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Billet de blog 13 novembre 2011

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Membres de familles étrangères en rétention du Mesnil-Amelot: 20. Expulsés: 0

La zone réservée aux familles en voie d'expulsion dans le nouveau centre de rétention de l'aéroport de Roissy a un fonctionnement décevant. Certes, plusieurs familles y ont été "accueillies" depuis trois mois. Mais leur détermination à retrouver leur vie reconstruite en France, épaulée par associatifs, élus et avocats, a été couronnée par leur libération, ordonnée par le tribunal.

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La zone réservée aux familles en voie d'expulsion dans le nouveau centre de rétention de l'aéroport de Roissy a un fonctionnement décevant. Certes, plusieurs familles y ont été "accueillies" depuis trois mois. Mais leur détermination à retrouver leur vie reconstruite en France, épaulée par associatifs, élus et avocats, a été couronnée par leur libération, ordonnée par le tribunal.

Un nouveau centre de rétention administrative (CRA) a été ouvert le 1er août 2012 au Mesnil-Amelot, village de Seine et Marne, sous le fracas des avions atterrissant à l'aéroport de Roissy-Charles De Gaulle. Ce centre exemplaire comporte une zone spécialement réservée aux familles. Jusqu'à nouvel ordre, l'association autorisée à intervenir dans ce CRA pour assister les personnes enfermées dans leurs démarches judiciaires est La Cimade

30 août 2011

Une famille géorgienne a eu le douteux honneur de l'étrenner le 30 août. Il s'agit de trois enfants nés en France (5 ans, 2 ans, 1 an) et de leur mère (26 ans, en France depuis sept ans), tous interpellés à leur domicile à Guéret (Creuse) et promis à l'expulsion. Le père, absent au moment de l'arrestation, n'est pas là.

Les observateurs de l'enfermement présents auprès du CRA rapportent: "Apparemment, ils ont commencé à subir des pressions de la part de la préfecture après la fin du délai de départ volontaire de l'OQTF (ndlr. Obligation de quitter le territoire dans les 30 jours, accompagnant le refus de séjour décidé par le préfet). La mère a été convoquée le 26 août à la préfecture qui voulait savoir où elle en était des démarches pour partir d'elle-même avec sa famille. Comme elle a signifié à la préfecture qu'elle ne voulait pas partir, la préfecture lui a dit qu'elle partirait le 30 août, date à laquelle ils sont effectivement venus la chercher à son domicile avec ses enfants, vers 11 heures du matin. Ils ont ensuite été emmenés au commissariat pendant une trentaine de minutes et sont arrivés au Mesnil à 18h50. Les intervenants du Mesnil ont pu rencontrer la famille ce matin, contacter l'avocat etc...la famille a  ensuite été emmenée à l'hôpital vers 10h30 pour une consultation médicale notamment pour la petite fille qui est malade depuis quelques jours, d'après ce que nous a dit la mère".

En route pour l'expulsion, le recours contre le refus de séjour qui les frappe doit être examiné en urgence par le Tribunal Administratif (TA) de Melun. Ce sera le 2 septembre. Plaidoiries de l'avocat de la famille, venu de Bordeaux, et d'une avocate parisienne au nom de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et de l’association Avocats pour la défense des Droits des Etrangers (ADDE). La famille est parfaitement intégrée dans le village de la Creuse où ils ont été cueillis sur le parking, devant chez eux, le 30 août au matin. Le refus de séjour porte une atteinte évidente à la vie privée et familiale. Leur vie est ici, leurs amis sont ici… et la famille est séparée, la vie familiale rompue.

A la reprise de l'audience, le juge annonce que le TA annule toutes les mesures. "Lucas comprend tout de suite et lève les bras au ciel, un grand sourire aux lèvres.Quelques signatures plus tard les voici libres, sur le parking du TA deMelun (et non sur le leur, devant chez eux…). Reste à rentrer. C’est leuravocat qui se charge de les remettre dans un train".

3 octobre 2011

"Enfermés depuis cinq jours au CRA du Mesnil-Amelot, E., trois ans et demi, E., six ans, et leur deux parents ont quitté les grilles du centre de rétention pour le Tribunal Administratif, vraiment beaucoup de policiers plutôt accommodants dont certains en civil!! Ils nous ont expliqué qu'ils utilisaient cette tenue quand il y avait des enfants!! Une avocate commise d'office acceptant les éléments que nous avons apportés annulation de la rétention. La famille est libre.

Une après-midi entière a essayer de trouver un hébergement car ils étaient à la rue avec tous leurs bagages".

20 Octobre 2011

"La famille L. (deux parents et un bébé) a été arrétée ce matin , ils sont en route pour le centre de rétention du Mesnil Amelot, en région parisienne. Ils sont sur le point d'être "reconduits à la frontière" du Kosovo. Les deux autres enfants du couple, âgés de 13 et 11 ans échappent à cette interpellation car ils se trouvaient à ce moment là auprès de leur grand-mère, qui elle aussi, est sous le coup d’une mesure d’éloignement".

Le père appartient à la minorité Goran, ethnie slave et musulmane, dont les membres sont considérés par les Albanais du Kosovo comme des traîtres apparentés aux Serbes. La mère, quant à elle, est Albanaise du Kosovo. Ils étaient, pour cette raison, en butte à des agressions verbales et physiques jusque dans leur maison. Les enfants subissaient brimades et violences à l’école, ils étaient vus comme des bâtards. A la fin, ils ne voulaient plus aller à l’école. En 2009, la famille est venue en France pour pouvoir y vivre en paix.

Après cinq jours d'enfermement, un départ en avion étant prévu pour le 25 octobre, leur recours contre la décision du préfet de Belfort est examiné le 24 octobre par le Tribunal Administratif de Melun, qui les libère: la mesure prise par le préfet n'était pas conforme à la loi.

26 Octobre 2011

Ce matin, à Nancy, la police est venue arrêter monsieur M. et ses quatre enfants (la maman était absente du domicile) pour les conduire au CRA de Mesnil Amelot près de Roissy dans la volonté de les renvoyer en Russie, où le papa est toujours recherché par le FSB.

Plusieurs jours d'enfermement plus tard, nouvelle audience du TA de Melun, plaidoirie très argumentée, rigoureuse, concentrée, efficace d'une avocate venue de Nancy. Ils sont libres! La fille ainée (14 ans) conclura par un "je suis très contente".

Elle a écrit au Président de la République. "Chère M. Sarkozy, (…) je suis née en Tchétchénie (…). Si je vous écrit, c'est parce que j'ai un gros problème. (…) Ça me déplairais pas de retourné en Tchétchénie, c'est seulement que mon père se ferait tué, je devrais réapprendre le Russe en plus de l'allemand et le français que je sais. (…) Je change d'école sans arrêt et j'aimerais terminer ma scolarité en France car les écoles et les collèges sont bien et je suis la première en français (…). J'aimerais vivre comme dans une famille normale, avec des parents qui travaillent (ndlr. Les étrangers sans titre de séjour n'ont pas le droit de travailler)"

Puis ils sont tous repartis pour Nancy.

1 novembre 2011

La famille N. (père Serbe du Kosovo, mère Albanaise, deux enfants) a été arrêtée à 6h15 du matin, dans la chambre d’hôtel où elle logeait à Hayange (Moselle). Cette famille est connue et accompagnée dans ses démarches par des citoyens français.

Conduits au Mesnil-Amelot, leur départ est prévu dès le lendemain matin, avant toute intervention de la justice. Mais, au moment d'embarquer, la fille aînée (12 ans) parvient à forcer les policiers à les laisser demander l'asile. "Un chef est venu à la fin, a dit on examine votre demande, dans une heure on vous dira, puis il est revenu: vol annulé! vous êtes protégés jusqu'au 6 novembre. Tout le monde nous sourit maintenant et nous donne à manger. On m'a proposé du chocolat. Ils disent qu'on sortira avant le 6 novembre. L'infirmière est venue reprendre un rendez-vous, elle rigolait cette fois."

Il y aura donc un passage devant le TA de Melun le 4 novembre, plaidoirie de l'avocate de la LDH, et libération. La place des enfants n'est décidément pas derrière les grilles.

Cinq familles, 20 personnes interpellées, transportées d'un peu partout à Roissy, enfermées... pour être libérées par la justice. Faut-il y voir de la maladresse, le signe d'un préfet saisi par l'angoisse du chiffre à l'approche de la fin de l'année, ou bien une résistance larvée des forces de l'ordre?

Martine et Jean-Claude Vernier

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