Il y a 40 ans, le Maroc a organisé la Marche Verte, un convoi de 350 000 personnes totalement pacifique, pour récupérer sa souveraineté sur les territoires du Sud, le Sahara occidental, colonisé par l’Espagne.
Le régime franquiste, agonisant, a cédé. L’accord de Madrid a transféré l’administration de ce territoire au Maroc. La Cour de la Haye, avait précédemment jugé que des liens historiques légitiment la souveraineté marocaine, les populations ayant de manière continue, depuis des siècles, fait allégeance aux rois du Maroc. Pour des raisons géo-politiques, l’Algérie et la Libye de Kadhafi, ont créé le Polisario et un conflit factice qui dure depuis 40 ans.
Depuis, le Maroc a réussi dans ce grand territoire saharien un vrai miracle. Les populations ont été sédentarisées à 100%. Le taux d’urbanisme est effarant, et chaque agglomération a accès aux infrastructures de base, à l’eau potable, à l’électricité dans des conditions proches de la gratuité.
Cette fois, c’est un plan quinquennal, on parle d’une enveloppe de plus de quatorze milliards d’euros, qui sera annoncé lors d'une visite du roi Mohammed VI à Laayoune, Dakhla et Guélmime, visite qualifié par la presse marocaine d'historique . Il vise à faire de cette région un vrai pôle de développement économique.
Malheureusement, le conflit bien qu’oublié, reste omniprésent. Le cessez-le-feu est en vigueur depuis 22 ans. Le Conseil de sécurité renouvelle tous les 6 mois la mission de la Minurso, chargée de faire respecter le cessez-le-feu. La diplomatie algérienne, depuis des années, tente d’étendre ce mandat, en vue d’atteindre la souveraineté marocaine, mais sans succès. Les grandes puissances, même si elles soutiennent la proposition marocaine d’autonomie élargie, préfèrent maintenir le statuquo à un affrontement avec l’Algérie, dont le potentiel en hydrocarbures les intéresse toutes.
Mais ce statuquo, devient très coûteux pour tout le monde. Sur le plan sécuritaire, les jeunes des camps de Tindouf, désœuvrés, sans perspectives, ne jouissant d’aucun droit de refugiés, sont des proies faciles pour les Jihadistes et les mafias criminelles sévissant au Sahel. Ils alimentent l’AQMI, le Mujao, mais aussi les trafics internationaux en recrues.
Sur le plan économique, ce conflit, même larvé, empêche toute intégration régionale. Or, le contexte explosif sur le plan sécuritaire, est aussi explosif sur le plan socio-économique. Malgré tous ses atouts, cette région est incapable de viser une prospérité partagée. L’instabilité en Libye et en Tunisie, ont projeté des millions de personnes dans la précarité, au moment où la baisse des cours de pétrole plombe l'économie de l’Algérie.
L’intégration économique ferait de cette région, un potentiel de croissance non seulement pour ses populations, mais aussi pour les pays du pourtour méditerranéen.
La France a un rôle à jouer. Historiquement, elle a des liens très forts avec les deux parties du conflit, le Maroc et l’Algérie. Quelle que soit la majorité, elle a fait en sorte de les maintenir. Aujourd’hui, il appartient à sa diplomatie d’utiliser ces liens pour pousser les deux pays vers une solution définitive et un partenariat de raison. Ceci pour une raison très simple, c’est que plaider pour le statuquo dans l’affaire du Sahara et appeler à la coopération régionale est un non-sens, puisque l’on sait que c’est le premier qui freine la seconde.
Les développements de la crise en Algérie, qui contrastent avec les réalisations du Maroc, en termes de réformes, mais aussi d’expansion économique, ont créé une nouvelle situation dont il faut tenir compte.