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Billet de blog 16 avril 2013

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Mariage pour tous. Qui veut du sang ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'opposition bataille depuis six mois contre l'extension du mariage aux couples homosexuels. C'est son droit comme c'est le droit de la majorité parlementaire élue il y a moins d'un an de voter les lois correspondant à son programme. Les activistes prétendent qu'on ne les écoute pas. D'autres peuvent avoir l'impression qu'on n'entend qu'eux. On a lu des dizaines d'articles et des livres. On a entendu leurs interventions sur les ondes et leurs discours et on en parle tant que certains peuvent avoir l'impression que l'activité gouvernementale se résume à cela. Ajoutons que ce projet de loi n'est pas une lubie française. Depuis six mois, trois ou quatre pays ont rejoint la dizaine de ceux qui ont déjà pris une semblable mesure.

Les opposants au projet de loi n'ont pas convaincu. Les trois sondages réalisés par l'Institut français d'opinion publique (IFOP) pour le journal catholique Le Pélerin puis pour le site d'information Atlantico montrent une proportion de Français favorables au projet progressant jusqu'à 66% en février. En dépit de leur nombre, les manifestants et les pétitionnaires sont minoritaires.

Cela ne les empêche pas de se considérer comme "La France", porteurs de "La Loi naturelle", ce qui les dispense de respecter l'opinion des Français et leurs représentants élus.

Depuis une quinzaine de jours, le ton change. Le vote de la loi par l'Assemblée nationale et le Sénat, a accentué leur violence. Des bandes organisées s'attaquent aux journalistes, harcèlent hommes et femmes politiques favorables au projet.

La manifestation du 24 mars a vu les participants accompagnés de jeunes enfants pris en otage par des organisateurs provoquant des heurts avec la police. Le changement du calendrier de l'Assemblée nationale est qualifié de coup d'état alors que la France entière réclame la fin rapide d'un débat qui tourne au ridicule. Depuis lors, il semble n'y avoir plus de limite à la violence du discours :

 - Lundi 8 avril, deux jeunes homosexuels sont violemment agressés en pleine rue à Paris

 - Vendredi 12 avril, Frigide Barjot déclare "François Hollande veut du sang, il en aura !"

 - Samedi 13 avril tôt le matin, Samuel Lafont un porte-parole des opposants reçoit des coups de couteau au cours d'une rixe sans rapport avec son activité politique. Aussitôt Philippe Gosselin, député UMP de la Manche, se demande publiquement si François Hollande veut la guerre civile tandis que Christine Boutin renchérit dans un twitt : "la guerre civile est en marche".

 - Mardi 16 avril, c'est l'Archevêque de Paris qui interprète le projet de loi comme une disparition des "moyens d'identification de la différence dans les relations sociales" et qui ajoute "... la compression de la frustration débouche un jour ou l'autre sur la violence...". En d'autres termes, l'ouverture du mariage aux couples homosexuels ferait perdre ses repères à la population et la pousserait à la violence.

Ce même jour, en réaction à l'attentat de Boston, Laurent Wauquier demande l'arrêt du processus parlementaire relatif au Mariage pour tous afin de débattre de la sécurité en France : "Je demande, et ça serait incompréhensible que ça se passe autrement, qu'il y ait un changement dans l'ordre du jour à l'Assemblée nationale".

o        o

Que cherchent tous ces bons apôtres qu'on nous présente comme des "modérés" ?

Ce sont eux notamment l'Église catholique, qui ont lancé le mouvement contre le Mariage pour tous. Ce sont eux qui l'enveniment depuis des semaines, qui ont offert un tremplin aux ligues intégristes, qui contestent la légitimité du débat démocratique et la souveraineté qui s'exprime dans le vote des parlementaires. Si le discours de l'Archevêque de Paris avait été prononcé par un imam  saoudien, comment serait-il jugé ?

Quelles dérives violentes couvrent-ils par avance ?

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