SYRIE Informations
30/05/2013, 18:44Par FXAVIER
En cherchant le mot TYRAN, suis tombé sur cet article édifiant
Bachar Al-Assad, le tyran
M le magazine du Monde | 21.12.2012
Par Christophe Ayad
C'est l'homme de l'année 2012. Du moins si l'on retient comme critères le cynisme et la cruauté. Et même s'il ne survivra probablement pas à 2013, on se souviendra de lui longtemps. Au moins jusqu'à ce qu'un autre dépasse ce record insensé : plus de 40 000 morts en dix-neuf mois de soulèvement et c'est loin d'être fini. On se demandait il y a encore un an s'il serait capable d'égaler son père Hafez, qui avait fait tuer 10 000 à 20 000 habitants de Hama en 1982 pour avoir osé se soulever. Bachar, l'ophtalmologue au long cou et au léger zézaiement, a fait assurément plus et mieux, sans éteindre pour autant l'incendie qui vient désormais lécher les pieds de la colline qui domine Damas, où se trouve son palais.
Le président syrien n'est pas seulement le plus grand meurtrier de masse du début du XXIe siècle, il a aussi inventé un style inédit de dictature. Rarement on aura vu un tel détachement dans la cruauté, un tel déni dans la férocité.Même s'il a espacé ses apparitions publiques et télévisées, déjà rares, Bachar Al-Assad ne s'est jamais départi de son calme un peu sentencieux de premier de la classe. Il continue de parler de son pays comme s'il s'agissait d'une contrée exotique. Et de l'exercice du pouvoir, comme si c'était une dissertation. Comme s'il n'était pas impliqué, comme s'il s'agissait d'un autre.
Le pouvoir, il n'y était pas destiné. C'est son frère aîné Bassel qui devait en hériter, n'était un fatal accident de voiture sur la route de l'aéroport en janvier 1994. Il en avait l'appétit et le goût. Rappelé de Londres, où il effectuait sa spécialisation médicale, Bachar a obéi à l'injonction paternelle. Tiraillé constamment entre le désir d'être aimé pour ce qu'il croit être et la peur de passer pour un faible, il a toujours soufflé le chaud puis le froid. A son arrivée à la présidence en juin 2000, il lance un appel à l'ouverture et à la modernisation. Le "printemps de Damas" prend un tour inquiétant, les conseillers de son père menacent de revenir aux affaires prétextant son inexpérience. Exit l'ouverture, reste la modernisation. Il démocratise Internet et le téléphone mobile, deux outils qui lui seront fatals. Son cousin et ses proches s'enrichissent outrageusement en s'octroyant le monopole commercial de ces lucarnes de liberté dont les Syriens sont friands.
VICTOIRES EN TROMPE-L'ŒIL
Autant il réussit à s'affranchir de la vieille garde héritée de son père, autant la famille continue d'exercer une tutelle pesante. Malgré l'arrivée d'Asma Al-Akhras, sa charmante épouse issue d'une grande famille de Homs, Bachar Al-Assad reste l'otage d'un clan familial et confessionnel. Dès le début de la crise, en mars 2011, il a compris que si la famille venait à se déliter, c'en était fini de son pouvoir. Il a donc couvert les excès de son cousin Atef Najib à Deraa et confié les rênes de l'armée à son frère Maher. Début 2012, Bachar n'a toujours pas réussi à éteindre la contestation qui prend un tour de plus en plus armé. Mais il a bon espoir de remporter la victoire finale. La Russie et la Chine le protègent de toute intervention extérieure aux Nations unies, brandissant à trois reprises l'arme du veto. L'Iran ne lui ménage ni son pétrole, ni ses armements, ni ses conseillers. Et la Ligue arabe mène une mission sans lendemain d'observation d'un cessez-le-feu qui n'a existé que sur le papier. L'opposition a beau être omniprésente, elle est sous-équipée, fragmentée et minée par les rivalités. Il choisit de passer à la vitesse supérieure en février en écrasant le symbole de la contestation armée, le quartier de Baba Amro, à Homs, et en organisant un simulacre d'élections et de réforme constitutionnelle.
Mais rien n'arrête l'insurrection. Elle est partout, jusque dans son palais. Défections et désertions se multiplient. La correspondance du président est révélée au grand jour. Il apparaît entouré de collaboratrices aussi jeunes qu'incompétentes, Sheherazad Jaafari et Hadeel Al-Ali, qui rivalisent de minauderies. Pendant ce temps, sa femme, qui le surnomme "mon canard", continue de passer d'extravagantes commandes de mobilier et de décoration à l'étranger, malgré les sanctions commerciales qui visent le pays et la famille régnante. Pendant ce temps, les attentats se multiplient : nul ne sait à qui les attribuer dans le théâtre d'ombres qu'est la Syrie. Le 18 juillet 2012, ils touchent une partie de l'appareil sécuritaire, tuant le beau-frère de Bachar, Assef Chawqat. Sa sœur Bouchra part en exil aux Emirats. La peur a changé de camp.
Fini de rire. Au début de l'été, le régime, bercé par ses victoires en trompe-l'œil (il n'a jamais réussi à reprendre la ville de Homs), ne voit pas venir le soulèvement armé des grandes villes, Damas, Alep, Deir ez-Zor. Les rebelles, alimentés en armes légères prises à l'armée ou données par les pays les soutenant (Turquie, Qatar, Arabie saoudite), se lancent dans une guérilla urbaine qui fait vaciller le pouvoir. Cette fois-ci, c'est la guerre totale, sans gants ni plan de com'. Les faubourgs de Damas sont provisoirement repris, le régime se livre à des massacres, des exécutions de masse. Mais l'armée n'a plus les moyens de reprendre Alep, la capitale économique du pays. Les campagnes du nord du pays se libèrent et les rebelles, mal équipés mais plus nombreux et renforcés par l'arrivée de jihadistes, inversent le rapport de force : ce sont eux qui désormais assiègent le régime auquel il ne reste plus que l'aviation pour maintenir son avantage. Même la Russie ne croit plus en la victoire de son poulain. Bachar Al-Assad mourra-t-il dans son pays ou s'enfuira-t-il ? C'est désormais la seule question qui se pose à lui.
Remarque
Je pense que les lecteurs d'une si belle page apprécierons la perspicacité et l'objectivité de cet éminent journaliste
en réponse au commentaire de FXAVIER le 30/05/2013 à 18:44
C'est édifiant en effet!
Un peu révisionniste sur les bords aussi, comme par exemple cette brève allusion " son père Hafez, qui avait fait tuer 10 000 à 20 000 habitants de Hama en 1982 pour avoir osé se soulever." qui devrait faire bondir quiconque connaît un peu la Syrie (n'est ce pas Monic?.. )
30/05/2013, 21:00Par FXAVIER
Pour complèter ce dossier sur la Syrie je ne résiste pas au plaisir de vous annoncer cette bonne nouvelle qui doit attrister nos "belles âmes"
Syrie L’armée prête à lancer une offensive à Qousseir, le retrait du Hezbollah exigé
30 mai 2013 à 07:54
Washington a exigé «le retrait immédiat» du Hezbollah de Syrie, au moment où l’armée syrienne, épaulée par ce mouvement libanais, a annoncé s’être emparée de l’aéroport de Dabaa, prémice d’une offensive de tous les côtés contre les rebelles à Qousseir.
De son côté, la Russie, soutien de Damas, a estimé que la levée par l’Union européenne de l’embargo sur les livraisons d’armes aux insurgés posait «de sérieux obstacles» à la conférence internationale de paix sur la Syrie baptisée «Genève-2», qu’elle prépare pour juin avec les Etats-Unis.
Les Etats-Unis, la Russie et l’ONU n’ont toujours pas résolu de nombreuses questions relatives à cette future conférence internationale, y compris la date précise de cette réunion, a indiqué mercredi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Le régime a donné son accord de principe à cette conférence, et l’opposition, rongée par ses divisions, peine à prendre une décision, alors que les violences ont fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011 selon une ONG, et ont poussé à la fuite plus de cinq millions de Syriens.
La Coalition nationale de l’opposition syrienne a indiqué qu’elle «accueille favorablement les efforts internationaux destinés à favoriser une solution politique au conflit», dans une déclaration publiée mercredi soir après sept jours d’âpres discussions à Istanbul. Elle continue à exiger le départ du pouvoir du président syrien Bachar al-Assad et de ses chefs militaires mais n’en fait pas un préalable à une participation à une conférence de paix, selon un porte-parole qui s’est refusé à préciser si l’opposition participerait ou non à une telle réunion. Comme ils l’avaient déjà fait, les opposants syriens ont formulé à nouveau mercredi trois exigences: «les massacres et destructions commises par le régime doivent cesser; les forces révolutionnaires doivent bénéficier d’armes pour se protéger; l’invasion de l’Iran et de la milice (chiite libanaise) du Hezbollah doit être arrêtée». Outre sa participation à la conférence de Genève, la Coalition doit encore se prononcer sur son élargissement, le choix d’un nouveau président et la composition d’un gouvernement provisoire.Le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a répété mercredi que le président Assad resterait à son poste jusqu’en 2014 et se présenterait pour un troisième mandat «si le peuple le veut». M. Mouallem a par ailleurs qualifié la France de «menteuse» à propos des accusations de Paris sur l’utilisation par Damas d’armes chimiques.«L’arme chimique n’a été utilisée qu’une seule fois, à Khan al-Assal», par les rebelles, a déclaré le chef de la diplomatie syrienne à la chaîne de télévision arabe al-Mayadeen. Le pouvoir syrien accuse la rébellion d’avoir eu recours à des armes chimiques le 19 mars à Khan al-Assal, près d’Alep (nord).Sur le terrain, l’armée syrienne contrôle l’aéroport de Dabaa «à l’issue d’une opération militaire de plusieurs heures commencée dans la matinée», a affirmé une source militaire à l’AFP, précisant que l’opération a fait plusieurs dizaines de morts. Al-Manar, la télévision du Hezbollah, a diffusé des images de l’intérieur de cet ancien aéroport montrant des chars postés près des hangars et des soldats tirant vers l’extérieur. L’armée contrôle désormais toutes les issues de Qousseir, stratégique tant pour le régime que pour les insurgés, et peut lancer une offensive sur tous les fronts contre le dernier carré d’insurgés dans cette ville du centre-ouest de la Syrie.
«Nous pouvons désormais nous diriger vers le quartier nord de Qousseir», où sont retranchés les insurgés, a déclaré un officier à al-Manar. Cette avancée fait suite à l’envoi vers la ville de renforts du Hezbollah libanais et des forces spéciales de la garde républicaine, les mieux entraînées des troupes syriennes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’ONU condamne les combattants étrangersLe ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que le Hezbollah, fer de lance de l’assaut lancé le 19 mai contre Qousseir, avait déployé 3.000 à 4.000 combattants en Syrie.«Nous exigeons que le Hezbollah retire immédiatement ses combattants de Syrie» a déclaré une porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, dénonçant «une escalade inacceptable». A Genève, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a condamné l’intervention de «combattants étrangers» aux côtés des forces armées syriennes à Qousseir, et a demandé une enquête de l’ONU sur les violences dans cette ville.Une résolution en ce sens, présentée par les Etats-Unis, le Qatar et la Turquie, a été adoptée par le Conseil, par 36 voix contre 1 (le Venezuela). Huit pays se sont abstenus.Le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a estimé que «le nombre croissant de soldats étrangers qui traversent la frontière de part et d’autre ne fait qu’encourager la violence confessionnelle».Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, «des combattants sunnites libanais» se battent en outre du côté des rebelles, donnant au conflit «de plus en plus une dimension confessionnelle».Le pouvoir en Syrie est tenu par la communauté minoritaire alaouite, une branche du chiisme, tandis que la majorité de la population syrienne et des rebelles sont des sunnites.
Le contrôle de Qousseir est essentiel pour la rébellion, car cette ville se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban, mais aussi pour le pouvoir car la cité est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière. L’Iran, allié régional de la Syrie qui a indiqué avoir reçu une «invitation orale» à participer Genève-2 en dépit des réticences de la France, a dit souhaiter une «solution politique» en Syrie, lors d’une conférence sur le conflit syrien organisée par Téhéran
Remarque
Comme Médiapart a "coupé son fil" devenu quelque peu encombrant, je publie ces informations sur mon blog
Syrie Bachar el Assad met en garde Israël
Par Lefigaro.fr avec AFP Mis à jour le 30/05/2013 à 22:14
Le président syrien Bachar el-Assad a affirmé qu'il y avait en Syrie "une pression populaire" pour ouvrir le front du Golan avec Israël, se disant par ailleurs "très confiant" dans la victoire de ses troupes face aux rebelles, dans une interview à la chaîne de télévision du mouvement chiite libanais Hezbollah, Al-Manar.
"Il y a une pression populaire claire pour ouvrir le front de résistance (contre Israël) au Golan (...) Il y a plusieurs facteurs, (dont) les agressions israéliennes répétées", a indiqué le président. Le plateau du Golan a été occupé par Israël en 1967 et depuis cette date il n'y a pas eu de violences entre les deux pays, théoriquement en état de guerre. Alors que les troupes du régime mènent une bataille acharnée contre les rebelles, Assad a dénoncé "une guerre mondiale menée contre la Syrie et la politique de résistance (Syrie-Iran-Hezbollah contre Israël)", se disant pourtant "très confiant dans la victoire".
Le président Assad a en outre indiqué qu'il n'hésiterait pas à se présenter à la présidentielle de 2014 si le peuple le voulait. "Cette question sera décidée au moment voulu (...) si je sens qu'il y a une nécessité de me porter candidat, et cela sera décidé après avoir consulté le peuple, je n'hésiterai pas à le faire", a-t-il déclaré, alors que l'opposition réclame son départ du pouvoir. "Mais si je sens que le peuple syrien ne le veut pas (...) je ne me porterai pas candidat", a-t-il précisé.
Concernant le projet de la conférence de paix dite de Genève-2 initiée par les Russes et les Américains et prévue en juin, Assad a indiqué que tout accord entre son régime et l'opposition serait soumis à un "référendum". "Eux (l'opposition et les pays occidentaux) disent qu'ils veulent un gouvernement de transition où le président n'a aucun rôle", a-t-il dit. Mais, a-t-il ajouté, "les prérogatives du président sont fixées par la Constitution et le président ne peut pas abandonner ses prérogatives, la constitution ne lui appartient pas". "(Un changement) de la Constitution a besoin d'un référendum populaire (...) s'ils veulent discuter de ces choses, elles seront présentées lors de la conférence (de Genève-2) et quand et si on parvient à un accord, on le soumet à un référendum pour voir la réaction du peuple syrien", a précisé Assad."Mais demander à l'avance le changement de la Constitution, le président, le gouvernement ne peut pas le faire du point de vue constitutionnel".
S'agissant de la livraison par la Russie des missiles sol-air sophistiqués S-300, il a admis que son régime en avait reçu un premier lot. "Les accords passés avec la Russie ne sont pas liés à la crise", a-t-il dit. "La Russie s'est engagée à respecter ces accords, ce n'est pas la visite (à Moscou) de Netanyahu (le Premier ministre Benjamin Netanyahu" qui va changer les choses", a-t-il poursuivi. "Tous les accords passés avec la Russie seront honorés et une partie l'a déjà été dernièrement (...) les Russes et nous continuerons d'honorer ces accords", a indiqué Assad.