GORDON BROWN (27 juin 2007 au 11 mai 2010)
5 Avril 2007
Par ANN TALBOT
"La pauvreté augmente en Grande-Bretagne tandis que l’argent va à la guerre en Irak
Le nombre des personnes vivant dans la pauvreté en Grande-Bretagne est passé selon les données gouvernementales les plus récentes de 12,1 millions à 12,7 millions l’an passé, soit une augmentation de 600 000 personnes. Le nombre des enfants pauvres a augmenté de 200 000 entre 2005 à 2006, atteignant 3,8 millions, et ce, dans le quatrième pays le plus riche au monde.
Lorsque le Parti travailliste était venu au pouvoir en 1997, la Grande-Bretagne avait le taux de pauvreté infantile le plus élevé du monde industrialisé, conséquence de près de vingt années au pouvoir des conservateurs qui avaient crée le chômage de masse et fait des coupes claires dans l’Etat-providence. Le premier ministre Tony Blair avait promis de changer cette situation. « Nous serons la première génération à mettre fin à la pauvreté infantile pour toujours » avait-il déclaré sur un ton sentencieux et avait engagé son gouvernement dans toute une série d’objectifs : le parti travailliste réduirait d’un quart la pauvreté infantile d’ici 2004-2005 et de moitié d’ici 2010. Il a manqué son premier objectif et les récentes données indiquent que la pauvreté infantile est en fait en train d’augmenter.
Les experts considèrent qu’il en coûterait 4,5 milliards de livres sterling pour réduire la pauvreté infantile, montant qui, comme l’a indiqué le présentateur du journal télévisé de Channel 4 Jon Snow, correspond exactement à la somme des dépenses militaires additionnelles pour la guerre en Irak. Il est rare de voir un gouvernement se révéler, de façon aussi humiliante, être moralement et politiquement en faillite, et qui plus est par ses propres données.
Il n’y a pas que la réputation de Blair qui a été atteinte. Le chancelier Gordon Brown a présenté son budget juste avant que les données sur la pauvreté ne soient publiées. Il ne pouvait pas ne pas en avoir été informé lorsqu’il a retiré la tranche d’imposition la plus faible, celle concernant les personnes au revenu le plus faible et qu’il a fait des cadeaux fiscaux aux plus riches. Dans une grande mesure, c’est la gestion financière de Brown qui est la cause du transfert de la richesse, des pauvres vers les riches, transfert qui s’est produit durant la période au pouvoir des travaillistes.
La réaction du gouvernement aux plus récentes statistiques a été d’affirmer qu’il y avait une erreur statistique et de déclarer que la seule façon de vaincre la pauvreté était de mettre au travail davantage de personnes. Mais la Grande-Bretagne possède déjà l’un des taux de chômage les plus bas d’Europe. La plupart des enfants qui vivent dans la pauvreté ont au moins un parent qui travaille. Alors que les conservateurs avaient crée la pauvreté par un chômage massif, le Parti travailliste a présidé à la croissance phénoménale des travailleurs à faible revenu, obligés d’accepter des emplois peu rémunérés sous peine de voir leurs prestations diminuées.
La montée de la pauvreté s’est produite durant une période de relative prospérité économique, alors que l’économie du Royaume-Uni croissait. Alors que les conditions mondiales deviennent plus instables et menacent d’entrer en récession, le taux de pauvreté ne peut que s’accentuer. Le Fond monétaire international a averti Brown qu’il devait réduire la part du revenu national consacrée aux dépenses du gouvernement dans la prochaine période ; on peut donc s’attendre à d’autres attaques sur les prestations sociales qui sont déjà peu élevées. Actuellement, une famille de deux parents et deux enfants doit se débrouiller avec 190 £ par semaine, ce qui correspond à 100 £ de moins par semaine que le seuil de pauvreté établi par le gouvernement.
C’est la première fois que la pauvreté relative augmente sous le gouvernement travailliste. La pauvreté relative est déterminée par les ménages qui ont 60 pour cent ou moins du revenu médian. Lorsque les coûts du logement sont pris en considération, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté est passé de 12,1 millions en 2004-2005 à 12,7 millions en 2005-2006. Si on ne tient pas compte des coûts du logement, le nombre est passé de 10 millions à 10,4 millions durant la même période. L’Institut des études fiscales conclut que ces chiffres sont statistiquement significatifs et tirés d’un échantillon représentatif.
Le nombre de ménages vivant dans la pauvreté absolue a aussi augmenté. La pauvreté absolue est déterminée selon des critères fixes. « Il est très rare, » souligne l’Institut des études fiscales, « que la pauvreté augmente si elle est déterminée selon des critères fixes de conditions de vie plutôt que si elle est jugée par rapport à des critères qui augmentent avec la prospérité de la population en général. » Pour une famille de deux parents et deux enfants, le niveau de pauvreté absolue est fixé à 14 924 £.
Le nombre d’enfants vivant dans une pauvreté relative a augmenté de 100 000. Il s’agit de la première augmentation en six ans. Pour une famille de deux parents et deux enfants, cela signifie un revenu de moins de 17 264 £. Selon les données gouvernementales, 2,8 millions d’enfants vivent dans la pauvreté si l’on ne tient pas compte des coûts du logement. Ce nombre atteint 3,8 millions lorsque l’on en tient compte.
L’Institut des études fiscales a établi qu’il faudra à Brown quatre milliards de livres sterling dans les trois prochaines années s’il veut atteindre son objectif. Le chancelier, devant l’insistance des questions, a refusé de promettre plus d’argent, déclarant : « La clé de l’avenir, c’est le nombre de personnes que l’on pourra mettre au travail. C’est la plus grande contribution que l’on puisse faire pour résoudre le problème de la pauvreté infantile à l’avenir. »
Après la récente étude de l’Unicef montrant que la Grande-Bretagne arrive bon dernier parmi les pays industrialisés en matière de bien-être des enfants, aux côtés des Etats-Unis, les données gouvernementales viennent contredire toutes les affirmations selon lesquelles les travaillistes tentent véritablement d’améliorer les conditions sociales en Grande-Bretagne. Elles révèlent la vraie nature du Parti travailliste qui forme un gouvernement se consacrant à la défense des intérêts des grandes entreprises et des riches.
Toute conception que le Parti travailliste peut être poussé vers la gauche ou qu’il serait meilleur sous la direction de Brown doit être rejeté. Sous une forme statistique froide, les données établissent que la richesse est allée aux partisans riches des travaillistes et au financement d’une guerre qui sert les intérêts du capital mondial.
Le révoltant tribut de misère et de privations imposé au nom du programme économique et social pro-patronal des travaillistes vient confirmer la décision du Parti de l’égalité socialiste de se présenter dans les élections à venir pour construire un véritable mouvement socialiste contre le gouvernement travailliste et qui unira les travailleurs internationalement contre les guerres en Irak et en Afghanistan."
source :
http://www.wsws.org/francais/News/2007/avril07/050407_pauvrete.shtml
29/01/2010
Les 10 % de Britanniques les plus riches, en termes de patrimoine, sont plus de cent fois plus riches que les 10 % les plus pauvres. Les inégalités sont à leur pic depuis la Seconde Guerre mondiale.
Nicolas Madelaine [correspondant à Londres, NDE]
Un panel d'experts chargé par le gouvernement de Gordon Brown d'étudier les inégalités au sein de la société britannique a conclu que les 10 % les plus riches du pays, en termes de patrimoine, sont au moins cent fois plus riches que les 10 % les plus pauvres. Baptisé « Anatomie des inégalités économiques au Royaume-Uni », le document de 476 pages, considéré comme l'étude la plus approfondie jamais entreprise outre-Manche sur ces questions, conclut que les inégalités sont, sur la base des chiffres disponibles en 2007-2008, à leur plus haut niveau depuis juste après la Seconde Guerre mondiale. Certaines inégalités ont diminué au cours des dix dernières années, par exemple sur les salaires, les différences de rémunérations entre les sexes et l'accès à l'éducation des différentes ethnies composant la nation. Mais après treize ans de pouvoir aux mains des travaillistes, le creusement des inégalités, sensible à partir de la fin des années 1970 et jusqu'à la moitié des années 1990, n'a pas été inversé. Les experts du panel estiment que la Grande-Bretagne est un des pays riches les plus inégalitaires au monde, derrière les Etats-Unis et l'Italie.
D'un point de vue politique, ces données sont ambivalentes à l'approche des élections. Le Labour avait fait de l'égalité des chances un des piliers de son programme et ne sort pas grandi de cette étude. D'un autre côté, c'est pendant les années 1980 avec les conservateurs au pouvoir que les inégalités se sont accentuées le plus. Il n'est donc pas forcément facile pour David Cameron, le leader tory, d'exploiter ces chiffres."
extrait de :
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/300427078/300427102-grande-bretagne-le-labour-n-a-pas-reduit-les-inegalites-173810.php
Article publié le 27 Avril 2010
Par Virginie Malingre
La société est en miettes", martèle David Cameron, le candidat tory aux élections législatives prévues le 6 mai. Sans conteste, le Royaume-Uni accumule les mauvaises performances. Il est le champion d'Europe en matière d'obésité, de grossesse de ses adolescentes ou encore de violence. Il est largement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE en termes de mortalité infantile ou de consommation de drogue et d'alcool. Et, pour l'Unicef, il n'y a pas pire pays où passer son enfance.
Le leader du parti conservateur affirme avoir la solution. C'est la big society, faite d'une cohorte de volontaires qui restaureraient le lien social si mal en point. "Pourquoi notre société est-elle en miettes ? Parce que le gouvernement se mêle de tout. Parce qu'il est trop gros. Et a sapé le sens des responsabilités des uns et des autres", explique le leader des conservateurs.
C'est Phillip Blond, celui que la presse appelle le "tory rouge", qui l'a inspiré dans cette analyse. Pour cet ancien professeur de théologie, le développement de l'Etat providence dans la foulée de la seconde guerre mondiale a détruit les corps intermédiaires - famille, syndicats, associations - et il est urgent de les restaurer.
Pour autant, l'analyse ne convainc pas les Britanniques, puisque M. Cameron ne parvient pas à s'imposer dans les sondages à un niveau qui lui assurerait une majorité au Parlement. Peut-être ses concitoyens perçoivent-ils intuitivement que le problème est ailleurs.
Pour Richard Wilkinson et Kate Pickett, deux épidémiologistes britanniques, cela ne fait aucun doute : les inégalités économiques sont à l'origine du mal-être de la société britannique. Ils en font la démonstration éclatante dans un livre publié en mars 2009 (The Spirit Level : why equality is better for every one, traduit en français chez Demopolis sous le titre L'égalité, c'est la santé, 278 pages, 21 euros).
Au départ, les deux universitaires voulaient comprendre pourquoi les populations les plus démunies étaient aussi celles qui étaient les plus malades (dépression, obésité, alcoolisme...). Après avoir lu l'abondante littérature sur le sujet, et compacté des centaines de statistiques, ils ont trouvé une forte corrélation entre les inégalités de richesses et celles de santé.
Ils ont élargi leur travail à d'autres indicateurs : mobilité sociale, performances scolaires, homicides, population carcérale, confiance... Bingo ! A part le taux de suicide et la consommation de cigarettes qui font exception, ça colle. La corrélation est bel et bien là. Plus l'écart entre riches et pauvres est élevé, plus la société est en miettes.
Et justement, le Royaume-Uni a beau être la 7e puissance économique mondiale, il est, en la matière, mal placé. Selon les données des Nations unies, il y a un rapport de un à sept entre les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches. Sur les 20 pays que les auteurs ont étudiés, seuls le Portugal, les Etats-Unis et Singapour font pire. Les plus égalitaires sont le Japon, la Norvège et la Suède, où les plus aisés sont moins de quatre fois plus riches que les plus démunis.
Comment expliquer un tel lien de cause à effet ? Les deux épidémiologistes assurent qu'il faut chercher du côté de la hiérarchie sociale et du stress qu'elle génère. Stress qui induit des comportements - manger trop, boire démesurément, se droguer... - destructeurs de l'harmonie sociale. Ils racontent une expérience faite sur une communauté de singes macaques, auxquels on avait appris à s'injecter de la cocaïne en appuyant sur une manette. Les "dominants" sont restés relativement abstinents quand les plus faibles se sont goinfrés.
Moins scientifique mais tout aussi convaincant, le témoignage de cet ouvrier de Rotherham, dans le Yorkshire au nord-est de l'Angleterre, que M. Wilkinson et Mme Pickett reprennent. L'homme raconte ce qu'il a ressenti quand il a dû s'asseoir à côté d'une jeune femme issue de la classe moyenne : "Cette vache arrogante, vous savez, mince, attirante." Il s'est senti gros. S'est mis à transpirer. Et d'imaginer les pensées de sa voisine : "Ecoute, toi, salaud, ne t'approche pas de moi. On paye pour ne pas avoir affaire à de la racaille comme toi."
En 1937, le 1 % de la population britannique la plus riche recevait 12,57 % des revenus. Ce taux est ensuite descendu régulièrement - avec la montée en puissance du Welfare State - pour représenter 4,17 % en 1976, avant de remonter à 10,03 % en 2000, son niveau le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale. C'est sous Margaret Thatcher, qui gouverna le pays entre 1979 et 1990, que les inégalités ont explosé. Et ni John Major, qui lui a succédé, ni les travaillistes Tony Blair et Gordon Brown n'ont réussi à inverser la tendance. "Dans les années 1980, expliquent M. Wilkinson et Mme Pickett, l'écart entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres s'est accru de 60 %."
Le Labour, à Downing Street depuis 1997, a injecté beaucoup d'argent pour tenter de redresser la situation. Les plus démunis ont vu leur situation s'améliorer en termes absolus. Mais pas de manière relative. Car, dans le même temps, les rémunérations du haut de l'échelle se sont envolées. En 1998, Peter Mandelson, aujourd'hui ministre du commerce de M. Brown, avait assuré à des informaticiens californiens : "Cela ne nous (les travaillistes) pose aucun problème que des gens deviennent outrancièrement riches." Il avait tort. "
Cette fois, nous avons commencé par la fin. Et la conclusion du mandat de Gordon Brown répète inlassablement que conservateurs et travaillistes se succèdent sans jamais s'attaquer profondément aux problèmes de la répartition équitable de la richesse nationale. Fraîchement élu, le premier ministre ne reçoit pas des stars, à paillettes ou non, comme aimait le faire son prédecesseur. Il invite surtout des néolibéraux et conservateurs, à Downing street, telle madame Thatcher, "femme de conviction remarquable" dira-t-il, mais aussi des intellectuels au congrès annuel travailliste tels Bernanke, successeur de Greenspan à la Fed (Réserve Fédérale américaine) ou encore Gertrude Himmelfarb, historienne américaine (étatsunienne) épouse d’Irving Kristol,un gourou néoconservateur de premier plan des néoconservateurs et mère de William Kristol, président d'un think tank, le Project for the New American Century. Himmelfarb comme tous les autres capitalistes de son acabit répètent inlassablement le catéchisme néolibéral, en dénonçant le trop d'Etat, l'Etat parasitaire encourageant l'assistanat, la paresse, la fraude, etc. et en prônant un retour aux valeurs victoriennes du XIXe siècle, empreinte de "vertus sociales", où les pauvres dans le dénuement doivent travailler et devenir des "pauvres actifs" (working poor), des "pauvres méritants" (deserving poor) objectif "socialement noble", selon elle. Son ouvrage "The Road to Modernity : The British, French and American Enlightments" fait partie des livres qui ont influencé Gordon Brown, tout comme Theory of Moral Sentiments d’Adam Smith, un de ses livres favoris.
En regard de la pauvreté augmentée, des inégalités croissantes pendant son mandat, de ses accointances économiques ou intellectuelles, on ne peut qu'être atterré par le cynisme de Gordon Brown essayant de se forger une image d'homme d'Etat soucieux des malheurs du monde :
- 2005 : Sommet de Gleneagles, où il s'engage à soutenir les plus pauvres pays du monde.
- 2007 : "Chaque enfant doit avoir le meilleur départ dans la vie, chacun doit avoir une chance d'obtenir un emploi, nul ne doit grandir dans la souffrance que cause la pauvreté. Pour moi, ce sont là des idéaux que l'on associe à la civilisation et à la dignité." Propos de Gordon Brown rapportés par News Press le 13/08/2007. extrait de : http://www.newspress.fr
- 2008 : A l'ONU (Organisation des Nations Unies) Gordon Brown appelle à la constitution d'un nouveau pacte humanitaire afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui visent à vaincre la pauvreté.
On croit rêver...
Sources :
textes :
- http://bellaciao.org/fr/spip.php?article52870
- http://fr.excelafrica.com/node/5450
- http://www.rtl.be/info/monde/international/19973/onu-gordon-brown-appelle-une-nouvelle-alliance-pour-vaincre-la-pauvret
images : - http://www.anorak.co.uk/politicians/gordon-brown/page/5/ (gordon brown en anti Einstein)