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Billet de blog 9 juillet 2013

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Un vrai plan de modernisation pour la police nationale

Le ministre de l’Intérieur annonce, pour la rentrée, le lancement d’un projet de modernisation des forces de sécurité.

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Outre le fait, qu’une fois encore, les policiers et leurs représentants sont avisés de cette annonce par voie de presse comme ce fut le cas pour le déploiement des ZSP ou le redéploiement police/gendarmerie, ces paroles, prononcées au forum TAC (Technology Against Crime) à Lyon, méritent qu’on s’y arrête un instant.

De quoi est-il donc question ? D’une police « qui s’appuie sur des ressources humaines, mais qui est aussi capable de s’appuyer sur l’innovation, l’intelligence, les nouvelles technologies… ».

Manuel Valls a raison, la police a besoin d’effectifs. Il a d’ailleurs mis fin à la Révision Générale des Politiques Publiques et donné une nouvelle impulsion passant les recrutements de policiers de 500 en 2011 à 2 432 en 2013. Le ministre de l’Intérieur a également raison en affirmant que les nouvelles technologies peuvent être très utiles. Pour autant, si ces technologies sont indispensables, elles sont considérablement budgétivores et, poussées à l’extrême comme ce fut le cas ces dernières années en matière de vidéosurveillance, elles peuvent constituer un véritable « mirage technologique ». Cette vidéosurveillance qui a englouti, en une décennie – faut-il le rappeler ? – une très grande partie des budgets de la prévention de la délinquance. Tout cela pour ne permettre qu’une aide à l’élucidation marginale2 (de 1 à 3 % de faits). Le jeu en valait-il la chandelle ? N’y a-t-il pas eu là un certain emballement des pouvoirs publics à généraliser cette technologie qui peut être utile dans certains endroits et totalement inutile ailleurs ?

Gageons pourtant que les industriels du marché de l’insécurité présents au forum TAC ont pu se montrer convaincants auprès du ministre. Il est pourtant primordial, avant de se lancer dans une nouvelle course à l’armement, de peser le rapport prix/utilité des investissements qui sont envisagés. Sur ce point, seuls de véritables spécialistes totalement indépendants et s’appuyant sur des statistiques fiables peuvent éclairer le débat. De vrais spécialistes qui ne tirent, de près ou de loin, aucun profit du marché de l’insécurité.

Il semble donc nécessaire, au regard des pratiques usitées par le passé dans ce domaine, d’appeler à la plus grande vigilance. La police française a besoin de moyens. Mais les gels budgétaires annoncés dans les services actifs n’incitent pas à la prodigalité ou aux annonces démesurées. Et, si des moyens doivent être dégagés, ils doivent être concentrés en direction des policiers qui, aujourd’hui encore, en sont davantage à la recherche d’une déclochardisation de leurs conditions de travail qu’à celle de l’accès aux technologies révolutionnaires. Pierre Joxe, en son temps, avait impulsé un plan de modernisation de la police nationale. Il aura coûté 2.3 milliards de nos actuels euros3entre 1986 et 1990. Notre ministère dispose-t-il de pareils moyens en cette période économiquement difficile ? Rien n’est moins sûr.

1 Dépêche AEF Sécurité Globale n° 9360 du lundi 8 juillet 2013

2 « La vidéosurveillance est-elle une réponse efficace à la délinquance » par Tanguy Le Goff ici

3 Une histoire criminelle de la France par Alain Bauer, Christophe Soullez (Odile Jacob) page 241

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