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Billet de blog 23 novembre 2011

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Du bégaiement au passage à l'acte?

A la suite de la dernière convention de l’UMP sur l’éducation, on a une curieuse impression de «déjà vu», et que «l’histoire», comme on dit, «bégaie». Mais est-ce si sûr?

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A la suite de la dernière convention de l’UMP sur l’éducation, on a une curieuse impression de «déjà vu», et que «l’histoire», comme on dit, «bégaie». Mais est-ce si sûr?
Certaines des 30 mesures préconisées par l’UMP lors de cette convention sur l’éducation en vue des présidentielles et législatives de 2012 ont été particulièrement remarquées. Notamment celles-ci : 4) « Rendre publiques les évaluations-bilan existantes des écoles primaires et des collèges , afin de montrer la valeur ajoutée de chaque école et de chaque collège » ; 10 ) « Le renforcement de l’autonomie des établissements doit signifier la possibilité pour le chef d’établissement ( principal de collège, proviseur de lycée, mais aussi, à terme, directeur d’école ) de recruter librement son équipe enseignante et d’administration » ; 15 ) « Mettre en place une évaluation des enseignants par le chef d’établissement », les chefs d’établissement étant eux-mêmes notés « en fonction des résultats qu’ils obtiennent ».
En septembre 1999, le parti d’Alain Madelin, « Démocratie libérale », avait déjà indiqué clairement quelle devait être désormais l’orientation ultra libérale à suivre, et la méthode préconisée : « donner davantage de liberté et de responsabilité aux acteurs du système éducatif, rendre aux parents la liberté de choisir l’école de leurs enfants : on ne propose pas une énième réforme du système éducatif, comme ce fut la tentation au cours des dernières années, mais une méthode de changement pour une révolution tranquille ».
Et lors de la convention tenue par l’UMP sur l’Ecole le 22 février 2006, Nicolas Sarkozy a fait du « libre choix des établissements par les parents » son credo en arguant que le libre choix crée « une émulation entre les établissements et incite chacun d’eux à améliorer ses performances ».
Le sentiment d’un certain « déjà vu » se confirme lorsqu’on prend la peine de relire le programme l’UMP datant de 2007 en vue, là aussi , des présidentielles et législatives :13) « Permettre aux parents de choisir l’établissement scolaire de leurs enfants en assouplissant, puis en supprimant, lorsque les conditions en seront réunies, la carte scolaire » ; 6) « Donner plus de poids aux chefs d’établissements scolaires et revaloriser leur statut » 11 ) ; « Evaluer chaque établissement par un organisme indépendant et rendre public cette évaluation » ; 2) « Garantir la liberté pédagogique des enseignants en les évaluant sur les progrès des élèves et non pas sur les méthodes utilisées »
Bis repetita aussi, en cette année 2011, pour ce qui concerne les propos de Nicolas Sarkozy et de Luc Chatel sur la « révolution » en cours et sur la « méthode » préconisée ( dans la droite ligne de celle déjà tracée par « Démocratie libérale » en 1999 ). Le 11 juin , le chef de l’Etat n’a pas hésité à dire que l’éducation en est à sa « troisième révolution », après celle de Jules Ferry et celle de la ‘’massification ». Dans « Le Monde » du 28 août 2010, le ministre de l’Education nationale Luc Chatel avait déjà affirmé que « l’école doit aujourd’hui relever plusieurs défis […]. Tous ces défis reposent sur un changement dans notre manière d’appréhender la question scolaire. Sans bruit, une véritable révolution s’opère sons nos yeux. Une révolution copernicienne : nous sortons d’une approche quantitative du ‘’toujours plus’’ pour aller vers le ‘’toujours mieux’’. Une révolution silencieuse : l’école a moins besoin de grands soirs que de petits matins quotidiens ». Et, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, en septembre de cette année, Luc Chatel a repris avec constance et ostentation le thème de la « troisième révolution ». Comme pour toute « révolution », il s’agit bien sûr de « changer de base » ; mais « silencieusement » ( « insidieusement » ), car l’enjeu est en réalité de saper les bases et les principes mêmes du service public d’éducation.
Il paraît cependant y avoir ces derniers temps une nouveauté, de taille ; car, par delà le bégaiement des propositions et des propos ( présidentiels, ministériels, de l’UPM ), ne passerait-on pas aussi à l’acte dans un domaine qui semble de plus en plus stratégique : les modalités d’évaluation ? C’est en tout cas ce qui paraît se profiler avec les textes d’origine ministérielle rendus publics il y a quelques jours portant sur une évaluation des professeurs confiée aux chefs d’établissement. Un vrai défi, relevé immédiatement par les professeurs concernés.

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