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Billet de blog 16 avril 2014

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Ukraine : Que faire et que proposer ? 10 propositions personnelles alternatives (billet d'humeur)

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L'Europe et la France n'ont pas de politique indépendante sur l'Ukraine, comme sur bien d'autre sujets, où la pensée américaine est parole d'évangile. Tant d'ignorance et de poncifs préétablis et éculés sur la question ukrainienne fidèles à l'esprit "guerre froide" sont au plus haut point insupportables, tant ils peuvent paraître inadaptés à la situation actuelle. Avec d'autres amis, eux aussi consternés par l'absence d'ambitions et de grandeur de l'Europe et de la France dans le dossier ukrainien, nous vous proposons des solutions européennes (de source FRANCAISE) alternatives de résolution du conflit ukrainien résumées en 10 points :
1 - Constater que l’insurrection kiévienne a engendré un pouvoir de fait qui a déchiré l’accord entre le président légal et les partis d’opposition puis violé la Constitution en destituant Viktor Ianoukovitch avant le terme électoral de son premier mandat et en supprimant la Cour constitutionnelle qui aurait dû se prononcer sur cette destitution.
2 - Exiger que ce pouvoir de fait ne signe pas de nouveaux traités et n’engage pas de discussion avec l’OTAN afin d’apaiser les craintes justifiées de la Russie - le projet d’accord entre l’Ukraine et l’Union européenne comportant des clauses de coopération militaire.
3 - Exiger le désarmement et la dissolution des partis nationaux-socialistes (Svoboda, Pravy Sektor...) afin que la sécurité des personnes et les libertés publiques soient de nouveau garanties.
4 - Eviter que l’Ukraine ne tombe sous la coupe du FMI et ne subisse les effets désastreux d’une thérapie de choc en proposant à toutes les puissances européennes la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour le financement et le développement de l’Ukraine.
5 - Prendre au mot le président de la Fédération de Russie qui a déclaré le 04 Mars qu’il n’avait pas l’intention d’encourager les tendances annexionnistes, l’inciter à ne pas répondre favorablement aux différentes demandes de rattachement à la Russie de plusieurs villes d’Ukraine (de culture ukrainienne russophone, mais non russe) et soutenir sa proposition d’organiser la consultation de tout le peuple d’Ukraine en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution. négocier entre l'UE et la Russie un accord sur un retrait d'ici-là les troupes russes de Crimée et de leur placement sous contrôle européen et onusien, comme au Kosovo en 1999, avant d'organiser en Crimée un nouveau referendum d'autodétermination conforme au droit international et sous le contrôle d'observateurs internationaux (et en accepter le résultat, même si les pro-Russes l'emporteront sans doute par la voie démocratique, puisqu'ils sont largement majoritaires - 61 % de la population de la presqu'île est de nationalité russe + 27 % d'Ukrainiens, dont 20 % d'entre eux sont russophones et, donc, proches des Ukrainiens russophones de l'est de l'Ukraine, + 11 % de Tatars + 1 % de nationalités diverses).
6 - Encourager les partis démocratiques d’Ukraine à se concerter pour organiser les élections législatives et présidentielles hors de toute pression extérieure - qu’elle soit américaine, allemande, polonaise, russe - afin que le peuple ukrainien se donne librement de nouvelles institutions à partir du 25 Mai 2014.
7 - Favoriser l'adoption en Ukraine d'un système fédéral prenant modèle sur celui des Länder allemands, seule voie de survie de ce pays et d'équilibre entre ses parties est et ouest aux identités marquées.
8 - Appeler Kiev à rétablir le bilinguisme : Ukrainien/Russe.
9 - Créer une zone de libre-échange commune entre l'UE et l'Union eurasiatique regroupant les Etats des confins européens (Biélorussie, Ukraine, Caucase et Turquie), zone qui regrouperait des Etats aux problématiques similaires sous un statut juridique commun et qui servirait de base à un futur dialogue NECESSAIRE entre l'UE et la Russie.
10 - Demander aux autorités françaises d'être à l'écoute des différentes parties prenantes de la crise ukrainienne et de réfléchir, comme nous le faisons, en recherche d'une totale objectivité, à des solutions globales partagées.
Par ces propositions, nous ne souhaitons pas nous substituer à l'énorme travail des MAEE français et européens et de l'ensemble de nos représentants diplomatiques que nous respectons au plus haut niveau, mais nous entendons simplement proposer d'autres solutions européennes, nationales, indépendantes de la politique extérieure américaine et simplement portées par le patriotisme et le souci de résonnance de l'Europe et de la France à l'international qui nous animent.

David GAÜZERE

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