Le débat si on peut l’appeler comme ça, parce que c’était plutôt comme toujours, des exposés des croyances de chacun, très intéressantes au demeurant. Les constats accablants des gauchistes qu’on aime et qu’on connaît par cœur pour les répéter nous-mêmes depuis des lustres, et qui malheureusement ne proposent rien pour en sortir et la philosophe qui donne une vraie piste à mon sens. Un espoir en tous les cas. C’est par là qu’il faut aller voir de plus près ce que font tous ceux qui font autrement. Il y a des alternatives au communisme et au capitalisme. C’est ça la bonne nouvelle. Il y a la liberté d’entreprendre autrement. En respectant les humains, les animaux, la nature. Oui c’est possible. Il y a mieux à faire dans la vie que de se taper sur la gueule pour savoir qui a tort et qui a raison. Il y a la vie. La vraie vie. Et chacun a le droit et même le devoir de choisir celle qu’il veut. Et qu’on ne vienne pas me dire que la plupart n’ont pas le choix. Tout le monde peut choisir, encore faut-il qu’il puisse savoir entre quoi et quoi. Il n’y aura plus de travail pour tout le monde, parce que, et c’est heureux, les tâches bêtes et répétitives qui ne demandent pas de qualification particulières sont robotisées. Chacun le sait. Alors le revenu de base est une urgence. Qu’est-ce qu’on attend ? Après chacun pourra vraiment choisir.
Schlomo Sand avait dit « Je ne crois pas que les représentants politiques, socialistes ou pas socialistes puissent faire grand-chose au niveau national. C’est un problème mondial. Le début du capitalisme était beaucoup plus violent. Le déclin du capitalisme va créer des situations de plus en plus violentes, au niveau social ».
C’était chez Taddeï hier soir.
Corinne Pelluchon, philosophe
« Le sens de l’économie aujourd’hui ; faute de mieux, on parle de capitalisme. C’est vrai qu’il est fondé sur la surproduction » et sur « le fait de susciter le désir des gens de posséder des biens que les autres ne peuvent pas posséder, ce qui produit des produits toujours plus sophistiqués, gourmands en énergie, et crée une addiction à la consommation et donc, va engendrer une division entre les êtres qui iront chercher des biens privés plutôt que des biens publics. André Gorz avait fait de belles analyses qui n’ont pas vieilli sur ce point. Aujourd’hui la crise environnementale, les crises sociales, la crise globale que nous traversons et que nous vivons tous à des degrés divers est l’occasion, peut-être, de poser la vraie question. Le système qu’on nous impose comme une realpolitik, une réalité, repose finalement sur des prémisses fragiles, ontologiquement. L’homme n’est pas fait pour consommer des gadgets. Pour faire des montagnes de détritus, comme le disait encore André Gorz.
Cet été par exemple, nous avons eu une crise majeure avec l’élevage. On a transformé les éleveurs en industriels au mépris du sens de cette activité qui est en relation avec du vivant. Au mépris des normes éthologiques des bêtes, qui m’importe énormément et pas que moi j’espère. En fait ils vivent à peine de leur salaire parce que la viande est trop chère par rapport à celle produite en Allemagne où les coûts de production sont plus bas et les salariés encore moins bien payés etc.
Le système n’est pas lié (ne s’attache pas ndlr) à ce qu’il faudrait pour sortir de toutes ces crises. On pourrait au contraire, viser sur la qualité, sur une prospérité ou une richesse, non pas définie sur le profit de certains au mépris des la valeur des êtres humains et non humains, du coût environnemental, de toutes ces valeurs que par ailleurs tous les politiques s’appliquent à célébrer, dans des contradictions totales.
La seule manière est de s’acheminer vers des solutions où on sort de ce système essoufflé.
Il y a des expériences locales tout à fait heureuses et des intelligences dans la société française. Le problème peut-être, c’est qu’elles ne sont pas assez visibles. Le rôle des media et des porte-paroles intellectuels est de les rendre visibles. Il y a des alternatives. »
 
                 
             
            