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Billet de blog 21 juillet 2015

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La Russie : un État fasciste mutant.

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Interview donné par Andrei Piontkovsky à la station radio canadienne « Radio de la Foi », le 17-07-2015.
Paul. Nous avons contacté Andrey Piontkovsky, journaliste russe, militant politique, ancien membre du conseil fédéral du mouvement « Solidarité » et scientifique célèbre. Andrei, bonjour.

Andrei Piontkovsky. Bonjour.

Paul. Nos auditeurs vous connaissent et vous estiment. Je vais vous poser leurs questions. Nous avons accès à l’internet russophone. Nous suivons de prés les événements qui surviennent sur le territoire de l’ancienne Union soviétique. Ici, au Canada, vivent des gens originaires de l’ex-URSS et d’Israël. Aujourd’hui, écrire à propos de la politique russe, c’est comme débroussailler un terrain en friche ! Il se passe tellement de choses. Parfois, cela ressemble au théâtre de l’absurde qu’il est très pénible de ne pas commenter d’une part et d’autre part, problématique à commenter ouvertement. Parce que, si on n’est pas d’accord avec la position du pouvoir russe, on peut se retrouver en prison. On vous traitera de cinquième colonne et on viendra vous narguer sous vos fenêtres. N’avez-vous pas peur ? Pourquoi ne fuyez-vous pas ? Comment vous sentez-vous aujourd’hui en Russie ?

Andrei Piontkovsky. Quand je dis que la politique étrangère du régime de Poutine est tout simplement la copie exacte de la politique étrangère des années 1930 d’Hitler, en particulier le concept du monde russe c’est-à-dire le droit du Kremlin de protéger non seulement les citoyens de Russie, mais aussi toutes les personnes qui parlent russe ou qui sont d’origine russe comme vous et nos auditeurs, que celles-ci requièrent, oui ou non, la protection de Poutine, on me rétorque : « Vous vivez tranquillement à Moscou. Allez à l’étranger ! »

Je répète une fois de plus que nous sommes en présence d’un État fasciste mutant symbiotique, dont la politique étrangère est hitlérienne et la politique intérieure de type mussolinienne. Sous Mussolini, en 20 ans, quelques milliers de personnes ont été arrêtées et une centaine a été exécutée. Chez nous, officiellement la peine de mort a été supprimée, mais des personnes sont assassinées comme récemment mon collègue Boris Nemtsov. D’autres sont emprisonnées. Il y en avait autant en prison sous le régime fasciste italien.

On m’a fait un procès qui a duré trois ans. On m’a accusé d’extrémisme. Le tribunal m’a acquitté. Cela fut une petite victoire de la liberté d’expression en 2009. Peut-être, voilà pourquoi on ne m’attaque plus.

Paul. Andrei, avez-vous eu envie de quitter la Russie ? Beaucoup le font. Ils sont par exemple à New York, d’où ils mènent des activités d’opposant.

Andrei Piontkovsky. J’ai vécu et travaillé à Washington 4 ans, de 2005 à 2009, dans le célèbre centre d’analyse « Institut Hudson ». Ce fut pour moi une expérience très intéressante et importante. Mais je suis un homme qui écrit en langue russe. Je parle assez bien l’anglais, et ai essayé de traduire mes écrits. Des traducteurs professionnels m’ont aidé. À la fin, je me suis rendu compte que pour le lecteur américain, j’étais intraduisible et pour les lecteurs russophones américains il est inutile de me traduire. La majorité de mes lecteurs vit en Russie.

Paul. En ce qui concerne les lecteurs russophones. Aujourd’hui, toute page russe située sur internet est visible en tout point du monde. Tout ce qui se lit en Russie peut être lu à l’étranger. Vous avez dit que le gouvernement actuel russe vous rappelle celui des régimes fascistes. La centaine de millions de personnes vivant en Russie est-elle donc aveugle et ne voit-elle pas ce qui se produit ?

Andrei Piontkovsky. Tout d’abord, ce chiffre officiel de 84 % d’approbation en faveur de Poutine, récemment il avait atteint le niveau absolument fantastique de 91 %, ne veut absolument rien dire. Les sondages d’opinion dans les régimes totalitaires et autoritaires n’ont aucun sens. Ceausescu avait 97 % d’avis favorables deux jours avant que lui et sa femme ne soient abattus comme des chiens au fond d’une cour. Jugez par vous-même ! Un habitant de Moscou, assis dans son appartement, est soudainement appelé au téléphone. On lui demande : « Êtes-vous pour ou contre Poutine ? » L’expérience de ces 100 dernières années s’est infiltrée dans les gènes de la population. Il est préférable de répondre calmement : « Oui, je suis pour Poutine. » C’est plus sûr. Donc, ces chiffres ne veulent rien dire. On peut mesurer le soutien ou l’absence de soutien à Poutine selon d’autres indicateurs. Par exemple, il y a eu trois « Marches pour la Paix », soit contre la guerre en l’Ukraine, à Moscou. La dernière malheureusement s’est transformée en marche d’adieu à Boris Nemtsov et de protestation contre son assassinat. Selon les différentes estimations, il y a eu de cinquante à cent mille personnes. Pour ma part, je pense que soixante-dix mille personnes étaient présentes. Est-ce peu ou beaucoup ? C’est beaucoup, parce que dans le même temps, les autorités ont tenté d’organiser un rassemblement en faveur de Novorossia et du Donbass. Elles avaient des moyens plus grands. La télévision a fait campagne en faveur de leurs manifestations. Ils ont fait venir des « vedettes », y compris des criminels de guerre, ceux qui ont fait toutes ces abominations au Donbass. Mais si l’administration du président ne s’était pas impliquée, plus de cinq mille personnes ne seraient pas venues. Ils ont agi comme pour toutes les initiatives en faveur de Poutine en réquisitionnant les bus, trains, en mobilisant les étudiants et fonctionnaires. À Moscou, il y a beaucoup plus d’opposants contre la guerre en Ukraine que de partisans. Bien sûr, beaucoup des gens sont trompés par cette propagande, et une majorité de la population a immédiatement soutenu l’annexion de la Crimée. Ceci est un cas particulier. Mais le tout est beaucoup plus compliqué. Je vous assure que la guerre avec l’Ukraine est catégoriquement rejetée par la majorité de la population. Voilà pourquoi, d’une manière terriblement secrète, l’État emprisonne les gens. Ils ont tué Nemtsov parce qu’il préparait un rapport sur la guerre en Ukraine. Le plus grand secret d’État est le nombre de militaires russes et de supposés « volontaires » russes tués en Ukraine.

Paul. Andrei, si les gens sont contre la guerre en Ukraine, pourquoi les mères de soldats décédés n’avouent-elles pas que leurs enfants ont été tués en Ukraine ? Pourquoi disent-elles qu’ils ont démissionné de l’armée et qu’ensuite ils se sont portés volontaires pour aller en Ukraine ? On ne voit pas de manifestation massive ni de contestation civile. Tout le monde observe tranquillement les événements.

Andrei Piontkovsky : Vous avez raison, il n’y a pas de manifestation. En général dans tous les pays, 80 % de la population, au Canada même, est politiquement indifférente. Toujours, la bataille politique réside dans l’affrontement entre minorités actives. Je pense que dans les années à venir, le sort de la Russie ne sera pas décidé par des millions de personnes, mais par l’affrontement de ces minorités actives, principalement dans la capitale Moscou.

Paul. Je constate, en outre, qu’il n’y a pas de manifestations de masse, comme vous venez de dire. Voilà encore un autre aspect intéressant : indépendamment des sanctions internationales, dans les magasins russes on dit qu’il y a peu de choses à acheter parce qu’il y a un embargo sur l’importation de produits étrangers, une très forte inflation et la hausse des prix. Néanmoins, l’internet russe est dominé par les nouvelles en provenance d’Ukraine. Tout serait mauvais en Ukraine, les Ukrainiens sont malheureux, etc. Il est nécessaire de protéger nos frères dans l’est de l’Ukraine. Quel est ce phénomène ? Pourquoi l’homme russe qui ne vit pas si bien que cela, ne s’intéresse-t-il pas à ses propres problèmes ? Pourquoi est-il soucieux, avant tout, de ce qui se passe en Ukraine ou en Amérique ?

Andrei Piontkovsky. Ceci est le revers de la médaille et une parodie de la « réactivité mondialiste » de l’homme russe, tel que l’a écrit Dostoïevski. Il s’intéresse toujours pour savoir si la vache du voisin a crevé ou pas. Cela est typique pour la grande majorité de la population. Mais si vous suivez l’internet, vous devez savoir que la plus grande partie de l’internet politique russe, c’est de la propagande. Avez-vous entendu parler des robots Olginskaya ? Olgino est un quartier à Saint-Pétersbourg. Des centaines sinon des milliers de personnes y sont employées. Leur tâche est de publier des fausses nouvelles sur l’Amérique et l’Ukraine. Il y a des maîtres de l’art pour cela. Il m’est difficile de savoir si nos maîtres culturels, qui organisent des hystéries quotidiennes à la télévision, font cela pour de l’argent ou à cause des cafards impériaux qui courent dans leur crâne. Difficile de savoir. Je dois néanmoins dire que cette nostalgie impériale n’est pas générale en Russie. Elle est uniquement typique de l’élite politique russe. En ce qui concerne les positions de dirigeants de l’opposition, que ce soit Navalny ou Khodorkovski, leurs opinions sont assez controversées en ce qui concerne l’Ukraine et la politique russe au Caucase. Elles ont un large arrière-goût impérial. Non  pas parce qu’elles sont populaires et qu’ils désirent plaire aux électeurs, mais parce qu’elles reflètent les sentiments d’une société privilégiée, celle de la soi-disant élite politique dont ils font partie « de facto ».

Paul. Si nous parlions d’élite et de politiciens ? On a refusé l’entrée en Europe, Amérique du Nord à de nombreux membres de cette élite. Comment réagissez-vous à la dernière déclaration de Iosif Kobzon, député de la Douma d’État et artiste, qui a dit à plusieurs reprises que nous n’avons pas besoin de l’Occident ? Nous nous en sortirons tout seuls. Mais hier ou aujourd’hui, il a demandé à M Poutine de l’aider afin d’aller à l’étranger, à mon avis, en Allemagne, pour subir un traitement. Cela a provoqué un large débat sur internet. Que pensez-vous de cela ? Voilà bien une opinion contradictoire.

Andrei Piontkovsky.  Il n’y a pas de deux points de vue différents d’une seule et même personne. Il s’agit du comportement unique d’un même scélérat. J’utilise ce terme, non pas émotionnellement, mais dans un sens technique, parce que Kobzon est l’un des auteurs, initiateur de la loi dite des « scélérats ». Elle est ainsi appelée sur Wikipedia. Cette loi, adoptée il y a deux ans, interdit aux Américains et autres occidentaux d’adopter des orphelins russes. Les Américains étaient autorisés à adopter des enfants que personne ne voulait adopter ici. Des enfants qui étaient condamnés à mort, à une mort douloureuse dans ces camps de la mort que sont nos orphelinats. Kobzon est personnellement responsable de la mort de ces enfants qui avaient déjà fait connaissance et été choisis par des parents. Ils vivaient avec cet espoir de partir pour se faire soigner. Et maintenant, vous voyez, Kobzon a aussi des problèmes de santé. Je n’ai aucune sympathie pour Kobzon. Kobzon est un salaud. Il a sur les mains le sang et sur la conscience la mort de ces innocents.

Paul. À propos des stars de la pop russe, il y avait un film très populaire sur YouTube, une vidéo de Zadornov concernant la tragédie du « Boeing », dans laquelle ont péri 300 personnes. Zadornov suggère que Jen Psaki, le porte-parole de la Maison-Blanche, aurait déclaré que l’avion s’est écrasé parce qu’il était plus lourd que l’air. En fait, ces paroles ont été prononcées il y a cinq ans par le procureur russe de la ville de Pskov, mais ils ont été attribués à Jen Psaki aujourd’hui. Dites-moi, rire du malheur des autres, ceci est-il nouveau ou ancien ?

Andrei Piontkovsky : Il y a des gens différents. Il y avait le maniaque Chikatilo, qui a mangé cent cinquante personnes. Il y a longtemps que sa haine de l’Occident, en particulier de l’Amérique, a rendu fou Zadornov. J’ai examiné très attentivement cette vague de haine envers les États-Unis. Elle s’enfle. Ce n’est pas une vague venant d’en bas qui oblige les politiciens à réagir. C’est une vague délibérément gonflée d’en haut par les médias télévisés.

Paul. Andrei, cela vous surprendra, peut-être, mais des gens, qui ont aussi une attitude négative envers l’Amérique, vivent aussi ici, à Vancouver, au Canada et aux États-Unis. Nous avons des gens, qui parlent en russe, et qui souhaitent vous poser des questions. Ils croient ce que dit le présentateur de télévision russe Kiselev. Ils soutiennent Poutine et croient qu’on l’insulte injustement. Vous avez vécu à Washington. Avez-vous rencontré des gens qui ont le même point de vue ?

Andrei Piontkovsky. Il y a une telle catégorie de personnes aux États-Unis et dans la communauté russe de ce pays. Mais elles sont une minorité. Elles se définissent très bien de par leurs préférences politiques aux États-Unis. 70 % de la colonie russe vote en masse pour les Républicains. Mais, cet élément, dont vous parlez, est également présent. Ce sont des gens qui maudissent l’Amérique, qui ont de l’affection pour Poutine. Malgré cela, ils n’ont aucun désir de changer leur lieu de résidence et d’aller vivre dans leur Russie chérie de Poutine, pour l’aider à se redresser. Cette position leur donne une satisfaction psychologique. Ils jouissent de tous les avantages de la vie civilisée au Canada, aux États-Unis, et de plus cela leur donne un bonus impérial : ils appartiennent à la grande Russie, qui s’est dressée au-dessus de ces « Pindos » (terme péjoratif pour désigner des non-Russes) et de ces « sous-pindos » canadiens.



Paul. Andrei, quelle est votre position par rapport à la Maison-Blanche ? La Russie a accusé Obama de tous les maux. Pour avoir imposé des sanctions économiques, il serait responsable du non-paiement des pensions de retraite et de bien d’autres choses. D’autre part, l’Ukraine a déclaré que les États-Unis ne remplissent pas leurs obligations imposées par le Mémorandum de Budapest selon lequel les États-Unis se sont engagés à garantir l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ils ont peu fait pour la Crimée, par exemple. Pensez-vous que Barack Obama a agi suffisamment ou bien que le nouveau président en fera beaucoup plus ?

Andrei Piontkovsky. Tout d’abord, permettez-moi de mettre Obama entre parenthèses et de parler de la réaction des États-Unis dans son ensemble. Nous devons être réalistes et ne pas exiger trop de choses de l’Occident. Je vais vous dire qu’aujourd’hui, la réaction de l’Ouest est beaucoup plus sévère et efficace que je l’avais prévu il y a un an. Telle est la nature de l’Occident démocratique. Il ne s’engagera jamais le premier à combattre en Ukraine. Cela, malgré le fait qu’il s’agit d’une violation flagrante du Mémorandum de Budapest. Rappelons que la Fédération de Russie est aussi garante et signataire de cet accord. En annexant la Crimée, la Russie a violé plus d’une douzaine de traités par lesquels elle s’était engagée. Dés le premier jour de la crise, Obama puis le secrétaire de l’OTAN ont déclaré que l’Ukraine n’était pas membre de l’OTAN. Donc il ne peut être question d’une intervention militaire de l’OTAN en Ukraine. Par contre, l’Estonie et la Lettonie sont membres de l’OTAN et il est à souhaiter que l’organisation atlantique n’ait pas à intervenir militairement pour défendre ces pays comme l’oblige l’article cinq de ses statuts, car le concept du « Monde russe » menace l’Estonie et la Lettonie. Ce concept, proclamé par Poutine dans son célèbre discours du 18 mars en Crimée, est une copie exacte du discours du chancelier Hitler après l’adhésion de la région des Sudètes. Cette conception s’étendra à toutes les minorités ethniques russes situées à l’étranger, dont l’Estonie et la Lettonie. La Russie a fait le chantage nucléaire contre l’Occident. Il s’agit des  menaces incessantes de le transformer en cendres radioactives, de disposer nos lance-missiles « Iskander » dans la région de Kaliningrad, argumentant que ces derniers ne craignent pas les sanctions. Le calcul était le suivant. Il a été déclaré ouvertement : « Pour nous, c’est plus important d’agresser l’Ukraine que pour vous de la protéger. Nous ferons donc monter les enchères. Vous allez trembler de peur, vous ferez la grimace et à un certain moment vous vous dégonflerez. Et si nécessaire, nous enverrons nos hommes verts en Estonie. Selon le cinquième article de l’OTAN, vous devez les défendre. Il est clair que l’OTAN et l’armée des États-Unis sont plus fortes que la nôtre. Nous vous déclarons que si vous aidez l’Estonie, nous utiliserons nos armes nucléaires ». Telle était la stratégie politique et psychologique. C’est la psychologie des voyous de la rue qui tirent le couteau pour faire fuir les garçons intelligents. C’est la psychologie de Poutine qui lui a été inculquée depuis son enfance. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le chantage nucléaire a échoué. Les Américains n’ont pas seulement dit qu’ils étaient prêts à défendre les États baltes, la Pologne, la Roumanie, mais ils l’ont montré en envoyant sur place leurs troupes et matériels militaires. La réponse donnée au chantage nucléaire de Poutine est la suivante : « Nous allons remplir nos obligations en vertu de l’article cinq des statuts de l’OTAN ». En ce qui concerne le soutien à l’Ukraine, malgré tous les discours de Moscou disant que nous n’avons pas peur des sanctions, les sanctions économiques sont très efficaces. Regardez ce qui s’est passé avec le rouble, regardez tous les autres indicateurs de l’économie russe ! Obama s’oppose au  Congrès en refusant d’envoyer jusqu’à présent en Ukraine des armes létales, notamment des missiles antichars. Cela pourrait prévenir une nouvelle avancée russe. Mais, d’autre part, Obama et les dirigeants européens ont fermement déclaré qu’à la moindre escalade militaire, une offensive de Poutine vers Mariupol par exemple ou une tentative d’ouvrir un corridor reliant la Crimée à la Russie territoriale, des sanctions beaucoup plus sévères seront mises en œuvre avec vente d’armes létales à l’Ukraine. Ce sont des mesures, des actions et des mots très efficaces. Mon opinion est confirmée par ce qui se passe à Moscou. Nous vivons tous encore dans une même ville. Nous savons ce qui s’y passe et ce qui s’y dit, y compris derrière le mur d’enceinte du Kremlin. Aujourd’hui, Moscou ne poursuivra pas l’escalade militaire. Elle en comprend les risques incalculables associés. Pour ces raisons, je pense que dans son ensemble, la réaction de l’Occident, son assistance politique, morale, militaire et économique à l’Ukraine a été efficace. Et ici, nous devons rendre hommage au Canada qui a été l’avant-garde de ce soutien.

Pavel. Andrei, le Canada a été le seul pays développé qui a imposé des sanctions à « Gazprom ». À ma connaissance, personne n’a encore osé imposer des sanctions à l’encontre de la plus grande société d’État russe.

Vitali veut nous poser des questions. Bonjour Vitali.

Vitaly. Bonjour. Andrei, bonjour. J’ai une question pour vous à propos des sanctions. Bien sûr, tout cela est triste parce que le monde est étroitement lié et nous avons besoin de coopérer, comme l’on dit. Pensez-vous que cette bousculade peut faire bouger la Russie ? En quoi les pommes des provinces russes sont-elles pires que les pommes polonaises ou norvégiennes ? Peut-être que cela provoquera en Russie une tentative de créer une économie et d’aller de l’avant. Ceci est ma première question à propos des sanctions. Le deuxième concerne le régime de Poutine. Si vous considérez le régime de Poutine, il y a quelque chose de différent par rapport aux années 90. Entre un président ivrogne et un président judoka, il y a une différence. Et ma troisième question concerne Kiev. Pouvez-vous, en tant que citoyen russe, aller à Kiev, parler russe, arborer le ruban de St George et tout simplement vous promener et dire que vous êtes russe, sans vous faire tabasser ?

Andrei Piontkovsky. Je vais commencer par la troisième question. Je ne porte jamais le ruban de St George. Parce que maintenant, ce ruban, symbole de l’honneur militaire, est devenu celui de l’agression, de la bêtise et du mépris pour ses voisins. Il est le symbole des crimes de guerre, des bourreaux, assassins, des exécutions effectuées par ces personnes portant ce ruban. Je voyage régulièrement à Kiev, à Lvov. Je n’y ai aucun problème lorsque je parle russe. Kiev est une ville russophone. À Lvov on entend parler russe partout. Je ne sais pas d’où vous obtenez ces idées. Par ailleurs, je peux vous dire que j’ai toujours aimé me rendre à Kiev dans les années 1990 et 2000.

 Peut-être dirai-je des choses politiquement incorrectes et pour cela, je serai critiqué. Je me sens plus à l’aise à Kiev qu’à Moscou en tant que russe et slave, car le discours russe y était beaucoup plus correct et intelligent. Moscou, malheureusement, comme la plupart des villes européennes et certaines villes canadiennes, est devenu une mégapole peuplée avant tout par des représentants du Tiers-Monde. À Kiev, il n’y a pas de problème et il n’y en aura jamais avec la langue russe ni avec la population russe. En outre, la majorité des Russes soutient l’État ukrainien. L’Ukraine peut remercier Poutine, car enfin une nation s’est créée. Elle ne repose pas sur des critères ethniques, mais sur un base politique et civile ayant fait le choix européen. Et ceci avec la langue russe. Maintenant, examinons ce qui lui est opposé ! Il y a deux erreurs lorsque l’on juge Poutine. La première consiste à dire qu’il y avait en Russie une démocratie parfaite avant lui. Poutine est arrivé et puis tout se serait effondré. Cela n’a aucun sens. Il y a un autre point de vue, tout aussi absurde. Il y avait l’affreuse oligarchie d’Eltsine. Mais une personne merveilleuse, judoka, joueur de hockey, agent secret a établi une véritable économie de marché. C’est un mensonge. Le régime de Poutine est un prolongement organique du régime d’Eltsine. Il ne vient de nulle part. Il a été imposé par six personnes, les plus proches collaborateurs d’Eltsine : Dyachenko, la fille d’Eltsine, son gendre Yumashev, Tchoubaïs et deux oligarques, Berezovsky et Abramovitch. Poutine a été mis en place pour protéger l’oligarchie. Tous vivent très bien aujourd’hui, sauf Berezovsky qui s’est pendu. Mais cela a été son choix personnel. Poutine a rempli toutes ses obligations envers la famille Eltsine et tous les autres oligarques, à l’exception d’un ou deux avec qui il est rentré en conflit personnel. En outre, ces mêmes personnes ont déclenché la guerre en Tchétchénie, ont fait exploser des maisons à Moscou en 1999, afin de rendre populaire et faire élire Poutine, ce personnage inconnu. Cela, afin qu’il défende leurs milliards. Poutine a changé qu’une chose : il a amené avec lui tout un tas d’oligarques originaires du KGB. Donc le Poutinisme est la prolongation tout à fait naturelle et organique du système oligarchique d’Eltsine. Je pense que j’ai répondu à tous.

Paul. Qu’en est-il des sanctions ?

Andrei Piontkovsky. Demandez cela à ma femme. C’est elle qui fait les courses. Elle me dit que les prix ont augmenté de 50 %. À Moscou, 80 % de la nourriture était importée. Bien sûr, il aurait été bon d’avoir du saumon Extrême-Orient, des pommes de la région du Kuban. Pourquoi tout cela n’a-t-il pas été fait en 25 ans ? Parce que nous avons un système oligarchique qui ne permet pas de vivre aux  petites et moyennes entreprises. Dans notre pays, il n’y a aucune institution garantissant la propriété privée. Nous avons un système féodal. La propriété est dépendante des rapports du propriétaire avec l’administration et de sa relation avec le gouvernement. À tout moment, cette propriété peut lui être retirée. Le propriétaire d’une compagnie pétrolière peut perdre son bien si sa relation avec le président s’envenime (Youkos par exemple). Le fermier peut se voir retirer son exploitation si ses relations se détériorent avec la police locale. Et ce ne sera pas l’apparition de sanctions qui va modifier cet état de fait en ce qui concerne les produits produits agricoles, par exemple. Il s’agit de produits saisonniers. Afin qu’ils fassent leur apparition sur les étalages, des conditions favorables sont nécessaires, des infrastructures, des équipements de traitement, de stockage, etc. Cette année, et pour les années suivantes. Aussi, je ne sais pas si au Canada vous savez cela, mais les sanctions les plus désagréables ne sont pas les sanctions occidentales, mais les contre-sanctions alimentaires prises par Poutine pour punir les mauvais Européens. Il a déclaré un embargo sur l’import en Russie de denrées alimentaires, dont certains produits de première nécessité. Tout comme les enfants malades, abandonnés dans les orphelinats russes, ont été condamnés à mort uniquement parce que Poutine voulait se venger des États-Unis en représailles de « loi Magnitski », du nom de cet avocat tué par des criminels dans une prison russe.

Paul. Andrei, vous vous rappelez des attentats du FSB en 1999. Yuri Felshtinsky est l’auteur d’un livre sur ces explosions. Il a participé à nos émissions. Deux questions. Premièrement, croyez-vous qu’un jour il y aura un procès pour juger ces personnes qui ont organisé ces attentats ? La deuxième question concerne le projet de tribunal international pour juger la tragédie du Boeing malaisien abattu au Donbass et dans laquelle 300 passagers ont péri. La Malaisie et les Pays-Bas ont demandé la création de ce tribunal. D’après vous, pourquoi la Russie est-elle contre ce tribunal ?

Andrei Piontkovsky. Parce que c’est la Russie qui a commis ce crime. Les Néerlandais ne le cachent plus. Ils en parlent presque ouvertement, de façon informelle. Tout le monde le sait. Ils connaissent les noms de tous les soldats qui ont servi l’installation « Buk » envoyée par la Russie au Donetsk. Ils ont commis ce crime et puis sont retournés en Russie. Les Néerlandais ont même les photos de tous les militaires de cette unité. Dans les premiers jours, il a été possible de recueillir sur internet et dans les réseaux sociaux un grand nombre d’informations. Par ailleurs, tous les bandits du Donetsk, y compris l’équipe servant ce « Buk », se vantent de leurs crimes. Ils se sont faits photographier posant avec les oreilles de prisonniers ou sur fond de ce lanceur de rockettes « Buck » avec les mots suivants : « l’oiseau est tombé », etc. Tous les exécutants sont connus, du commandant de l’installation jusqu’au chef d’état-major et commandant général russe. Naturellement, Moscou a crié pendant un an : « C’est le fait des Ukrainiens ». De plus, dans son idiotisme, notre propagande a soutenu au cours d’une même émission que le Boeing a tout d’abord été abattu par des avions ukrainiens et ensuite détruit par une installation « Buk » ukrainienne. Pour cette raison, ils ne veulent pas d’une enquête internationale. S’ils veulent, ils bloqueront cette résolution au Conseil de sécurité de l’ONU. Alors, la décision de la mise en place de ce tribunal international sera posée à l’Assemblée générale de l’ONU. En ce qui concerne les explosions qui ont eu lieu à Moscou, ce sera comme avec les crimes staliniens ou hitlériens. Ceux-ci ont été publiés après la chute de ces régimes. Cela arrivera un jour.

Paul. Beaucoup parlent du début de la troisième ou quatrième guerre mondiale. Je sais que vous avez dit que la guerre était déjà terminée. Rassurez-nous ! On dit que la plupart des armes nucléaires russes sont entre des mains incertaines et elles pourraient être utilisées pour des raisons obscures.

Andrei Piontkovsky. Les armes russes sont entre les mains de l’élite dirigeante au comportement irresponsable. L’irresponsabilité a été le chantage nucléaire de Poutine qui s’est prolongé une année entière. Poutine connaissait ses anciens partenaires du G8. Il savait qu’ils sont indécis, réticents à prendre des décisions rationnelles, incapables d’effectuer des démarches complexes. Il a adopté avec succès la stratégie du dictateur nord-coréen Kim Jeng Il. Il semble que lui aussi ait un surplus de déchets nucléaires, qu’il agite sans cesse, menaçant l’Occident, la Corée du Sud ou le Japon. Ainsi, il force l’Occident à le nourrir et à lui fournir une assistance économique. Le grand « Krim Pout In » a voulu l’imiter, menaçant l’Occident avec ses armements nucléaires, le contraignant à pactiser avec son agression en Ukraine. Mais le but principal était d’effectuer la même agression à l’encontre des États baltes, c’est-à-dire humilier l’OTAN. Si l’OTAN ne se précipite pas à la rescousse des États baltes, alors quel est le sens de son existence ? Cela signifie la fin de l’OTAN, la fin de la solidarité occidentale, la fin de l’Amérique en tant que puissance mondiale. L’Occident a mis fin à ce chantage par sa réaction. Poutine, lui-même et toute sa bande ne sont pas prêts à mourir sous le feu nucléaire. Ils désiraient uniquement effrayer l’Occident avec leurs armes nucléaires.

Paul : Pensez-vous qu’une bombe nucléaire pourrait être utilisée, en Ukraine ou ailleurs, à titre exemplaire ?

Andrei Piontkovsky : Dans ce cas, l’élite russe périra tout simplement avec des millions d’autres citoyens de Russie. Cela ne leur convient pas. Ils n’ont la passion d’un Kim Jong Il, heureusement ! N’oubliez pas qu’ils sont multimilliardaires. La fortune personnelle de Poutine est environ deux cents milliards de dollars. Quand Kim Jong Il possédera de telles armes nucléaires, nous pourrons craindre que l’histoire de l’humanité touche à sa fin. Mais, Dieu merci, ce ne sont pas des fanatiques religieux, juste de très gros escrocs, des voleurs, des gangsters. Mais ils veulent vivre. Ils veulent bien vivre. Ils désirent jouir de tous les privilèges accessibles à ceux qui possèdent des dizaines et des centaines de milliards de dollars. Et ils les ont ! Je tiens donc à rassurer le public canadien.

Paul. Vous avez récemment déclaré dans une interview que ce n’était pas, en fait, la troisième, mais la quatrième guerre mondiale. Celle-ci est terminée et il n’y aura très probablement pas de nouvelles flambées de violence.

Andrei Piontkovsky. La troisième a été la guerre froide. La Russie l’a perdue. Elle a voulu se venger et prendre sa revanche qui s’est transformée en cette quatrième guerre hybride et virtuelle. Elle a brandi ses reliques nucléaires pour intimider la galerie occidentale. Elle s’est ainsi vengée de sa défaite subie lors de la troisième guerre (froide) mondiale.

Paul. Nous avons beaucoup parlé, mais il y a encore des questions. Ici, nous avons encore Michael. Il veut vous poser une question.

Michael. Bonjour. Comment savez-vous que la fortune de Poutine est de deux cents milliards de dollars ? Tout compte fait, personne n’a pu les trouver.

Andrei Piontkovsky. Je vais vous dire. Lisez donc le livre de Belkovski, publié en 2007, mon article sur le sujet, les rapports de Nemtsov ! Mais surtout, lisez ce livre. Il décrit la structure de la fortune de Poutine. Elle n’est pas au nom de Poutine, mais de Timchenko, son ami de longue date, citoyen finlandais qui vit en Suisse. C’est la société Gunvor qui a exporté 60 % du pétrole russe pendant 10 ans. C’est une partie des actions de Surgutneftegaz et de Gazprom. Voilà la structure que détient Poutine personnellement. En 2007, elle était estimée à près de 54 milliards de dollars. Le chiffre, qui est discuté aujourd’hui, c’est la valeur actuelle de l’action. Si vous êtes intéressé par d’autres sources officielles concernant la fortune de Poutine, je peux vous renvoyer à M. David Cohen qui récemment était encore vice-ministre des Finances et chef du renseignement financier des États-Unis. Il a été interviewé en direct le 3 mai 2014 par Fareed Zakaria (Newsweek International) qui lui demanda : « Connaissez-vous la situation personnelle de Poutine ? ». Il a répondu : « Oui, très bien. » Quelques mois après, il a été nommé directeur adjoint de la CIA où il a mis en œuvre ses connaissances acquises au poste de chef du renseignement financier. Il y a un mois, Poutine a reçu deux lettres personnelles. Son porte-parole Peskov en a parlé très franchement. Vous pouvez prendre connaissance de leur contenu sur internet en spécifiant une référence à Peskov, ou un lien vers Piontkovsky. Il s’agit de lettres au style très formel dans lequel ont été posées à Poutine des questions sur ses activités criminelles dans les années 1990 et 2000, à Saint-Pétersbourg, à Moscou. Il a accumulé l’essentiel de sa fortune durant ces années. Ces questions ont été préparées par deux avocats de journaux très respectables afin de se garantir d’éventuelles poursuites en diffamation. La loi exige qu’une personne soupçonnée de délits soit invitée à commenter des projets d’articles afin que son avis puisse être exprimé dans l’article. Les deux lettres se terminent par la phrase type : « Si vous ne répondez pas dans les trois prochains jours, nous supposerons que vous avez refusé de répondre ». Ce n’est pas du bavardage. Il s’agit d’un travail d’analyse sérieux sur l’état de la fortune de Poutine. Nous en connaîtrons le résultat dans un proche avenir.

Paul. Andrei, comment vont se développer les événements dans l’est de l’Ukraine ? Poutine rendra-t-il la Crimée ? Le président russe mime qu’il est important. Est-ce le cas ? On dit que derrière lui il y a quelqu’un d’autre. Primakov est mort. Mais en fait, Primakov dirigeait la Russie dans l’ombre. Quel sera l’avenir de Poutine ?

Andrei Piontkovsky : Primakov n’était pas le dirigeant occulte de la Russie. Il était un apparatchik communiste lâche, critiqué par les gens qui ont porté Poutine au pouvoir. Beaucoup s’en souviennent. Il a refusé de se présenter aux élections présidentielles après les émissions de télévision du tueur Dorenko.

Quant à l’Ukraine, j’en ai déjà partiellement parlé. Poutine ne fera pas d’escalade militaire parce que lui et tout son entourage sont parfaitement conscients de toutes les difficultés qu’ils rencontreront. Ils perdront tout leur argent et leur bien, leurs actifs connus du renseignement financier des États-Unis. Cela a été évident ces trois derniers mois, lorsque tous les efforts de Moscou ont été concentrés, non pas tant sur la préparation d’une opération militaire, mais sur la tentative d’inoculer le Donbass comme une tumeur cancéreuse dans le corps ukrainien afin de séduire Kiev d’une illusion territoriale chimérique. Poutine et Lavrov sont devenus d’ardents défenseurs de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ils disent : « Cela est votre territoire et vous allez le garder. » Vous verserez les pensions de retraite, vous restaurerez les infrastructures, et tous ces « Motorola » et autres terroristes siégeront au Parlement ukrainien. Ils décideront des questions de politique étrangère. Cela a également échoué. Maintenant, Moscou est prêt à une « annexion de facto » de ces régions ukrainiennes. Elle commence à payer pour l’électricité, se livre à une certaine activité économique. En termes économiques, Moscou considérera ces territoires dans le cadre de la Fédération de Russie. Ce sera une charge très lourde. Cela satisfait l’Ukraine pour le moment. Kiev doit clôturer la frontière délimitant ces régions et les oublier un certain temps, considérant ces territoires temporairement occupés.

Paul. Andrei, je vous remercie beaucoup. Au revoir. Sur nos ondes, tous les lundis intervient Matthew Ganapolsky. Je voudrais connaître votre sentiment. D’après vous, quels sont les journalistes russes les plus remarquables qui décrivent l’actualité ?

Andrei Piontkovsky. Je n’ai personnellement rien contre Matthew. Mais il fait partie de « Écho de Moscou » qui est une structure organisationnelle pro-Kremlin et dont le but est de créer une opposition imaginaire. Je recommande à chacun de lire mes deux articles sur les activités Venediktov et toute sa structure. Ils sont très faciles à trouver sur internet. L’un s’appelle « Капо », l’autre « Крот». Ces articles ont été écrits il y a quelques années. Tout est dit sur « Écho de Moscou » et  Venediktov. J’invite aussi à la lecture de mon dernier article sur les récentes déclarations faites par Venediktov à Washington. Son adresse est Каспаров.Ru. Il s’appelle « Три преступления  » (les trois crimes) et ne concerne pas Ganapolsky. Prière de transmettre mes salutations à Matthew. Mais il est fidèle au système d’information vertical de « Écho de Moscou ».

Quant aux plus brillants journalistes russes, il est très difficile de faire la différence entre journaliste et publiciste-analyste. Personnellement, j’ai grand intêret à lire Andrei Illarionov, Viktor Chenderovitch, Igor Yakovenko.

Paul. Andrei, je vous remercie. Nous espérons vous revoir car vous êtes très intéressant à écouter.

Andrei Piontkovsky. Merci. Au Revoir.

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