FBCP) SUR LA SITUATION DRAMATIQUE ET CATASTROPHIQUE DES CONDITIONS DE VIE DES PRISONNIERS DU CENTRE PENITENCIER ET DE RÉÉDUCATION DE KINSHASA (CPRK)
On n’a jamais vu au monde des prisonniers militaires condamnés à mort régner sur des prisonniers civils. Qui sont ces condamnés à mort ? Ce sont des grands criminels, des assassins, des bandits de grands chemins, qui ont tué hors prison et une fois condamnés et emprisonnés, ils y règnent en maîtres et y sont en quelque sorte réhabilités. Ils sont maintenant considérés comme des grands messieurs au CPRK, rançonnant les prisonniers nouveaux venus en leur exigeant 50, 30 ou 20$ pour qu’ils puissent être exemptés des travaux forcés auxquels sont contraints tous les nouveaux arrivants, sans compter les traitements inhumains et dégradants auxquels ils les soumettent jusqu’à les faire plonger nus dans des fosses septiques de la prison.
Pendant le 1er jour de leur incarcération, les nouveaux arrivants au CPRK passent la journée entière sans manger et sont contraints d’exécuter des travaux forcés sans aucun repos. Que font ces grands condamnés militaires au CPRK alors qu’il existe la prison pour militaires de NDOLO ?
Phénomène récidiviste
Le pavillon 6 abrite un cachot surnommé « MABELE », regorgeant plus de 180 prisonniers récidivistes qui y dorment superposés jusque dans les installations sanitaires (WC), sans aération convenable à une bonne respiration. Chaque fois qu’il y a augmentation du nombre des prisonniers récidivistes, de nouveaux cas de décès sont enregistrés au sein de ce cachot. Le prisonnier militaire grand condamné répondant au nom de PAMS KINDUKU, le terrible chef d’Etat-major Général, y règne en maître absolu.
Quitter ce cachot privé des récidivistes est conditionné par le paiement d’au moins 80$ et le transfert pour un autre pavillon par 50$.
Pas de place convenable pour dormir ; les prisonniers peuvent y passer au-delà de 5 mois dormant en position assise ou debout, en se relayant minutes après minutes. Deux prisonniers, anciens enfants de la rue surnommés « Chégués », font la loi dans ce cachot interne MABELE. Dès votre arrivée, ils vous fouillent en vous extorquant tout ce que vous possédez. Si vous êtes « Chégués » comme eux, vous êtes les bienvenus sinon bienvenu les tortures et autres traitements inhumains et dégradants.
Du système général de torture au CPRK
Il existe un comité d’encadrement au CPRK. Il est dirigé par un commandant général et son adjoint dont : KATENDE (Militaire) et l’ADM EMOMO.
A un échelon inférieur, nous avons l’Etat-major Général dirigé par le Chef EMG : PAMS KINDUKU (grand condamné militaire) suivi de l’ADM : EMILE KASEKE (grand condamné).
Dans chaque pavillon règne un gouverneur et ses deux adjoints suivis d’un comité. Chacun des précités rançonne les prisonniers à son tour selon leur organisation. Un système de tortures est bien organisé, chaque jour après 15h00’, les travaux de vidange des fosses septiques sont exécutés à mains nues, sans que les exécutants ne prennent un bain après, dormant avec les corps badigeonnés d’excréments. Quel traitement ! Tout se passe sous l’œil complice et complaisant du Directeur Chef d’établissement pénitencier CPRK, nous citons Monsieur DIDO KITUNGWA. C’est lui qui gère les rapports des pavillons par le truchement des agents prisonniers commis à tous ces postes ci-haut cités, en lieu et place des agents formés et compétents du Ministère de la Justice, engagés pour assurer ces services : nous prenons comme exemple de Chefs des bâtiments et des surveillants. Le Directeur DIDO profite de ce désordre qu’il a sciemment organisé afin que les agents du Ministère de la Justice ne puissent prester convenablement leur service.
Conditions sanitaires
- Le nombre de prisonniers par chambre a dépasse la limite du tolérable. Cette promiscuité des pensionnaires est source des transmissions des maladies par les agents vecteurs tels que les poux (sur les murs et les habits), les cafards, les rats, les cancrelats, les moustiques. De grâce, pour leur hygiène corporelle, la Croix-Rouge remet un bloc de savon de 150 g à chaque prisonnier pour 1 mois, ce qui n’est pas suffisant. Alors quel est le rôle de l’Etat Congolais ?
- Les installations sanitaires sont insalubres, ce qui est à la base des diverses maladies infectieuses au CPRK.
- Nous y trouvons un dispensaire qui n’existe que de nom car ne contenant aucun médicament. Les prisonniers malades n’y vont dans la plupart de cas que pour trépasser. Il est pratiquement difficile aux prisonniers malades d’obtenir une autorisation de sortir pour aller se faire soigner ailleurs.
- Les prisonniers du CPRK font l’objet d’une malnutrition en qualité et en quantité. Tous les jours, les cuisiniers leur préparent l’unique repas constitué des haricots mélangés à des grains de maïs secs, pratiquement indigeste. Les prisonniers qui n’ont pas de privilège d’être visités par leurs familles et proches n’ont pas de choix, ils le mangent.
- Construite par les belges pendant la colonisation et améliorée par la suite sous le règne du Président défunt Maréchal MOBUTU Joseph Désiré, la prison CPRK ex MAKALA est devenue trop vieille et risque de voir ses bâtiments tomber dans un proche avenir.
Nous citerons l’exemple du pavillon 11, où est emprisonné l’ancien Procureur Général de la Haute Cour Militaire, le Colonel ALAMBA, qui a vu son plancher littéralement tombé au 2ème étage.
Pour cause, la surpopulation ! D’après les colonisateurs belges, chaque pavillon devait accueillir au total 300 personnes.
Aujourd’hui, à titre d’exemple, le pavillon 5 abritant l’acteur de l’opposition politique en RDC, Monsieur Gabriel MOKIA, enregistre un total de 1.154 prisonniers. Au moment où nous couchons ces lignes sur papier, l’effectif de prisonniers se présente comme suit : nombre total des prisonniers 6.059 dont 5.117 civils et 942 militaires (sans tenir compte de la prison militaire de NDOLO) parmi lesquels 1.798 condamnés et 4.261 prévenus.
La répartition par pavillon est la suivante :
- Pavillon 1 : 118
- Pavillon 2 : 251
- Pavillon 3 : 845
- Pavillon 4 : 1.276
- Pavillon 5 : 1.154
- Pavillon 6 : 1.201
- Pavillon 7 : en réfection
- Pavillon 8 : 54
- Pavillon 9 : 113 (femmes)
- Pavillon 10 : 452
- Pavillon 11 : 597
Total : 6.059
De la procédure judiciaire
- Les avocats n’ont pas accès facile à leurs clients prisonniers sauf dans la grande salle où l’avocat n’est pas autorisé de permettre ce dernier d’effectuer un appel téléphonique sous peine de voir son téléphone confisqué par les membres du comité d’encadrement, prisonniers grands condamnés.
- Les parquets ou les tribunaux utilisent les prisonniers pour extraire leurs semblables pendant les audiences publiques, travail qui devait être normalement exécuté par les agents du ministère de la justice.
- Les membres du comité d’encadrement du CPRK interdisent aux prisonniers d’utiliser les stylos du papier pour écrire ne fut ce que un adresse à un tiers.
- Les procédures judiciaires sont trop lentes et ne suivent pas souvent leurs cours normal. Nous observons beaucoup d’irrégularités. Les exemples des prévenus ayant totalisé plus de 3 ans sans être jugés, sont légion.
- Les cas des détenus militaires sont très préoccupants. Comme exemple, certains militaires de l’ex branche armée du MLC (Mouvement de Libération du Congo) de Jean Pierre Bemba, arrêtés depuis 2002 jusqu’en 2006, y croupissent sans être jugés jusqu’alors.
- Le cas du Docteur civil MUKASSA, arrêté et incarcéré au pavillon I depuis 2005 sans qu’il ne puisse être informé des raisons de son arrestation et de son incarcération jusqu’à présent par le Tribunal Militaire.
- L’exemple d’une femme congolaise répondant au nom de JEMIMA KASONGO, résidant à Cotonou, était arrêté à l’ANR (Agence Nationale de Renseignement) pour avoir rendu visite à Monsieur Gérard MAPELA détenu dans leur cachot. Cette dame gardée au pavillon 9 depuis l’année passée.
- Officiellement, la somme exigée pour l’obtention de la liberté provisoire est fixée à 1800 FC soit 20$ US à payer à la banque, alors que nous assistons à une exagération sur ce montant dans les parquets si bien civils que militaires, ce qui bloque plusieurs détenus en prison.
- Nous ne passerons pas sous silence les mauvaises conditions de travail des magistrats qui ont pour conséquences la souffrance des prisonniers.
Recommandations au Gouvernement Congolais
Nous recommandons au Gouvernement à travers son ministère de justice :
- de séparer les condamnés et les non condamnés militaires des civils
- d’accélérer les procédures judiciaires en RDC
- de mettre sur pied une formation professionnelle pour l’encadrement des détenus et des condamnés au sein de la prison centrale CPRK en remplaçant par les agents du Ministère de la Justice qualifiés dans ce domaine.
- d’améliorer les conditions de vie des prisonniers en respectant les droits fondamentaux de l’homme dans sa dignité et dans son droit à une santé et une alimentation suffisante en qualité et en qualité.
- d’assurer la gestion au quotidien de prisonniers et de veiller à leur sécurité et à leur intégrité physique.
- de mettre fin aux mouvements des grands condamnés militaires au sein du comité d’encadrement qui y entretiennent des désordres.
- Le gouvernement doit tout faire pour améliorer les conditions de vie des prisonniers dans tous les centres pénitenciers à travers la RD. Congo.
A la section des droits de l’homme de la MONUSCO, nous recommandons la neutralité pour la protection des victimes et l’efficacité sur terrain.
A l’Union Africaine de veiller à ce que les prisons africaines respectent les normes internationales et qu’elle puisse se départir de sa politique de défendre les régimes dictatoriaux en Afrique en privilégiant la souveraineté des peuples africains.
Fait à Kinshasa, le 11/09/2012
Pour la FBCP
Jean-Claude MASSAMBA
Président National
FBCP
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Kinshasa/RD. Congo