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Billet de blog 26 novembre 2008

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Le p’tit truc des filles

Que penser d’une société qui se ferme au point que des familles étrangères installées en France en arrivent à invoquer une réalité aussi intime que la sauvegarde du ‘’p’tit truc des filles’’ pour tenter de se protéger contre le saccage de leurs vies que serait l’expulsion ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Que penser d’une société qui se ferme au point que des familles étrangères installées en France en arrivent à invoquer une réalité aussi intime que la sauvegarde du ‘’p’tit truc des filles’’ pour tenter de se protéger contre le saccage de leurs vies que serait l’expulsion ?

Un matin blafard de novembre, dans la salle d’attente de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), une cinquantaine de personnes sont assises. Elles ont été convoquées pour un entretien qui décidera de la suite donnée à leur demande d’asile. Dans cette atmosphère d’attente anxieuse, des fillettes jouent entre les rangées de sièges. Regards rieurs, sourires enjôleurs. Que font-elles ici, au milieu de ces adultes de toutes origines ?

Elles sont pour la plupart nées en France. Leurs parents sont maliens, guinéens, ivoiriens, sénégalais... Ils viennent demander le statut de réfugié qui leur permettra de les protéger contre le risque réel d’excision, au cas où ils seraient renvoyés dans leur pays d’origine. En France, cette mutilation est interdite et lourdement sanctionnée (Code pénal, art. 222-9 et s. et 222-16-2).

Mais pour les peuples de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, malgré une évolution de la législation, cette pratique bien antérieure à l’arrivée de l’islam est considérée comme un rituel obligatoire, profondément ancré dans leur culture. Le durcissement progressif de la loi, la rigueur croissante de son application, font peser sur eux une menace de plus en plus précise de retour au pays manu militari , qui livrerait leur fillette aux initiatives déterminées de leurs grand-mères ou de leurs tantes restées au pays.

La Convention de Genève reconnaît l’asile à toute personne qui « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». Plus de détails : www.gisti.org/spip.php?article1052#nb1.

Depuis 2001, la France accorde le statut de réfugié aux jeunes filles menacées d’excision en cas de retour au pays d’origine, et à leur famille si elles sont mineures. Et puis, en juillet 2008, l’OFPRA ( www.ofpra.gouv.fr/ ) a décidé de restreindre drastiquement cette protection. La journée pour l’élimination des violences faites aux femmes, le 25 novembre 2008, a été l’occasion pour un certain nombre d’associations de porter à la connaissance du public cette nouvelle embûche sur le chemin de l’installation de familles étrangères en France. Comme il est passé inaperçu dans le brouhaha médiatique, nous vous invitons à le consulter ici : http://www.cimade.org/communiques/1320-Excision-et-droit-d-asile .Un exemple de plus du pointillisme obstiné de la mise en œuvre de la ‘’politique de gestion des migrations’’.

Martine et Jean-Claude Vernier

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