L'électoralisme effréné de Sarkozy

En dépit de multiples mises en garde venant même des rangs de l’UMP, Sarkozy a non seulement annoncé qu’il maintiendrait la prise en charge par l’Etat des frais de scolarité dans les lycées à l’étranger, mais qu’il s’engageait à l’étendre aux classes de collèges.
Le président-candidat vient en effet de dévoiler ses propositions pour les Français de l’étranger dans une lettre de 11 pages où il s’engage notamment à étendre progressivement à toutes les classes de collège la prise en charge des frais de scolarité des Français fréquentant les 485 établissements français à l’étranger.
En mars 2007, lors des dernières présidentielles, il s’était déjà engagé par courrier spécial auprès des parents d’élèves français inscrits dans des lycées français à l’étranger à leur offrir la gratuité des frais de scolarité ( sans aucune condition de ressources pour les familles, et alors que beaucoup d’entre elles n’acquittent plus leurs impôts en France ). Selon les estimations du Quai d’Orsay, cela devait coûter à terme 265 millions d’euros aux contribuables.
Mais ( cf mon billet du 12 janvier 2009 ), «  un sénateur UMP avait failli tout gâcher en faisant voter par le Sénat, le 5 décembre 2008, un amendement créant un plafonnement des revenus des parents et des frais de scolarité des lycéens pour éviter que l’Etat ne prenne en charge des sommes indécentes en temps de crise sociale. Cependant, dans la nuit du 9 décembre, le gouvernement y avait mis bon ordre en supprimant l’amendement inopportun par la technique du vote bloqué, lors de la seconde délibération ».
La mesure a donc commencé à être appliquée au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, en débutant par les classes de Terminale dès la première année de son mandat. Mais le processus a été gelé en 2010 à la suite d’un « rapport parlementaire sur l’enseignement français à l’étranger » rédigé par trois députés : deux UMP et un PS . Le rapport rappelait que les frais de scolarité des enfants d’expatriés étaient auparavant cofinancés par les parents et les entreprises les employant, alors qu’à la suite de l’initiative de Nicolas Sarkozy, ils étaient désormais « assumés par le contribuable ». Les conclusions du rapport des deux députés UMP et du député PS dénonçaient même « un effet d’aubaine » pour les entreprises, et proposaient de « mettre en place un mécanisme de bourses d’études prenant en compte les revenus des parents ».
Tout cela est balayé sans vergogne par le candidat-président ( même en pleine crise financière …) ; et la prise en charge totale par l’Etat ( quelles que soient les situations et les ressources ) non seulement réaffirmée pour les lycées mais étendu aux collèges : une réélection vaut bien toutes les dépenses car les Français de l’étranger inscrits sur les listes électorales dépassent le million ! Une belle leçon  d’électoralisme effréné dont il faut remercier Nicolas Sarkozy de manière définitive.