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Billet de blog 7 février 2015

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Erri de Luca : "L'ultimo"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.


traduction par mes soins d'un texte d'Erri de Luca, paru sur le site de sa fondation le 3 février 2015

http://fondazionerrideluca.com/lultimo/

Le dernier

Si cela était arrivé à un autre écrivain, poète, philosophe, savant d'être poursuivi judiciairement pour sa « parole contraire », je serais allé à son procès. J'aurais voulu écouter les arguments du ministère public et de la partie civile, pour savoir à quelle époque et dans quel pays je me trouve.

Dans la salle d'audience du tribunal de Turin, ce 28 janvier 2015, il y avait, debout comme dans un tramway, une petite foule de lecteurs.

Comme écrivains, il y avait un homme, Fabio Geda, et une femme, Laura Pariani, présents à titre personnel et non représentatifs d'un groupe de personnes partageant le même avis.

En sus de cette assemblée devant cette salle d'audience, durant les jours précédents d'autres groupes de lecteurs se réunissaient pour lire à haute voix les pages d'un écrivain inculpé. Je ne crois pas que cela soit déjà arrivé auparavant, une telle volonté de défendre par des temps de lecture un écrivain subissant un procès. Dans des petites et des grandes localités en Italie et à l'étranger, la défense publique, spontanée et unanime, a répondu au ministère public.

J'espère que cela ne va pas attrister mes avocats, Alessandra Ballerini et Gianluca Vitale, que je reconnaisse le premier rôle dans ma défense à ces lectures. Je le reconnais ensuite à l'éditeur de mes livres, Feltrinelli, qui a voulu publier “La Parola Contraria” à un prix minime, décision favorable à une bonne diffusion.

C'est le même chose en France, en Allemagne, en Espagne. Je suis redevable à la presse étrangère d'une attention à mon égard qui oblige la nôtre (ndrl : la presse italienne) à suivre le procès avec un embarrassant effort d'objectivité. 

Quand bien même se poursuive le parcours judiciaire, j'ai pu expliquer ma position.

C'est pour cette raison que je ne ferai pas appel en cas de condamnation. Mon « paquet de sel », je l'ai déjà répandu sur le terrain de l'accusation

pour qu'elle ne puisse plus être utilisée une seconde fois. Je ne suis pas le premier écrivain à être poursuivi pour ses écrits, je souhaite être le dernier.

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