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Billet de blog 3 octobre 2011

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Le Pen et l'Ecole: Marine après Jean-Marie, du nouveau?

Au colloque du Front national sur l’Ecole qui vient d’avoir lieu, Marine Le Pen s’est adressée aux professeurs : «Nous n’avons pas su vous parler. Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices de la destruction de l’école.

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Au colloque du Front national sur l’Ecole qui vient d’avoir lieu, Marine Le Pen s’est adressée aux professeurs : «Nous n’avons pas su vous parler. Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices de la destruction de l’école. Pour l’immense majorité d’entre vous, c’était une erreur et cette époque est révolue.» Et une partie de la presse a vu là un virage sensible, et un démenti de son père.
Mais il n’est pas du tout évident qu’il y ait là, en réalité, un virage et/ou un véritable démenti de son père, par delà une rhétorique racoleuse pour faire parler d’elle et revenir dans la pleine actualité politique. Il suffit pour s’en convaincre de relire les extraits consacrés à l’Ecole dans le discours où Jean-Marie Le Pen avait présenté au Bourget, le 12 novembre 2006, son « projet présidentiel » ( en vue des élections présidentielles du printemps 2007 ).
« Depuis 30 ans, tous ces gens qui se sont succédés au pouvoir se sont ingéniés, par idéologie, par démagogie, à détruire tout ce qui fonctionnait dans notre pays […] Ils ont cassé l’égalité républicaine. Ils ont cassé l’égalité par l’abandon de la laïcité, seul principe capable de maintenir le ‘’vivre ensemble’’, malgré nos diversités ancestrales ou récentes, par la frontière bien marquée entre la sphère publique et la sphère privée…Laïcité abandonnée par clientélisme communautaire, cette sordide soumission aux lobbies et autres minorités. Laïcité abandonnée par la mise en avant permanente et arrogante d’origines ethniques souvent mythifiées, au détriment des valeurs communes […].
Ils ont cassé l’Ecole qui n’aurait jamais du devenir le lieu de toutes les expérimentations pédagogiques, l’asile des délires d’apprentis sorciers, mais rester ce creuset où le jeune enfant apprenait à devenir Français et citoyen, et d’abord, bien sûr, à lire, à écrire et à compter. Jadis la France s’honorait d’une école formatrice, intégratrice, qui n’était pas ce lieu de marginalisation où des diplômes au rabais sont dispensés à tout va, comme autant de fausse monnaie, et qui voit un quart de ses effectifs sortir sans savoir ni lire ni écrire ! […]
[Tout cela ] « révèle le souverain mépris que tous ces gens qui se sont succédés au pouvoir depuis trente ans nourrissent pour le peuple français » […] « Mépris des fonctionnaires, forcément absentéistes, qu’on veut rendre responsables de la destruction des services publics, alors que le plus souvent, fidèles à leur mission, ils en sont les premières victimes… La grande masse des fonctionnaires, nous ne la confondons pas, au Front national, avec les oligarchies syndicales qui se sont glissées en elle comme dans un fromage ! » […]

« Je ne peux évidemment clôturer ce chapitre sur l’égalité sans évoquer l’école
. L’école est le véritable et premier lieu où se forge l’égalité, celle des chances. Or la véritable sélection, j’ose le dire, est source de l’égalité véritable. Il nous faudra refaire de l’école le lieu privilégié de la transmission du savoir minimum sans lequel, dans notre société, nul ne peut survivre, s’insérer, s’élever dans l’échelle sociale. Lire, écrire, compter, connaître l’histoire et la géographie de son pays, sont des bases essentielles qui aujourd’hui manquent à un élève sur quatre en sortie du primaire. L’école publique doit aussi respecter scrupuleusement la neutralité religieuse, politique et philosophique. Tant il est vrai, comme disait le Général de Gaulle, que ‘’la culture générale, c’est l’école du commandement’’. La véritable égalité, c’est donner à tous la possibilité d’avoir un emploi et, grâce à lui, de fonder et de faire vivre dignement sa famille. Pour cela, il faut tendre à l’égalité entre travail intellectuel et travail manuel, développer l’apprentissage. Revaloriser le travail manuel est un impératif, car lorsqu’on a faim, mieux vaut un cuisinier qu’un sociologue. Les diplômes qu’ils soient professionnels ou universitaires, tueront l’égalité s’ils n’ont plus aucune valeur que ce soit aux yeux de l’entreprise ou par comparaison avec les systèmes de formation de nos concurrents. Mais au-delà de cet objectif de performance de notre système éducatif, l’égalité passera aussi par les conditions dans lesquelles le savoir est transmis. Aujourd’hui, on ne reçoit pas la même instruction à Bobigny qu’à la Trinité-sur-Mer. Il faut y porter remède. La réaffirmation forte de la laïcité et de la neutralité politique à l’école, ainsi que le retour au respect des règles et à la lutte contre la violence sont donc des exigences ».

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