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Billet de blog 15 janvier 2014

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Au nom du débat public

Ceci est un billet à l'attention des lecteurs dubitatifs, voire en colère, au sujet du traitement par Mediapart de l'affaire de la rue du Cirque. Je crains qu'il n'y ait un gros malentendu. La... clarification s'impose.

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Ceci est un billet à l'attention des lecteurs dubitatifs, voire en colère, au sujet du traitement par Mediapart de l'affaire de la rue du Cirque. Je crains qu'il n'y ait un gros malentendu. La... clarification s'impose.

Ces lecteurs nous opposent depuis deux jours l'argument selon lequel Mediapart aurait affirmé dimanche que le « propriétaire » de l'appartement était lié au grand banditisme, alors que c'est un paisible retraité. Ce n'est pas vrai.

Dimanche, Mediapart a écrit sur la locataire de l'appartement, Emmanuelle Hauck, celle qui prête les lieux pour les rencontres sercètes de Hollande dont il est également longuement question ici. Il a été mentionné que l'appartement de la rue du Cirque était « au nom » de Michel Ferracci, tout simplement parce que, comme cela était indiqué dans ce même premier article, son nom figure sur la boîte aux lettres, ses enfants y vivent et les lignes de téléphone et de fax sont à son nom. Jamais il n'a été affirmé qu'il en était le propriétaire, pour la simple et bonne raison que Mediapart indiquait qu'Emmanuelle Hauck, son ex-femme, était locataire...

De toute évidence, la formule « au nom de » a créé de la confusion, mais la bonne foi impose de dire, je crois, qu'elle ne permet pas d'affirmer que Mediapart a prêté la propriété de cet appartement à un homme lié au grand bandistime corse tout simplement parce que la suite de l'article racontait l'inverse.

Reste que cette mauvaise polémique sémantique nous éloigne totalement du fond de l'affaire. Le sujet est bien celui de la “logeuse”, de ce que les policiers appellent entre eux les « antécédents » de l'appartement et de la sécurité du président. Je parle de la sécurité de la fonction, pas de la personne. Je parle de nous, pas de François Hollande.

Entre un ancien directeur du Wagram, pompe à finances de la Brise de Mer, condamné par la justice (Michel Ferracci), un ex-compagnon assassiné fin mai sur fond de règlement de comptes mafieux (François Masini) et des liens étroits avec un acteur clé du système de blanchiment du grand banditisme corse, condamné aussi (Jean Testanière), personne ne peut contester factuellement que la “logeuse” de François Hollande entretient des liens personnels et continus avec des hommes liés au grand bandistisme corse. Sans oublier que des écoutes téléphoniques ont montré qu'un homme présenté par la justice comme l'une des figures du milieu corse (Jean-Angelo Guazzelli) est « à fond pour elle ». C'est un fait, documenté et recoupé. Qu'elle ait été condamnée ou pas ne change rien à l'histoire.

Ce n'est pas Mediapart qui invente que cela pose un problème pour la sécurité du président de le République. Ce sont les policiers spécialisés en la matière qui le disent. Leur mission est à la fois de protéger l'image du chef de l'Etat mais aussi d'éviter qu'il ne se mette dans la moindre situation éventuelle de chantage de la part d'un gang mafieux. Le simple fait que des agents du grand banditisme corse, contre lequel l'Etat français tente de mener bataille tant bien que mal, ait pu faire pression sur le président au sujet d'une relation privée qu'il cherche à cacher est une information d'intérêt public.

Il n'y pas la moindre goutte de "moraline" là-dedans. Le président fait ce qu'il veut de sa vie privée. Mais ce n'est pas du tout de cela dont Mediapart parle ici.