Théâtre/Livre. « Trois hommes sur un toit » de Jean-Pierre Siméon. Aux éditions Les solitaires intempestifs
La peur de la fin du monde est un sujet récurrent, chez les auteurs de tous les siècles. Pour Jean-Pierre Siméon, cette peur fantasmée ou bien réelle est une sotie à visée eschatologique : y aurait-il une espérance de vie pour trois hommes sur un toit entouré d’un déluge d’eau et de boue ?
Le vent, l’eau, les oiseaux… et le silence
Trois hommes sur un toit. L’eau monte. Une branche tient sa feuille accrochée, qui hoquette sur l’eau grise, avalée par la boue qui bouffe le ciel et le vent. La marque de boue, sur le visage des morts, est un masque de défaite. Il y a un « chef », il dit : l’eau simplifie tout; il faut être simple là où le simple commande. Mais Maurice refuse : qu’il y ait même le rêve d’un début de chef. Le prof observe : le silence à ce point c’est comme un truc bizarre qui colle à la peau. Oui, Trois hommes sur un toit, c’est simple comme le vent, l’eau, les oiseaux… et le silence.
Le monde était écrit à la craie et il se croyait tatoué dans le biceps de Dieu. J.P.Siméon
Jean-Pierre Siméon est un poète qui écrit pour écouter le silence. Son théâtre résonne comme un poème, ses vers sont libres, rythmiques, sans ponctuation. Il nous dit : L’homme est une bonne idée qui a mal tourné, et qu’il n’y peut rien s’il faut passer par les mots, cette balourdise humaine. Alors son écriture marche sur l’eau et réinvente le battement du coeur pour être loin de la technique. Quoi de mieux qu’un mirage où l’on voit marcher un arbre pour que l’impossible advienne. Qu’un inconnu nous dise : rien que vous puissiez comprendre en effet (…) quant à dire que cela est dans une langue humaine c’est vouloir bâtir un igloo avec le sable du désert. Et laissons encore écrire le plus beau vers du poème par Siméon : « le monde était écrit à la craie et il se croyait tatoué dans le biceps de Dieu ».
Jean-Pierre Siméon est né en 1950 à Paris. Agrégé de lettres modernes, il a enseigné à l’IUFM de Clermont-Ferrand. Ses poèmes ont été édités dans de nombreux ouvrages, il écrit aussi des romans, des livres pour la jeunesse, ainsi que quatorze pièces de théâtre, un essai sur le théâtre, sur Laurent Terzieff, et sur la nécessité de la poésie, notamment Aïe un poète ! et La Vitamine P.
Extrait
Écoute vieux
tu peux faire le chef tant que tu veux mais
épargne-nous les discours qui vont avec
et ta philosophie à deux balles
et oui tu as raison je ferais mieux
de me jeter dans cette boue grise
et molle qui a avalé le monde
le problème c’est qu’il me faudrait pour ça
un courage que je n’ai pas
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