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Billet de blog 15 décembre 2008

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Le ministre de l'hésitation nationale diffère sa réforme

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Xavier Darcos, qui avait cru bon d’affirmer il y a quelques jours qu’il ne serait pas le ‘’ministre de l‘hésitation nationale’’ et qui avait présenté dimanche la énième mouture de sa réforme de la classe de seconde, s’est résolu à la différer d’une année, faisant preuve ainsi d’un esprit de décision et de continuité qui fera date.

Bien sûr les pressions ‘’amicales’’ de l’Elysée n’y sont pas pour rien, en raison en particulier de l’inquiétude suscitée par les mobilisations lycéennes. Mais le projet du ministre de l’Education nationale avait déjà subi des modifications – accélérées – significatives ( voire des métamorphose qui le rendaient quelque peu méconnaissable ).

Alors que dans un premier temps la durée hebdomadaire d’enseignement devait être réduite à 27 heures, elle était passée à 30 heures il y a une dizaine de jours, pour finalement atteindre 31 heures 30 dans le projet qui devait être présenté mardi et qui a été dévoilé dans l’interview donné par Xavier Darcos dans le dernier " Journal du Dimanche ". Les horaires du ‘’tronc commun’’ ( rassemblant les matières obligatoires pour tous ) passaient se faisant de 16 heures dans le projet initial, à 21 heures, puis 22 heures 30. Alors qu’il était question de réduire sensiblement les horaires d’enseignement ( et de rendre plus facile, du point de vue gouvernemental, la possibilité de suppressions de postes ) on arrivait finalement non seulement au niveau du statu quo en matière d’horaires hebdomadaires, mais même à une augmentation pour une part non négligeable de lycéens !

Dans la configuration de réduction de postes impulsée par le gouvernement, cela pouvait signifier une réduction des ‘’dédoublements’’ ( c’est à dire des dispositifs en demi-classe ou en petits groupes ) . Il faut savoir en effet qu’en mathématiques, en langues vivantes et plus encore dans les disciplines qui devaient devenir optionnelles, les heures dédoublées représentent actuellement d’un quart aux trois quarts du volume horaire. Alors qu’elles permettent de travailler la méthodologie et qu’elle créent des conditions propices à un travail plus suivi et plus individualisé ( qui était l’un des axes mis en avant justement par la réforme présentée initialement ) , il y avait fort à parier que les économies d’horaires ( et de postes ) pourraient se faire là ( au rebours finalement du sens de la réforme invoqué )…

On pourrait s’en moquer, et même en rire, si tout cela ne retardait finalement pas une réforme profonde de l’articulation entre le lycée et le supérieur, et surtout l’université. Pour faire vite ( bien trop vite ! ) le passage actuel vers l’Université est mal préparé : les lycéens ne sont pas suffisamment formés à être autonomes dans leurs études, et le système actuel de filières fortes, très différenciées et très hiérarchisés ( en particulier entre les enseignements généraux et technologiques ) n’est pas la meilleure solution pour optimiser leur réussite dans l’enseignement supérieur. Actuellement 35 % d’une classe d’âge obtient un bac général, et 16 % un bac technologique. Or, comme le montre le suivi de la cohorte de bacheliers datant des premières années de notre millénaire, les bacheliers technologiques ne sont que 13% à obtenir le licence en trois ans ( et 30% au total en cinq ans ) contre respectivement 45% et 71% pour les bacheliers d’enseignement général. L’horizon fixé par les experts internationaux pour les pays développés à l’horizon 2020, est que la moitié d’une classe d’âge réussisse à bac + 3. Les lycées et les universités ont beaucoup de progrès à faire !

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