Si l’on se réfère aux origines du baccalauréat et aux évolutions historiques qui ont eu lieu depuis deux siècles, que reste-t-il au delà d’un ‘’nom’’ commun ?
Lors de sa création en 1808 sous sa forme moderne, le baccalauréat est à l’origine un véritable examen d’entrée à l’Université, les jurys du baccalauréat étant alors composés exclusivement de professeurs de facultés. Peu à peu, le nombre de candidats allant croissant, ces jurys s’élargissent à des professeurs du secondaire agrégés et/ou docteurs. L’apport des enseignants du secondaire dans les jurys du baccalauréat se banalise au point qu’un arrêté ministériel de 1934 oblige les professeurs agrégés et même certains professeurs non agrégés à siéger dans les jurys. Finalement, les professeurs de l’enseignement secondaire deviennent quasi hégémoniques dans les jurys du baccalauréat ( censé être pourtant un examen d’entrée à l’Université ). La fiction est entretenue par la présence obligatoire d’un universitaire à la tête de chaque jury lors des délibérations finales…
Dans la réalité de son fonctionnement, le baccalauréat est donc un examen de fin d’études secondaires. Cependant, juridiquement, il permet l’entrée à l’Université. Mais il a un rôle assez faible dans l’accès aux classes préparatoires, aux IUT, aux STS ( le dépôt et le classement des dossiers venant en effet en premier dans les secteurs convoités du supérieur où il y a sélection à l’entrée, le baccalauréat ne jouant ensuite en l’occurrence qu’un rôle de confirmation le plus souvent).
Les taux de réussite sont devenus au fil du temps très élevés. Alors que seuls environ les deux tiers des candidats réussissaient à obtenir le baccalauréat ( ‘’général’’ ) de 1960 à 1985 ( à l’exception sensible de l’année 1968 : 80% ), il y a eu une nette accélération du taux d’obtention au milieu de la décennie 1980 ( où l’on est passé des deux tiers aux trois quarts de reçus, lors de l’apparition du mot d’ordre de ‘’80% d’une classe d’âge au niveau du bac à l’horizon 2000’’ ), puis il y a eu une nouvelle stagnation du taux à cette nouvelle hauteur jusqu’en 1995, date à laquelle la rétractation progressive du nombre de candidats au baccalauréat général a été partiellement ‘’compensée’’ par une augmentation ( non moins continue ) du taux de reçus ( allant jusqu’à plus de 87% de taux de réussite en 2010 ).
Le nombre de lauréats du baccalauréat général dans une classe d’âge a doublé durant les années 1960 , passant de 10% à 20%. La ‘’massification’’ de ce baccalauréat a donc commencé, avec beaucoup de rapidité, dès le début de la Cinquième République. Le maximum du taux d’obtention par une classe d’âge du baccalauréat général a été atteint en 1995, à hauteur de 37%, pour redescendre à 34% actuellement ( en dépit de l’augmentation du taux de reçus ).
Par ailleurs, deux autres types de baccalauréats ont été créés et ont pris progressivement une place non négligeable. D’abord les baccalauréats technologiques – institués en 1969 - qui ont été obtenus par 17% de la classe d’âge en 2008 ( 1% de moins qu’en 1995 ) . Ensuite les baccalauréats professionnels - créés en 1985 - qui sont les seuls à avoir eu une progression de leur taux d’accès par classe d’âge depuis 1995 ( en passant de 8% en 1995 à 13% en 2008 ).
Mais il faut bien voir que les trois types de « baccalauréat » ( généraux, technologiques, professionnels ) qui sont certes ‘’juridiquement’’ ( mais non ‘’vraiment’’ ) des examens d’entrée dans l’enseignement supérieur sont en réalité très différents quant aux poursuites d’études effectives. Le taux global de poursuites d’études après ‘’le’’ baccalauréat est ( pour les lauréats de 2008 ) de 99,7% pour les bacheliers généraux, de 75,5% pour les bacheliers technologiques et de 23,4% seulement pour les bacheliers professionnels ( un drôle d’’’examen d’entrée’’ pour eux ).
Et, lorsqu’ils poursuivent leurs études dans le supérieur, les taux respectifs d’entrée dans les différents secteurs de l’enseignement supérieur sont très différents selon ces trois types de ‘’baccalauréat’’ . Ils sont respectivement de 54%, 21% et 7% pour l’entrée à l’Université ; de 14%, 2% et 0% pour l’entrée en classes préparatoires, de 11%, 13% et 3% pour l’entrée en IUT ; de 9%, 57% et 75% pour l’entrée en STS ; etc…
Sans compter, comme le montre le suivi de cohortes de bacheliers datant des premières années de notre nouveau millénaire, que les bacheliers technologiques ne sont que 13% à obtenir la licence en trois ans ( et 30% au total en cinq ans ) contre respectivement 45% et 71% pour les bacheliers d’enseignement général. Quant aux quelques 7% de bacheliers professionnels qui se risquent à tenter l’aventure d’entrer à l’Université, ils ne sont qu’à peine 10% à obtenir la licence en trois ans.
Vous avez dit ‘’le’’ bac ? Une légende ou une plaisanterie ( plus ou moins drôle ).
Billet de blog 14 juin 2011
«Le bac»: une fiction persistante et des réalités maussades
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