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Billet de blog 18 janvier 2013

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Le TRAITE de l’ELYSEE, POUR MOI JOUR de DEUIL, EIN TRAUERTAG,

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le TRAITE de l’ELYSEE, POUR MOI JOUR de DEUIL,  EIN TRAUERTAG,         

                                                                                                                         Le 18 janvier 2013

Aujourd’hui 18 janvier, c’est le jour du 68 anniversaire de la mort à 30 ans, que dis-je, de l’assassinat de mon père,( ermordet) le 18 janvier 1945 in Südostpreuβen,  d’un crime  de guerre et d’un crime contre l’humanité par l’incorporation de force de  masse dans l'armée allemande  de citoyens français sous la contrainte de représailles sur les familles prises en otages en cas d’insoumission ou d’évasion de leurs fils ou de leurs filles, les spoliations, les déportations, les travaux forcés, la peine capitale, les emprisonnements, les tortures, les exécutions, la germanisation et la nazification.

Ces crimes ont été qualifiés comme tels par le T.I. de Nuremberg et reconnu IMPRESCRIPTIBLES, de même que les réparations, par l’ONU et la CEDH

Si la Bundesrepublik reconnait l’incorporation de force, elle refuse de la qualifier de crime de guerre et de crime contre l’Humanité, contre le droit des gens, des personnes protégées par les conventions internationales comme celles de la Haye de 1899 et de 1907, interdisant aux forces d’occupation d’obliger des populations civiles à participer à leurs efforts de guerre.

Dans ma famille quatre jeunes incorporés de force sur cinq, entre 20 et 30ans, ont perdu une vie pleine d’espérances. Certes leur salut eut été dans la fuite, mais pas celui des membres du clan familial (Sippenhaft). Nos héros se sont eux car ils nous ont  protégés et sauvés, servant aussi de boucliers humains à toute une région qui sans leur sacrifice eut été rayée de la carte.

RECONCILIATION oui, AMNESIE non,

Le 22 janvier, lorsque nos élus(es) seront rassemblés au Bundestag, (l’ex. Reichstag) et au Bundesrat, pour les festivités du 50è anniversaire du traité de l’Elysée, sera pour moi un JOUR de DEUIL, ein TRAUERTAG!

Si la main tendue a d’abord permis la réconciliation des élus, des élites et des marchands, elle a aussi eu des conséquences négatives. En effet elle a  encouragé l’amnésie quant aux conséquences pour les familles, les veuves, les orphelins, plongés dans le dénuement, par la mort  programmée de 40 000 Alsaciens-Mosellans, le GENOCIDE d’une GENERATION, par un Etat souverain plébiscité par tout un peuple.

La VVH, la Valeur de la Vie Humaine d’un Alsacien – Mosellan,

un SOUS-HOMME, ein UNTERMENSCH !

Jamais depuis, si ce n’est une aumône de 2 800 DM, soit 1 387€ versés aux incorporés de force survivants ou à leurs familles au milieu des années 1980, l’Allemagne n’a adressé un mot, une lettre, une demande de pardon, une invitation à une commémoration, une bourse d’études pour les orphelins ou une aide pour une formation qualifiante dont furent exclus une majorité d’entr’eux, contraints d’accepter, pour faire vivre la famille, des travaux pénibles ou peu valorisants dès l’âge de 12 à 14 ans !

Cette obole, versée également aux veuves, l’Allemagne et la Fefa en ont fait une indemnisation pour  un solde de tout compte. André BORD, le Président de la Fefa l’a qualifiée de «  grande générosité de l’Allemagne » et Berlin, de « moyens financiers substantiels », « erheblichen finanziellen Mitteln », ce qui fait qu’elle en devient insultante, la VVH, la Valeur de la Vie Humaine d’un Alsacien – Mosellan étant jaugée comme celle d’un SOUS-HOMME, ein UNTERMENSCH  du temps d’Hitler.

            Comme PONCE- PILATE,

 Jamais ces Politiques ne se sont préoccupés de nos souffrances, de nos préjudices sur le plan moral, psychologique et matériel par l’absence d’un père. Nous avions tout perdu, son affection et son soutien pour la vie durant, l’entreprise, le commerce, l’exploitation agricole, la maison familiale, les ressources pour survivre pour nos mères. Ils ne se sont jamais souciés de la douleur constamment présente de nos mères, comme celle de la mienne restée veuve, avec en sus l’opprobre de nos compatriotes par les 40 millions de héros et de résistants, voire collabos contents de se faire oublier, suite à l’horrible massacre d’Oradour par les Waffen SS Das Reich que l’Allemagne a refusé d’assumer et d’extrader les criminels responsables.

Grâce à ce traité de l’Elysée, l’Allemagne, sa Chancellerie, son BMF, son Ministère des affaires étrangères, son Ambassade à Paris etc. et surtout son Bundestag qui a rejeté à 5 reprises toutes nos propositions, suite à une correspondance depuis 1998 de plus de 70 lettres, requêtes, rejets, appels, toutes ces autorités, (deutsche Stellen), se sont conduits comme Ponce-Pilate et ont tablé sur une immunité ainsi que sur l’extinction de notre génération.

UN ETAT COLLABO

 Quant à la France, s’agissant de ses responsabilités, elle est frappée d’Alzheimer. Pour la justice administrative et le Conseil d’Etat, oubliée la honteuse collaboration, les exactions de la Milice envers les Alsaciens-Mosellans non- rentrés après l’évacuation de 1939/40, celles de la LVF qui ont coûté la vie à des milliers des nôtres parmi les 10 000 portés disparus assassinés par vengeance par les Russes ou les partisans. Cette collaboration fut qualifiée avec raison, d’abandon, de trahison, d’ignominie, de déshonneur par Nicolas SARKOZY le 8 mai 2010 à Colmar…, Ce discours historique devant la Nation, le Conseil d’Etat a refusé d’en tenir compte ! Que vaut la parole d’un Président de la République ?

Un ETAT HYPOCRITE

FRANCE notre PATRIE, POURQUOI TOUS CES ABANDONS ?

Où était la mère Patrie en 1870, en 1940, en 1942 et après guerre dans les horribles camps russes ? Aux abonnés absents !

« France notre Patrie, pourquoi as-tu si souvent abandonné tes Citoyens d’Alsace-Moselle ? Pourquoi as-tu oublié et refoulé ta responsabilité dans notre tragique destinée, à Nous les Orphelins d’un crime de guerre et d’un crime contre l’Humanité perpétrés par l’Allemagne nazie encouragée par ta honteuse collaboration avec nos ennemis d’alors ?

 La justice administrative, pour nous exclure des décrets JOSPIN de  2000 et RAFFARIN de 2004 indemnisant des orphelins juifs (42  dispositifs depuis 1945) et les orphelins de résistants, du fait de persécutions et de barbarie nationale socialiste, font de nos pères des soldats citoyens ordinaires « morts aux combats, lors d’opérations de guerres dans le strict cadre d’un conflit entre Etats ou d’un état de belligérance », comme s’ils étaient tombés en 1940, ce qui aurait pu être leur cas ! Les persécutions, l’oppression, la barbarie, les 40 000 morts* ou portés disparus, les 30 000 blessés, les 10 000 invalides, une illusion ?  * 30% soit 10 fois plus que les Américains(3%)

Je viens d’adresser une lettre ouverte à Angela MERKEL, à François HOLLANDE et à une centaine d’élus ou de responsables politiques des deux côtés du Rhin. Qui répondra ?

 Nous n’abandonnerons pas ;

 Seule consolation, la réalisation de notre projet d’un MUR des NOMS, présenté à G. SCHRÖDER le en juin 2000, aux collectivités territoriales d’Alsace-Moselle en mars 2002, bien accueilli par elles, même si le chemin a été long, puisqu’il y en aura deux, l’un à Schirmeck, l’autre à Gravelotte. Là aussi l’Allemagne a refusé par son Bundestag en sept. 2007, après 7 années de tergiversations, d’apporter sa contribution financière. Pourtant elle ne nous a jamais rendu les corps. Nous tendions la main, pas la sébile !

Cordialement,  Bernard ERNEWEIN, Président Fondateur de l’Association OPMNAM, Orphelins de Pères ‘’Malgré-Nous’’ d’Alsace-Moselle.          b.ernewein@wanadoo.fr               

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