«Avec mon caméraman nous avons été frappés puis séparés. Très peu de femmes, surtout étrangères, se trouvent sur cette place Tahrir. J'ai été empoignée par plusieurs hommes et j'ai subi une agression sexuelle au milieu de tout le monde, en plein jour. D'autres femmes journalistes ont subi des violences, c'est une façon d'intimider la presse.» Caroline Sinz, à la fin de son reportage sur France 3.
Caroline Sinz est venue sur Canal pour dire qu'elle a porté plainte pour viol, et elle a explique pourquoi.
Verbatim
Oui j'ai cru mourir. Quand vous vous retrouvez au milieu d'une foule pareille, au milieu de centaines de personnes avec des dizaines et des dizaines d'hommes autour de moi qui m'avait empoignée, déchiré mes vêtements et agressée -j'ai subi des agressions à caractère sexuel qui sont considérés comme un viol par la loi française.
Je porte plainte parce qu'au regard de la loi français c'est un viol, et parce que j'ai la chance de vivre dans un pays démocratique où les femmes ont des droits, les hommes aussi et je profite de tous ces droits car beaucoup de femmes égyptiennes subissent la même chose que moi mais elles la plupart du temps ne parlent, gardent le silence et pas seulement en Egypte. Mais aussi d'en beaucoup d'autres pays.
Au départ j'ai voulu rester sur place pour continuer à faire mon travail et je me suis très vite rendue compte que j'avais la tête beaucoup trop remplie et occupée par ce qui s'était passé pour faire mont travail correctement pour lequel j'ai besoin d'avoir l'esprit totalement libre pour bien le faire. Mais je retrournerai dans ce pays, parce que j'ai envie de repartir sur le terrain, je suis grand reporter et je repartirai en Egypte, oui.
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"Je ne suis pas d'accord avec ça, comme beaucoup de mes consoeurs.
On a beaucoup de mal parce qu'on est dans un milieu assez machiste et on nous demande beaucoup plus quand on part en reportage qu'on en demande à un homme. C'est très important d'être sur lel terrain parce que les gens nous parlent d'une façon très différente qu'ils ne le feraient à un homme. Donc il faut continuer à partir et ne pas baisser les bras sinon ça voudrait dire qu'ils ont raison d'agresser".
Concernant la situation en Egypte « Il faudrait être devin pour apporter une réponse. C'est très compliqué, les islamistes sont en position de force et puis vous avez tous ces jeunes et d'autres qui veulent un changement total dont ça va être très compliqué et très long.
A la question de savoir de « quelle tendance de l'Egypte » étaient les agresseurs : « Au départ j'étais avec mon cameraman, mon matériel, c'étaient des jeunes, désoeuvrés des classes défavorisées de la population. Après il y a eu un tas d'homme, -vous savez c'était un mouvement de foule- qui se sont précipités et là c'est incontrôlé, incontrôlable, et vous ne savez pas pourquoi vous êtes victime. Ca a duré longtemps".
Et à la question : qui vous a sauvée ? "Il y avait des Egyptiens extraordinaires. Je me suis cramponnée à l'un d'eux, du début à la fin, parce que dans ses yeux j'ai vu qu'il voulait me sauver et il m‘a sauvée, avec d'autres. Et c'est fantastique, ça. »