Histoire : Annie GEFFROY et le peuple-classe.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article3842
« Le peuple selon Robespierre »
PERMANENCE(s) de la Révolution Pour un autre bicentenaire
(La Brèche-PEC, 1989 - 307 pages)
Annie Geffroy fait usage de la notion de "peuple-classe" au sens de « désignant social » dans son article (page 179) « Le peuple selon Robespierre » (in Permanences de la Révolution - pour un autre bicentenaire (Ouvrage collectif des éditions La Brèche PEC 1989).
Elle signale que le "peuple-nation au sens de « ensemble des citoyens » n’englobe jamais toute la population du territoire surtout au temps des régimes censitaires qui excluaient une large fraction du peuple-classe, ce dernier signifiant alors bas-peuple . Aujourd’hui "peuple-classe" dispose d’un volume de population plus important, d’un format plus large, soit les hoi polloi « les nombreux » par rapport aux hoi oligoi les "peu nombreux". On évoque les 99%.
Mirabeau avait critiqué l’ambiguïté d’un terme qui signifiait deux choses, d’une part une composante sociale soit le peuple-classe ou Tiers Etat et d’autre part une composante vaste, le peuple-nation, englobant les ordres privilégiés, noblesse et clergé. Annie Geffroy souligne qu’une telle conscience politique est bien rare à cette époque.
Le peuple-nation n ’est pas que le peuple démocratique des citoyens il a aussi un sens ethnique qui renvoie à l’histoire de la nation. L’appartenance à la nation est un fait. Le français dans sa diversité locale est celui qui y vit durablement, pas nécessairement depuis des générations. La définition de la « communauté nationale » par l’Etat ce peut être autre chose, de plus complexe car juridique et aussi plus variable dans le temps selon les conceptions en cours.
Ce qui est public renvoie à peuple-nation alors que ce qui est populaire renvoie à peuple-classe comme bas-peuple.
Ce qui subsiste et ce qui bouge.
Aujourd’hui encore, certains continue de nommer « populaires » les couches sociales d’en-bas, sous les couches moyennes, à savoir les couches pauvres et modestes. Cet usage chronologiquement décalé a pour fonction (contestable) de sortir les couches moyennes du peuple et surtout du peuple-classe. En quoi, de nos jours, les couches sociales moyennes ne serait pas « populaires » ?
Aujourd’hui le peuple-classe serait soit au sens « alter-écolo » (rare) les 90% de la population en distinction du décile d’en-haut ou soit, au sens (plus commun) des altermondialistes, les 99% en opposition à la classe dominante, soit le 1% d’en-haut.
La référence au peuple et notamment au peuple-classe ne suppose pas une préférence pour une vision statificationniste ie en termes de couches sociales. Elle peut se marier avec une sociologie marxiste ou "classiste" évoquant des conflits de classes sociales et des alliances de classe différenciées à former au sein du dit peuple-classe. Le clivage principal se situe néanmoins face à la classe dominante, symbolisée par le 1% d’en-haut.
Le peuple-classe connait bien évidemment d’autres types de divisions -sexisme, racisme, etc... - qui empêche tout vision homogène.
Christian Delarue
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