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Billet de blog 17 décembre 2008

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La France... une Démocratie pluraliste ou une monarchie républicaine ?

Depuis des mois et des mois, on entend dans les médias cet argument asséné à tout bout de champ:un parti avec 3 députés... pour disqualifier le Mouvement Démocrate. Or, le parlement français ne représente pas du tout les courants politiques du pays, la constitution et son système électoral encourage la servilité des "petits partis" qui doivent se coucher devant l'un des deux grands pour avoir des chances d'avoir des députés ou sénateurs. Voici les résultats du 1er tour des législatives, moment où l'on voit le poids politique réel des candidats et des partis:

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis des mois et des mois, on entend dans les médias cet argument asséné à tout bout de champ:un parti avec 3 députés... pour disqualifier le Mouvement Démocrate. Or, le parlement français ne représente pas du tout les courants politiques du pays, la constitution et son système électoral encourage la servilité des "petits partis" qui doivent se coucher devant l'un des deux grands pour avoir des chances d'avoir des députés ou sénateurs.

Voici les résultats du 1er tour des législatives, moment où l'on voit le poids politique réel des candidats et des partis:

C'est ainsi qu'un parti comme le PC ou le Nouveau Centre ont des sièges en nombre, alors qu'ils ne dépassent pas les 5%:

PC- 4,29% = 15 sièges - Nouveau Centre - 2,37 % = 23 sièges. On observe déjà une anomalie assez malsaine...

Par contre, un mouvement politique un mois à peine après sa création, le Mouvement Démocrate, avec des candidats qui n'avaient jamais fait de politique avant, totalement inconnus, obtient dès sa première participation 7,61% des suffrages... se positionne comme troisième force politique du pays dès son lancement... mais n'obtient que 3 sièges à cause des jeux d'alliances du second tour auquel il a refusé de se soumettre.

On est en droit de se poser des questions sur ce système politique aberrant, soutenu à bras le corps par les deux grands partis qui en profitent. Ceux-ci ont refusé de concert la modification de la Constitution il y a peu qui aurait permis de modifier ce système pernicieux, non respectueux du pluralisme.

Voici la structure actuelle de l'Assemblée Nationale française:

En fait, pour être élus, les députés doivent faire allégeance soit à l'UMP - comme le Nouveau Centre ou les Divers droite ou le MPF - soit au PS, comme les Verts, les RDG, les Divers gauches et le PCF. Sinon, pas d'élus.

Il n'y a que le Mouvement Démocrate qui a présenté des candidats sans faire allégeance et s'est trouvé confronté aux deux grands partis qui ont tout bien verrouillé pour garder le pouvoir.

Les citoyens n'ont plus que le choix de "l'alternance"... Qui n'en est pas une, car les uns détiennent le pouvoir local, les autres le pouvoir national. La seule solution pour changer étant de reprendre les autres, ad libitum...

Dans le pays où je vis, tout parti ayant dépassé la barre des 5% - ce qui évite un morcellement à l'italienne et est représentatif d'une certaine force politique - a droit à siéger de plein droit au parlement.

Et soucieux de la cohérence à donner à la politique sur le long terme, ils se retrouvent sur des sujets importants et divergent sur d'autres, c'est le jeu du débat démocratique. Comme le disait d'ailleurs Cohn-Bendit au parlement européen qui lui ressemble dans sa structure et son système: http://videos.nouvelobs.com/video/iLyROoafJznc.html

Le Monde a d'ailleurs fait une simulation lors des dernières législatives, la voici:

Le Monde dit que ce système est "compliqué". Il est pourtant très simple, logique et respectueux des courants politiques du pays, ce qui ne donne pas aux citoyens le sentiments de devoir se vendre ou s'applatir devant un autre et faire des compromissions pour être élus.

Il est grand temps de s'engager pour une nouvelle constitution, celle qui a été imposée à grands coups de marchandages - un poste ici, un autre là - est lamentable et peu démocratique.

Comme on le voit, les choses seraient très claires, il y aurait à l'Assemblée Nationale l'UMP, le PS et le Mouvement Démocrate avec 61 députés. Ce qui représenterait exactement les forces en présence ayant plus de 5% des suffrages au niveau national.

Je prétends donc que la France n'est pas une vraie démocratie, que ce système est maintenu en l'état pas les deux grands partis qui en profitent et utilisent l'argument totalement faux du désordre de la IVème République qui était plutôt ce que l'on connaît en Italie.

Sans AUCUN rapport avec le système ci-dessus, totalement stable et démocratique. Chaque mouvement politique se présentant seul devant les citoyens électeurs. C'est le peuple qui décide qui va à l'Assemblée et non pas les partis, comme c'est le cas en France, par toutes les allégeances et magouilles...

Voici le Bundestag élu selon ce système:

On y voit beaucoup plus de stabilité et de pluralisme. Cinq mouvements politiques ont dépassé la barre des 5%.

Les citoyens sont habitués à la démocratie dès la maternelle où ils en font l'apprentissage pratique jusqu'au bac.

Au collège et au lycée, ils ont des cours de sociologie et de politique.

Ils adorent faire des "panachages" lors des élections, pour éviter qu'un parti n'ait trop de pouvoir.Voici le système de vote et le bulletin utilisé pour les législatives:

Chaque électeur met 2 croix, l'une sur le côté du candidat local, en fonction de ce qu'il connaît de lui, s'il l'apprécie ou non, l'autre pour le parti de son choix.(J'ai toujours mal au coeur quand je vois les tonnes de papier jetées en France pour les élections, tous ces "bulletins de vote" dans les corbeilles, jetés pour rien... ici un seul bulletin par citoyen)

C'est là qu'intervient le "panachage". L'électeur peut voter pour un candidat d'un parti qui n'est pas forcément de son bord, s'il fait un bon travail et vote aussi pour son parti. C'est ce qui est impensable en France où les gens ont été dressés à penser en clan, où on ne vote jamais pour quelqu'un qui n'est "pas de son clan" même s'il fait un excellent travail.

Lors du dépouillement, le candidat local qui a recueilli le plus de voix est élu. A la fin du scrutin, on fait les comptes des pourcentages obtenus par les partis qui envoient un nombre de députés supplémentaires pour corriger la différence. Je trouve ce système très équilibré et respectueux des suffrages des citoyens. Pas de marchandages, pas d'allégeance. Chacun est face à ses électeurs.

Chaque parti donne ses volontés ou non de coalitions avec les autres. Et un contrat de gouvernement précis est négocié et conclu par les partis qui acceptent de travailler ensemble.

Dans cette constellation, les sociaux-démocrates (rouge) souhaitaient s'associer aux Verts, mais ils n'avaient pas de majorité ensemble.

Les "jaunes", FDP, libéraux, avaient affirmé qu'ils ne s'allieraient qu'avec les Chrétiens-Démocrates (noir), ni avec les rouges, ni avec les Verts.

Les Verts refusaient une alliance avec les Chrétiens-Démocrates (noir) (ce qu'ils ont fait au niveau local à Hambourg, toute la république observe cette expérience qui marche très bien sur la base du contrat de gouvernement précis.)

Pas question pour les partis démocratiques d'alliance avec Die Linke, parti issu du parti SED ayant exercé la dictature en Allemagne de l'Est et prônant encore aujourd'hui des méthodes non démocratiques.

Il ne restait plus que la grande coalition pour poursuivre les réformes, c'était ce que le pays souhaitait avant les élections dans tous les sondages d'opinion. C'est ainsi qu'Angela Merkel est devenue Chancelière, élue par cette assemblée devant laquelle son gouvernement est responsable.

Enfin voici le parlement européen où l'on voit aussi le pluralisme démocratique, élu d'après un système électoral à la proportionnelle, semblable à celui qui existe preque partout en Europe - hors de France:

Le mode de scrutin est à la libre appréciation de chaque État membre. Cependant, il est soumis à trois règles :

  • le système doit, au niveau de chaque État membre, être sous la forme de la représentation proportionnelle.
  • la zone électorale de chaque État membre peut être subdivisée si elle n’affecte pas la nature proportionnelle du système.
  • le seuil, au niveau national, en dessous duquel les votes ne donnent pas de députés ne doit pas excéder 5 %.

Le nombre de sièges alloués à chaque État membre est fondé sur le principe de la proportionnelle dégressive.

Il n'y a qu'en France que l'on voit un système électoral aussi injuste.

Il est temps de penser à le modifier... pour sortir de cette "monarchie élective"...

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