Une tentative d'expulsion express d'étrangers, permise par la nouvelle loi sur l'immigration, a entrainé une immolation par le feu, acte de désespoir heureusement enrayé par un hôtelier attentif.
Des suites de la guerre qui a marqué l'éclatement de la Yougoslavie, la vie de ce jeune couple bosnien, Mirnès et Izeta Hrustic, n'était plus que menaces et persécutions. Ils sont venus en France en août 2009, avec la volonté de construire une vie normale pour leur fille Nella, âgée aujourd'hui de 14 mois. Leur demande d'asile rejetée, ils n'ont pas renoncé à leur recherche d'une vie digne ici.
Mais la Loi et les Préfets sont là pour empêcher une telle chose et, depuis le début de l'année, le RESF de Metz a alerté les autorités et les citoyens sur une situation humaine désespérée et désespérante.
Arrive le lundi 18 juillet, jour de prise d'effet de la nouvelle loi contre les étrangers, qui permet des expulsions sans s'embarrasser de l'intervention de la justice.
A 8 heures du matin, la police vient cueillir Izeta et Nella dans leur abri de fortune, pour les expulser vers un village où il n’y a aucune place pour cette famille en raison de la cohabitation impossible avec la communauté serbe. Mirnès, étant absent à ce moment-là, échappe à l'arrestation.
Dès le mardi 19, c'est la tentative d'expulsion express.
Mais Izeta refuse l'embarquement, et elle et sa fillette sont ramenées au centre de rétention administrative (CRA).
Finalement, le jeudi 21 juillet, elles seront libérées par le Tribunal Administratif de Strasbourg. Des militants de RESF ont dû produire des garanties de représentation et la Police aux frontières (PAF) les a ramenées toutes deux à leur hébergement.
La suite est dans le communiqué de presse du RESF de Metz le 27 juillet 2011, reproduit ci-dessous.
Martine et Jean-Claude Vernier
Le pire a été évité de justesse grâce à l'oreille attentive et au sang-froid de leur hôtelier !
Désespérée, Izeta HRUSTIC a tenté de s'immoler en s'aspergeant d'essence avec Nella dans les bras dans leur chambre d'hôtel.
Alerté par les sanglots, l'hôtelier a regardé la façade de son établissement pour localiser l'origine des pleurs et a vu de la fumée s'échapper au 1e étage. Très rapidement il a saisi son extincteur et a trouvé Izeta et Nella dans un nuage de fumée... A cette heure, elles sont hospitalisées toutes deux ; par chance le feu ne faisait que commencer à prendre.
Nous rappelons que la jeune maman bosniaque avait été interpellée à son domicile le 18 juillet dernier et conduite avec la petite au Centre de Rétention Administrative de Metz. Emmenée dans la nuit qui suivait à Roissy pour prendre un avion à 7 h du matin, Izeta a refusé d'embarquer avec son bébé.
Le Tribunal Administratif de Strasbourg a décidé de les libérer le 21 juillet. Mais revenue chez elle, la jeune mère s'est vu refuser les tickets d'alimentation qui leur permettait de subsister jusqu'alors.
Se sentant traqués par l'administration, indésirables tant dans leur pays que dans celui dans lequel ils demandaient refuge, ce jeune couple avait perdu tout espoir. Ne pouvant supporter de devoir revivre une tentative d'éloignement et de voir son mari contraint de se cacher par crainte de la police, Izeta a décidé d'en finir.
Nombre de citoyens, amis et élus ont pourtant tenté de plaider leur cause auprès du Préfet de Moselle mais sans résultat jusqu'à présent. La politique des quotas imposée par notre gouvernement mène forcément à prendre des décisions ou exécuter des ordres qui peuvent aller à l'encontre des valeurs essentielles de l'humanité et générer des drames.
Isabelle Mire et Anne Noëlle Quillot, marraines de Nella
Contact : 06.71.75.08.48
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