
Je te salue ô Croix, mon unique espérance !
« Sans serais-je chrétien, si les chrétiens l'étaient vingt-quatre heures par jour. » a dit le Gandhi. Il est clair qu'en politique l'idéal chrétien a été représenté ces deux dernières décennies par l'ex Président vénézuélien Hugo Chavez, quoi qu'on en dise. Les politiques vont eux aussi au Paradis… C’est ce que dit le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints au Vatican. Ce n’est pas un hasard si Paul VI a parlé de la politique comme de «la plus haute forme de charité»
En tant que catholique, la mort de Hugo Chavez et l’émotion que cette disparition ont suscité dans le monde, ne peut qu’interroger chacun de nous : nous les catholiques, sommes-nous toujours au service du progrès de l’humanité ? Voici quelques réponses catholiques à ces interrogations :
1. Certains occidentaux ont-ils raison de condamner Hugo Chavez au nom de la démocratie ?
La démocratie n’est pas non plus parfaite. Il suffit de se rappeler le simple fait qu’Adolf Hitler a été élu démocratiquement… l’Église, comme dit le défunt Pape Jean Paul 2 dans son encyclique Centesimus annus, respecte l’autonomie légitime de l’ordre démocratique et n’a aucun titre pour préférer l’une ou l’autre solution institutionnelle. En France, certains cercles en veulent au ministre des Outre-mer, Victorin Lurel pour avoir dit en tant que représentantant de François Hollande aux obsèques du Président Chavec : «le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez, puisqu'on prétend que c'est un dictateur». Eu égard à la réserve affichée par les grandes puissances occidentales, dont l'exécutif français, depuis le décès du charismatique et controversé président vénézuélien, cette petite phrase du ministre des Outre-mer, n'a pas à faire autant de bruit. A notre humble avis.
2. L’Eglise Catholique pourrait-elle canoniser Hugo Chavez un jour ? Les causes de canonisation des hommes politiques sont-elles plus compliquées que les autres?
Elles ne sont pas en elles-mêmes plus compliquées. L’Église catholique ne canonise pas un système politique mais la personne qui a pratiqué héroïquement les vertus et qui, donc, dans le domaine spécifique de la politique, a agi en conformité avec la foi, avec une véritable compétence et dans la recherche continuelle du bien de la société et non de ses propres intérêts.
La plus grande complexité peut provenir, comme d’ailleurs dans d’autres causes, du fait qu’il s’agit de politiques dont l’activité a eu une résonance au niveau national ou international. Dans ce cas, il faut situer la personne dans son contexte historique et social, tandis que dans d’autres cas – que l’on pense par exemple, à une mère de famille qui a vécu sa vie quotidienne dans un milieu géographique étroit – une description plus générale du milieu dans lequel le candidat à la canonisation a passé sa vie sera suffisante.
3. Il est possible pour les hommes politiques d’être aussi des saints
Pour nous les catholiques, l’appel universel à la sainteté regarde évidemment aussi les hommes politiques. Le Concile Vatican II le dit dans la constitution apostolique Lumen gentium: «Il est donc clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité». Qu’ensuite l’appel se réalise, c’est un autre pas. L’activité des politiques doit être au service du bien commun. Il est donc évident que ceux qui l’exercent peuvent se sanctifier et que l’activité politique elle-même peut et doit être sanctifiée. Il faut donc se réjouir si beaucoup de laïcs y participent activement, selon leur situation et leurs possibilités. Oui, ce n’est pas un hasard si Paul VI a parlé de la politique comme de «la plus haute forme de la charité», indépendamment du jeu des intérêts et de la théorie du Prince de Machiavel.
4. La politique est aussi l’art du compromis. La sainteté et le compromis sont sans doute compatibles
L’usage du mot “compromis” peut prêter à confusion. Il pourrait en effet être compris comme une sorte de marchandage qui se ferait éventuellement au détriment de la vérité et de la justice. Et s’il en était ainsi, toute la classe politique serait automatiquement disqualifiée. Il est vrai, cependant, que dans l’activité politique, il n’est presque jamais possible d’atteindre tous les buts qu’on se propose. Il faut dire avant tout que Dieu a établi un ordre de l’univers qui est régi par la loi éternelle ou droit naturel, mais qu’il a voulu, à l’intérieur de ce cadre, la collaboration libre et responsable des hommes, selon ce que leur dicte leur conscience formée de façon droite, pour porter à terme dans le temps l’œuvre de la création. L’observance de la loi naturelle et la liberté responsable des particuliers sont donc des éléments inséparables et constituent, ensemble, le statut voulu par Dieu pour l’action du chrétien dans le temporel. Si la solution de tous les problèmes possibles était préétablie, il n’y aurait plus de liberté et donc plus de dignité pour l’homme. On ne pourrait plus non plus parler d’Histoire mais seulement de déterminisme rigide. Cela dit, quand il y a plusieurs options légitimes, personne n’a le droit de tenter d’imposer aux autres ses propres opinions, et il faut arriver à une décision qui soit le résultat d’une confrontation honnête et approfondie des différents avis.
5. Le saint patron des politiques chez les catholiques est saint Thomas More mais il n’est pas utile de penser que le martyre est l’unique voie politique pour devenir saint…
Les politiques, même ceux qui aspirent à la sainteté, peut être tranquilles. Il n’est pas nécessaire qu’ils aspirent au martyre… N’importe quel fidèle chrétien qui s’est consacré à la politique peut être déclaré saint. Je considère personnellement que Thomas More aurait pu être canonisé même s’il n’avait pas été martyr. Il est donc inutile de se laisser assassiner pour devenir un saint catholique.
Bruno Ben MOUBAMBA
bruno@moubamba.com