L' attachement, c'est un peu comme le cholestérol : il y a le bon et le mauvais.
Distinguons d'abord, comme summa divisio, attachement aux choses et attachement aux humains aimés. En critique du bouddhisme il y a possibilité de distinguer l'attachement aux choses et l'attachement aux êtres vivants notamment aux humains. Il ne s'agit pas de renier le plaisir que nous donne l'usage des choses mais de pouvoir s'en détacher lorsque ces choses ne sont plus à notre disposition.
Le détachement à l'égard des choses . Cela suppose de distinguer propriété d'un bien et usage de ce bien. On peut posséder ou non les biens dont nous avons usage. La propriété d'un bien va entrainer son entretien et ce dernier est nécessaire en respectant un certain équilibre : ni rien (négligence totale), ni investissement obsessionnel (chiffon à la main) ! Il y a tendance à plus d'entretien quand l'objet est neuf : regardez les nouveaux acquéreurs - hommes ou femmes mais plus les hommes - de voitures !
Le détachement à l'usage de la chose est en principe plus difficile que le détachement de sa simple possession. Car l'usage donne souvent plus de plaisir. Ce n'est pas le téléphone mobile ou la box internet qui, en soi, vous donne du plaisir et crée de l'attachement, c'est bien plus, en principe - il y a toujours des cas, des exceptions - son usage qui vous plaît. Sans parler que c'est de plus en plus nécessaire dans les sociétés modernes.
Le détachement le plus difficile est celui à l'égard des choses qui rappellent une personne aimée jadis, ou un objet cadeau d'une personne aimée (famille ou autre), pas nécessairement de grande valeur marchande mais précieux au regard de ce qu'il symbolise.
Le détachement à l'égard des personnes est bien différent. Mon props n'est pas de sortir ici une typologie scientifique de l'attachement pour évoquer le détachement. Ce dernier, à l'égard des humains, et au-delà des types, est souvent plus difficile et c'est normal . Il y a deux grandes distinctions qui se croisent : le détachement par rapport aux êtres vivants non humains (les animaux) et le détachement aux humains d'une part ; le détachement à l'égard des humains faiblement investis ou aimé et celui beaucoup plus difficile à l'égard des être humains aimés et très aimés !
Il peut y avoir aussi pluralité d'attachements : Un homme ou une femme peut être attaché à plusieurs hommes ou femmes rencontrés dans sa vie au fil des années. Cela manifeste, au plan sentimental, des passages d'amour à amitié . Mais l'amitié a plusieurs colorations ! C'est là, à propos du poly-attachement, que l'on peut ajouter de nouvelles distinctions , plus fines, très variables, faites de tonalités diverses qui manifestent un entre deux entre attachement fort et détachement total !
Les attachements nocifs et aliénant sont ceux maintenus avec des personnes violentes, humiliantes. Il arrive qu'on leur trouve des raisons ! Elles sont "parties en vrille" sur des comportements qui ne leur ressemblent pas ! Le "partir en vrille" dénote un caractère d'exception du comportement. A l'ordinaire, et sur plusieurs années, la dite personne a fait preuve malgré ses menus défauts d'un comportement attendu et prévisible "sain et correct" pourrait-on dire ! Et là soudainement, ce n'est plus le cas. Ce n'est pas rapprochable d'une personne qui a toujours eu l'habitude de glisser, de façon répétée, du côté de la "pente à problèmes" : alcool, drogue, violence, sectarisme, inactivité totale, etc...
Christian DELARUE
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Ce petit papier doit aussi au "Petit traité de vie intérieur" de Frédéric Lenoir