Monsieur le Président,
C'est avec amertume mais presque sans surprise que j 'ai appris que vous useriez du sobriquet de "sans dent"pour désigner les pauvres.
Je suis fille de ces pauvres de la République, mais qui sont riches d une dignité encore vivante.
je me console à la pensée que la main qui cache leur bouche édentée, témoin de leur misère sous les ors de la République, peut encore tendre la main à plus pauvre que lui.
Avec tout le respect dû à la fonction que vous exercez, peut être grâce à la voix de ces "sans dent", je me permets de vous rappeler à cette dignité que votre poste de représentant dudit peuple exige.
C'est grâce à la République, que moi, fille de "sans dent" de surcroît analphabète, j ai eu la chanse d'étudier sur les bancs de l'école les poèmes de Victor Hugo, la voix des "sans dent" de son siècle. N'y aura t il aucune voix maintenant pour porter leur dignité bafouée jusqu'à votre palais?
Fière de mes parents et frères "sans dent" qui ont construit et défendu ce pays, veuillez croire, Monsieur le Président de la République, en mes sentiments désabusés mais néanmoins respectueux du représentant des "sans dent"que vous êtes encore à ce jour.