Le procès Colonna est encore pire qu'Outreau, car il témoigne d'un mépris délibéré pour les principes essentiels d'un procès pénal équitable. Tous ces principes sont violés, le refus de reconstitution marquant une violation des règles de preuve et du droit d'appel. La motivation du président de la Cour d'assises invoquant l'absent d'éléments nouveaux va à l'encontre du principe d'oralité des débats, que le président prétend pourtant invoquer. Alors même que les témoins présents sur les lieux du crime ont affirmé ne pas reconnaitre Colonna, alors qu'une reconstitution est un élément fondamental pour établir les faits, refuser la reconstitution est une violation manifeste des règles de preuve. Cette violation bien entendu ne serait pas constituée si l'on considérait qu'en l'absence de toute évidence d'une culpabilité de l'accusé, la reconstitution n'était pas nécessaire. Une telle déduction prévaudrait dans tout pays où l'on ait une exigence minimale quant à la fiabilité des preuves de l'accusation. Il est clair que la dénonciation faite dans des conditions particulièrement discutables par des personnes qui n'étaient pas présentes lors du crime (les femmes des condamnés), qui ont été l'élément de preuve considéré comme déterminant dans le procès correctionnel, dénonciation ensuite rétractée, ne serait même pas admissibile dans un système pénal respectueux de la fiabilité des témoignages. On ne peut qu'être médusé par les qualifications qui sont données par l'accusation et les avocats de la défense aux condamnés, pour essayer de fonder la démonstration de la culpabilité de Colonna sur la base de leurs dénonciations : ils sont qualifiés "d'hommes d'honneurs" ! Lorsque les témoins de l'accusation rétractent leurs dénonciations, ce ne peut être que par suite de pressions de Colonna, étant entendu bien sur que la police n'a fait aucune pression !!
Il est clair que l'on assiste à un simulacre de procès pénal, où les magistrats, comme les journalistes considèrent qu'il y a une présomption de culpabilité, et que la défense doit "prouver de façon irréfragable" l'innocence de l'accusé. Le Président cherche ouvertement à discréditer les témoins qui mettent Colonna hors de cause. L'opinion de policiers est considéré comme un élément recevable de preuve, alors qu'ils n'ont strictement aucune connaissance personnelle des faits !
On retrouve ainsi la même curée contre l'accusé qu'il y avait eu dans le procès Outreau, sans que l'on puisse parler d'un juge isolé, sous pression d'experts et les témoignages d'enfants considérés comme crédibles.
L'attitude des avocats des parties civiles , des magistrats du siège et de l'accusation, discrédite la justice. C'est un terrible outrage fait à la mémoire du préfet Erignac, une terrible blessure que s'inflige l'Etat qui démontre qu'il n'est pas un état de droit. Ce grand serviteur de l'état ne méritait pas que son assassinat qui était un défi à l'Etat amène celui ci à se discréditer.