Si les mots ont un sens, celui d’urgence est bien celui qui convient.
Pourtant, malheureusement, c’est une histoire somme toute banale.
Histoire tout à fait de notre temps.
Jeudi 25 septembre 2008, an II du règne de Sarko 1er, le tiers des 180 ivoiriens qui vivaient dans l’ancienne Maison des étudiants de la Côte d’Ivoire, immeuble notoirement insalubre, géré tant bien que mal par ses occupants depuis une bonne trentaine d’années, mais où les risques d’incendie, entre autres, n’en étaient pas moins considérables, se sont fait déloger par la police de la République.
Fort bien.
Un seul détail a été oublié (est-on distrait ?) : leur relogement.
Les expulsés ont été dispersés (c’est mieux, on ne va pas tolérer l’encouragement à la subversion qui consisterait à les laisser tous ensemble, oui). Ils ont été pour le moment placés dans des hôtels de banlieue et de grande banlieue, leur environnement naturel.
Solution toute provisoire : la République est bonne fille, mais point trop riche, vous savez bien ! Pour le moment, on se contentera de promesses.
Une quarantaine d’entre eux sont donc revenus dormir sur les trottoirs.
Si l’on en croit la météo, mardi, il pleut.
Ils ont besoin de tentes.
Ils ont besoin de matelas.
Ils ont besoin de boissons chaudes.
Ils ont besoin de nourriture chaude : du riz ferait l’affaire.
Ils ont besoin de lait.
Ils ont besoin - avis aux journalistes, et aux autres – qu’on parle d’eux ; car la suite n’est que trop prévisible : on leur a bien savoir que leur installation sous des tentes ne serait pas tolérée et les débats sont vifs entre les expulsés, partagés entre résistants déterminés à affronter, si besoin est, une situation de conflit dur et représentants plus légalistes. C’est pourquoi, dans la situation de rapport de force qui risque de s’instaurer, tout ce qui pourra contribuer à leur visibilité est susceptible de revêtir une importance capitale.
D’autant que, bien entendu, des sans-papiers sont parmi eux qu’il importe de protéger au maximum, éventuellement en les aidant à ne pas se tenir trop près de l’œil du cyclone. Notons que la marie a publié un communiqué où elle déclare sans fausse honte que « l’objectif (oh ! le joli mot) est de reloger toutes les familles en situation régulière ».Ils ont besoin aussi – beaucoup – de soutien moral, besoin, même si on ne leur apporte rien d’autre, qu’on vienne parler avec eux.
Demain, un rassemblement de solidarité est prévu à 10 h. devant l’immeuble, un autre à 18 h.
Pour ceux qui peuvent s’y rendre, c’est devant le 150 bd Vincent Auriol, métro Nationale.
Le mot « urgence » est bien le mot juste.