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Billet de blog 19 janvier 2011

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Affaire Boulin : Des bouches s'ouvrent (2)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'hebdomadaire Paris-Match de ce jeudi 20 janvier publie un document de 4 pages intitulé l'Affaire Boulin, un crime d'état .

Il s'agit de 4 interviews, qui, chacune, éclaire une facette de ce scandale majeur de la Véme République.

Fabienne Boulin-Burgeat, la fille du ministre, vient de terminer son livre, Le dormeur du val (éditions Don Quichotte) . Elle décrit sa quête de vérité, détaille avec pugnacité l'exceptionnel acharnement mis en oeuvre pour lui barrer la route. Ni les menaces, ni les calomnies les plus basses ne lui ont été épargnées. La police judiciaire, la justice, la classe politique et, pendant longtemps, la quasi-totalité de la presse se sont liguées pour lui interdire de connaitre les circonstances de l'assassinat de son père, obstinément présenté comme un suicide.

Malgré ces efforts constants, la vérité interdite, comme la définit Fabienne, se fait jour. A tel point que les tenants du suicide, les protecteurs de la raison d'état à la française, qui consiste essentiellement à jeter un voile pudique sur les turpitudes et les crimes de certains dirigeants, en sont réduits à de piètres manoeuvres, qui ne trompent plus que ceux qui refusent d'affronter la réalité d'un pays gangréné par la recherche effrénée du profit et l'impunité des puissants.

L'outrecuidance de MAM

Me Olivier Morice, le conseil de Fabienne, ne se prive pas de dénoncer l'invraisemblable comportement de MAM. Il ne faut pas oublier que Michéle Alliot-Marie, avant de s'illustrer par sa grotesque offre d'assistance policière à l'ami dictateur Ben Ali, était Garde des sceaux ministre de la Justice.

A cette haute fonction, elle n'a pas hésité à descendre dans l'arène (cf http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/casanier/050111/affaire-boulin-des-bouches-souvrent-1 ) pour verrouiller toute velléité d'indépendance du procureur général de Paris Faletti, censé se prononcer 8 jours plus tard en toute indépendance sur la demande de réouverture de l'instruction sur l'homicide de Robert Boulin. MAM eut l'outrecuidance d'aller à Libourne, ville dont Boulin fut le premier magistrat pendant 20 ans, pour annoncer urbi et orbi qu'il n'était pas question de toucher au dogme du suicide, et que toute réouverture d'une information était exclue.

Penaud, le 8 juin 2010, M. Faletti a dû, de surcroît, faire état devant Fabienne et ses conseils de la mystérieuse disparition du coffre-fort du parquet général, d'une partie du dossier et des scellés sur lesquels étaient justement demandés des recherches d'ADN. Dans un communiqué vengeur MAM réclama l'ouverture immédiate d'une enquête administrative, qui, Ô miracle, aboutit 6 semaines plus tard, sans que l'on sache à ce jour ce qui avait été retrouvé et en quel état.

Les liens manifestement étroits* qu'entretient MAM avec le MIL (Mouvement Initiative et Liberté) , une association regroupant d'anciens leaders du syndicat étudiant de la droite dure UNI et des adhérents de l'ex SAC (le fameux service d'ordre du parti gaulliste, où s'illustra jadis Charles Pasqua) ne sont sans doute pas étrangers à son zèle maladroit pour contrer toute tentative d'avancée judiciaire dans l'affaire Boulin. Ils expliquent peut-être aussi la mansuétude dont elle bénéficie auprés de Sarkozy... En année préélectorale, ce n'est pas le moment de se priver de certains réseaux.

à suivre

* En février 2009, MAM, à l'époque ministre de l'intérieur, fut l'oratrice la plus appalaudie lors de la XIX ème convention nationale du MIL, où elle appelait les militants à la vigilance contre une résurgence de ce que le regretté Raymond Marcellin (ministre de l'intérieur particulièrement sécuritaire aprés 1968) appelait l'ennemi intérieur ...

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