Je relaye ce billet d'une enseignante de classes préparatoires sur une question, pour l'instant, ignorée des médias (parthes ou non !). Car ils ne bruissent, en matière éducative, que des rythmes hebdomadaires des écoles communales, et de leurs effets électoraux présumés. Un excellent cache-sexe des questions budgétaires nationales. Déshabillons-les !
Bonsoir,
Au risque de passer pour une thuriféraire du conservatisme, alors que les professeurs de classes préparatoires sont stigmatisés en tant que "privilégiés" et qu'on reparle de nos salaires de "pilotes de ligne" (un Allegre's revival est donc possible?) je vous signale l'existence d'une pétition que vous pouvez signer en cliquant sur ce lien :
http://www.petitions24.net/petition_unitaire_cpge
C'est un texte unitaire émanant de deux syndicats (le Snes et le Snalc) et de toutes les associations de CPGE. Texte de consensus, il est imparfait, sans doute trop corporatiste, essentiellement tourné vers les aspects financiers. J'aurais bien sûr aimé quelque chose de plus fédérateur, parce que les collègues du secondaire ou de BTS nourrissent aussi des craintes liées à la redéfinition en cours de leur statut, un texte évoquant aussi les valeurs auxquelles nous sommes attachés et qui font notre force…. Mais il a fallu gérer l'urgence et répondre rapidement aux méthodes brutales du ministère qui veut augmenter de deux heures notre temps de service devant les élèves, sans contrepartie financière, pour ceux qui doivent 8h. Pour ceux qui sont déjà à 10h, ils perdront donc deux heures supplémentaires. Un collègue qui a actuellement 4 classes de scientifiques à 2 heures et 180 copies par mois au minimum, avec renouvellement de programme annuel préparé dès l'été qui précède la rentrée puis tout au long de l'année, pourra donc se voir confier une cinquième classe et prendre 45 copies par mois en plus (avant de sombrer dans la dépression nerveuse?).
La droite en a rêvé, la gauche le fait, "travailler plus pour gagner moins", c'est donc le combo gagnant offert aux professeurs de classes préparatoires en cette période de redéfinition des statuts. Le projet, aveugle, ne tient aucunement compte de la diversité de nos charges de travail, des renouvellements de programme de 2e année, de la quantité de copie qu'il nous faut corriger…. Il cherche en outre à diviser le corps enseignant puisqu'il affirme que les moyens retirés aux classes préparatoires seront redéployés en ZEP. Nous savons combien l'enseignement dans ces établissements est difficile mais faut-il déshabiller Pierre pour habiller Paul? La ficelle est un peu grosse. Et la colère et l'amertume immenses.
Si le projet passe, nous assisterons à la dégradation brutale d'une catégorie de fonctionnaires, situation inédite en France. Accepteriez-vous de travailler 20% en plus pour un salaire largement diminué? Qui dit que les autres catégories de professeurs ne pourront pas faire à leur tour l'objet de telles dégradations de statuts et de rémunération, dans un contexte où les effectifs peuvent en plus devenir plus importants? S'il faut financer tous les nouveaux recrutements à budget constant, il nous semble que nous avons tous du souci à nous faire. On est toujours le privilégié de quelqu'un. Et décidément jamais mieux trahi que par les siens.
J. Alazard, CPGE du lycée Faidherbe, Lille.