Extrait du livre "Révoltons-nous... bon sang !"
Fred Oberson, icône-éditeur
Voilà un sujet tabou, à se faire taper sur les doigts, à être traité de vieux réac ! Qu’importe, mettons les pieds dans la fourmilière, soyons solidaires avec les millions de citoyens victimes des désagréments causés par les grèves. La solidarité des travailleurs a ses limites, les arrêts de travail sont devenus impopulaires, ils provoquent l’irritation des usagers des services publics, notamment la SNCF et la RATP.
Quelle connerie la grève ! Neuf fois sur dix, on pourrait l’éviter. Et de la comparer, toutes proportions gardées, à la menace de guerre, puis à l’envoi des premières salves. La différence est que les artilleurs grévistes n’ont pas les moyens de la faire durer, les heures perdues ne se rattrapent pas sur la fiche de paye ! Alors on enroule le drapeau rouge, on range les calicots et les belligérants s’assoient enfin autour d’une table pour négocier une paix relative. Pourquoi ne l’avoir pas fait avant que le conflit n’éclate ? Parce que certains patrons sont des voyous, des exploiteurs qui refusent toute concertation avec leurs salariés.
Des multinationales sans foi ni loi ferment leurs usines rentables pour les transférer ou les regrouper ailleurs.
Faute de dialogue avec l’Administration, les fonctionnaires, les enseignants n’ont parfois que cette alternative pour faire entendre leurs justes revendications. Les syndicats prennent souvent le train en marche, jouent avec le chaud et le froid.
Les grèves coûtent une fortune au pays, elles se chiffrent à deux à trois milliards par an. Chacun y laisse des plumes. Mais comprenons-le bien, les fauteurs de grèves ne sont, la plupart du temps, pas ceux qui les déclenchent !