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Billet de blog 15 août 2008

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LA FETE AU BOUC de Mario Vargas Llosa (Roman)

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La République dominicaine est une des destinations les plus réputées au monde. Elle attire nombre de touristes pour ses plages de rêve, son soleil, sa population affable, son économie bon marché, son tabac, ses filles, ses villas luxueuses pour hommes d’affaire. C’est aussi une des destinations les plus courues pour son tourisme sexuel.
Avec des prix imbattables, des compagnies low cost vous emmènent en charters, vers ce petit paradis pour les uns …enfer pour les autres. N’avons nous pas vu nos politiciens corrompus aller se réfugier en république dominicaine ?

Didier SCHULLER ex-conseiller général des Hauts-de-Seine et conseiller régional d'Île-de-France se réfugia à Saint Domingue pour échapper à des poursuites judiciaires en France.
Mais que savons-nous de son Histoire? Que savons-nous de l’histoire d’une des dictatures les plus sombres de la sphère politico–économique de l’empire américain ?

Apres une formation chez les marines, RAPHAËL LEONIDAS TRUJILLO, chef de l’armée dominicaine arrive au pouvoir par la grâce des américains en 1931. Son accession au pouvoir n’est pas bien différente de celle de Somoza. L’exercice du pouvoir de Raphaël Léonidas Trujillo lui est étrangement parallèle. Il est un chef de clan. Il est entrepreneur et son régime qui s’appuie sur l’armée, dont il est issu, est marqué par un gangstérisme flagrant.


Ayant accédé très rapidement au sommet de l’armée crée après les Etats Unis, Raphaël Léonidas Trujillo est candidat à la présidence. Il est élu sans opposition en 1930, après une campagne électorale basée sur une terreur menée par des groupes paramilitaires.

Trujillo ne manqua pas de respecter une certaine légalité constitutionnelle. Il céda tout au long de son pouvoir, la place à des hommes de paille ou à de loyaux serviteurs dont le dernier fut Joaquin Balaguer mort en 2002.
Peynado, en 1938 succède à Trujillo. Troncoso achève le mandat de Peynado après sa mort. Après un nouveau mandat direct en 1942, il est reconduit pendant 10 ans, Trujilllo nomme son frère Hector à la présidence. Celui-ci démissionnaire est remplacé par un benefactor. Lorsque Trujillo se retire du pouvoir civil, il conserve le pouvoir militaire. Ministre de la guerre sous Troncoso, il se fait désigner comandant en chef des forces armées par son frère en 1952.

Trujillo a le sens de la famille. Les rangs supérieurs de l’armée sont truffés de membres de son clan. L’énumération de cette hiérarchie familiale ne manque pas d’ampleur, ni de traits pittoresques. Ses trois frères ont été successivement chef d’Etat-major et ministre de la guerre. Anibal, fut chef d’état-major. Virgilio a rempli les fonctions délicates de ministre de l’intérieur, Arismendi a été général de division. Les beaux-frères, José Garcia et José Roman Fernandez, les neveux José Garcia Trujillo et Virgilio Garcia Trujillo ont été généraux ou officiers supérieurs et ont occupé des commandements importants.

Quant à ses fils, on peut dire qu’ils naquirent officiers. Radhames fut commandant honoraire à l’âge où l’on joue aux billes et le futur play boy Ramfis était général de brigade à neuf ans. Il y’ aurait eu jusqu’à plusieurs dizaines de parents de la famille Trujillo dans les grades supérieurs de l’armée dominicaine.

Le contrôle du benefactor sur l’économie dominicaine ne cède en rien à la main mise du clan Somoza sur le Nicaragua des années 1937 à 1979
Les historiens estiment que les affaires attribuées à Trujillo représentent 50% des terres arables, 119 entreprises soit 80% du chiffre d’affaire de la capitale devenue Ciudad Trujillo.

Trujillo possédait sa propre banque, et supervisait la production de l’industrie pharmaceutique.
La régie d’Etat du tabac lui appartenait, mais aussi la fabrication du lait pasteurisé et du sucre. Le dictateur possédait des intérêts majoritaires dans les deux compagnies maritimes de Saint Domingue.

Les officiers supérieurs de l’armée lui assurèrent fidélité. Le caractère familial renforce encore l’isolement de militaires mal vus des classes dirigeantes traditionnelles.

L’armée de la République dominicaine est la création de Léonidas Trujillo. Toutefois, Trujillo se méfiait de sa propre armée. Les munitions sont laissées dans des cantonnements sous la protection de son propre clan. Outre un appareil policier imposant et une domination économique dissuasive, Trujillo y installe un culte de la personnalité.
Le dictateur tenta, à l’aide d’une propagande agressive et incessante, de fonder une identité nationale dans une population dont la moitié est dite Hispaniola contre une autre partie de la population, noire et francophone.
Pour cela, il n’hésite pas à faire massacrer, en 1937, 15 000 immigrés haïtiens. Le clientélisme, dans ses formes modernes et traditionnelles jouait un rôle avec les élites mais aussi avec le peuple. Il avait organisé des «jours de loyauté » pendant lesquels on regroupait les corporations et le tout donnait au pays une sorte de rituel nationaliste.

Trujillo était également le parrain et le patron de centaines d’enfants dans les campagnes et dans les villes.

Ce dernier point est la clé de voûte de «la Fête au bouc » de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa.Une avocate new-yorkaise débarque à Saint Domingue en 2002 après une trentaine d’années d’absence. Urania Cabral veut revoir son père pour lui demander les raisons de son départ vers les Etats Unis trente plutôt. Elle fait partie de la classe privilégiée de Saint Domingue. Le père est sénile et ne peut lui révéler les secrets de son enfance. Elle découvrira elle-même les raisons de son départ de l’île.


Mario Vargas Llosa nous fait pénétrer au cœur d’une des dictatures les plus burlesques et incroyables du XXème siècle. De ces dictatures ubuesques qui ont vu le jour au cour du XIXème siècle. Des hommes arrogants, soudards, le verbe haut, traîneurs de sabres et galonnés qui donnèrent le jour à des Pinochet, Stroessner, Videla, etc…A travers le destin de Urania, nous remontons l’histoire de ce petit pays, de la personnalité du tyran, Trujillo, des rapports avec sa famille, de son viol, des coulisses de la conjuration qui devait aboutir à l’assassinat du dictateur en 1961. Une petite route, la nuit, et les conjurés : quatre militaires attendent Trujillo pour le tuer. Les conjurés se souviennent de la préparation de l’embuscade et de cette nuit qui sera fatal au dictateur. Il mourra comme un chien. Celui qui devait tenir la république dominicaine de 1931 à 1961 la tenait avec des méthodes imparables : police secrète, armée, torture, exécutions sommaires, déjà la mise en place d’escadron de la mort. La fête au bouc est une terrible autopsie d’une dictature infernale. Mario Vargas Llosa nous retrace, ici, le destin d’une enfance volée par un petit Néron des caraïbes.

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