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Sortie DVD de Girafada, de Rani Massalha
Lors d’un bombardement de l’armée israélienne en 2002, la girafe mâle du zoo de Qalqilya en Cisjordanie trouve la mort. Ziad, 10 ans, en est directement affecté. Son père célibataire, vétérinaire du zoo, s’efforce de trouver un nouveau mâle qui redonnera goût à la vie à la girafe enceinte qui risque une fausse couche. Il se trouve que ce mâle se trouve dans un zoo à Tel-Aviv. Dur sa route, Yacine fait connaissance avec Laura, une journaliste française.
Le conflit israélo-palestinien reste malheureusement d’actualité et dans sa plus sanglante expression durant cet été 2014. Le cinéma s’en fait l’écho et après le drame shakespearien Omar d’Hany Abu-Assad, Girafada de Rani Massalha traite ce conflit à travers les yeux d’un enfant de 10 ans qui a un lien très fort avec une girafe. L’histoire est adaptée d’un fait-divers : la mort réelle d’une girafe en 2002 à Qalqilya, unique zoo de Palestine. Comme de coutume dans le cinéma et quelle que soit la situation de crise humaine évoquée sur la planète, le regard d’un enfant permet à travers son innocence de questionner sous des formes simples ledit conflit. Comment un État en guerre contraint toute une population, même la plus jeune, à prendre part au conflit ? Dans cette situation politique, l’innocence ne peut être respectée. Et tout le combat pour préserver cet havre de paix, ce jardin d’Eden pour ceux qui visitent ce zoo et oublient un instant le conflit, n’est pas anodin. À travers ce choix, le réalisateur use d’une belle métaphore, d’autant plus que les événements se déroulent à une époque ou le mur séparant deux populations est un train d’être érigé. En revanche, les bonnes idées ne font pas nécessairement les bons films et tout à son enthousiasme, l’initiateur du projet se lance sans expérience cinématographique et avec une trop légère connaissance de la réalité locale dans le tournage du film. Ainsi, la plupart des acteurs sont laissés à eux-mêmes dans leur interprétation. Seul le jeune Ahmed Bayatra semble un peu moins délaissé par le metteur en scène, alors que celui-ci semble se reposer sur l’expérience d’acteurs confirmés (Saleh Bakri, Roschdy Zem…). Le personnage de la journaliste française interprétée par Laure de Clermont est à ce titre la moins crédible et à son image, le film témoigne de bonnes intentions de départ mais qui ne sont pas magnifiées ou tout simplement incarnées en images cinématographiques. Pourtant la confrontation entre la violence du mur en érection et la démarche nonchalante de la girafe au sein d’un même plan est une image forte, dont le surréalisme n’est pas sans rappeler l’univers d’Elia Suleiman. Mais n’est pas Hany Abu-Assad ou Elia Suleiman qui veut.
Girafada
de Rani Massalha
Avec : Saleh Bakri (Yacine), Laure de Clermont (Laura), Ahmed Bayatra (Ziad), Mohamed Bakri (Hassan), Loutof Nuweiser (Marwan), Roschdy Zem (Yohav Alon) Doraid Liddawi
France, Italie, Allemagne, Palestine - 2014.
Durée : 93 min
Sortie en salles (France) : 23 avril 2014
Sortie France du DVD : 1er octobre 2014
Format : 1,85 – Couleur
Langues : arabe, hébreu - Sous-titres : français.
Éditeur : Pyramide Vidéo
Bonus :
- Elvis de Nazareth (16 min)
Court métrage de Rani Massalha – Prix Unifrance du court-métrage 2012
Un enfant de Nazareth développe une relation d’amitié avec un homme de 72 ans qui se prend pour Elvis Presley.
- Making-of