Le 6 juin dernier, l'UMP a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour interdire les signes religieux dans les entreprises. Nous nous sommes opposés à cette proposition qui détourne le principe de laïcité de son sens. La droite s’est saisie du jugement rendu dans l’affaire de la crèche Babyloup pour caricaturer une nouvelle fois la question du port du voile et montrer du doigt les musulmans.
Nous combattons cette stratégie qui vise à rallier les électeurs du Front national en jouant sur les peurs et les divisions.
Aujourd’hui, les violences et les discriminations à l’encontre des citoyens de confession musulmane sont réelles. Le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme démontre une augmentation préoccupante. Récemment, à Argenteuil, une jeune fille a été agressée dans la rue simplement parce qu’elle portait un voile.
La droite sarkozyste porte une part de responsabilité dans ce climat délétère. Rappelons-nous également les discours inacceptables désignant les immigrés comme des boucs émissaires et excluant l'homme africain de l'histoire.
Les instrumentalisations du principe de laïcité ont dévoyé ce mot, qui renvoie désormais à l'idée d'exclusion d'une partie de la population française. Nous le regrettons. La laïcité doit être un outil pour permettre le vivre ensemble, dans un esprit de tolérance et d’ouverture. Historiquement, notre République l’a mise en place pour garantir la liberté de conscience (religieuse et philosophique). Il s’agissait d’un droit pour les croyants et les non-croyants : celui de ne pas être discriminé par l’État en raison de ses convictions. Dans ce but, la laicité a imposé aux agents du service public une obligation de neutralité (religieuse et politique) dans leur mission, et uniquement dans ce cadre.
À ce titre, nous sommes opposés à la proposition de loi adoptée au Sénat par les socialistes et les radicaux de gauche, qui interdit le port du voile par les assistantes maternelles à leur domicile. De la même manière, nous serons extrêmement vigilants à la future loi annoncée par le gouvernement pour renforcer la laïcité, en refusant tout élargissement à la sphère privée.
À une laïcité excluante, nous préférons le visage d’une République du respect, de l'ouverture et de l'égalité.
François Asensi et Clémentine Autain, 28 juin 2013.
François Asensi est Député de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, Députée suppléante.
Texte repris du tract distribué dans la circonscription de Sevran, Tremblay et Villepinte.
Edito de Cerises n°184