Autant le dire d'entrée, ce qui suit n'est pas de moi: " Dans une lettre à son professeur Georges Izambard, Rimbaud prévenait : « C’est faux de dire : je pense. On devrait dire : on me pense. » Le poète en herbe avait eu l’intuition de l’aliénation par décentrement du sujet. Il signifiait non seulement que tout passe par le langage, mais que tout est dans le langage. Les mots ne nous appartiennent pas parce que nous leur appartenons (...)"
Ce préambule est de Bernard Gensane, que vous pourrez lire ici
Un autre extrait:
" (...) Si la langue anglaise jouit de ce statut, ce n’est pas parce qu’elle est « pratique », « facile ». Orwell disait que parce que l’anglais semblait facile au premier abord, il était facile de la mal parler. Non, il se trouve que, depuis 1945, l’anglais ou, plus exactement, le sabir atlantique repéré par Étiemble il y a plus de cinquante ans, est la langue du dollar, de la CIA, de l’aéronautique mais aussi de l’industrie de l’armement, des accords culturels et économiques Blum-Byrnes (une semaine par mois de films français, trois semaines de films étatsuniens), de MTV, de CNN, du sport professionnel etc.
Pour penser dans l’idiome dominant, même si on ne le parle pas, il faut se décentrer, accepter plus ou moins consciemment d’être pensé par l’Autre. Donc ne plus penser par soi-même, utiliser les mots et les concepts de l’Autre, dans sa langue, comme dans la nôtre. (...)"
Ces mots viennent à point, alors que notre sinistre de l'éducation veut, nonobstant l'inutilité ou même la nocivité de la chose, introduire un simulacre d'enseignement d'anglais à la maternelle (j'y reviendrai...).
Là comme ailleurs, la droite prédatrice est à l'oeuvre pour déconstruire (la bonne acquisition de la langue maternelle) sous prétexte de modernité ou d'efficacité. En fait, il ne s'agit que de bourrage de crâne et de démagogie...