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Billet de blog 21 juin 2015

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Non à trois CDD de suite ! Non à un CPE à graduation de 18 mois

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Non aux CDD multipliés comme des petits pains dans la jeunesse Non au « bizutage » des jeunes avant contrat

Rappelez vous,  même du temps de l’ANI du 11 janvier et de la loi du 14 juin 2013, « ils » clamaient en « une » des journaux qu’ils allaient faire reculer la précarité, qu’ils allaient taxer les CDD, les « contrats courts » pour les faire reculer, Ils avaient alors majoré les CDD de moins d’un mois de 3 %, les CDD de  un a trois mois de 1,5 % et les CDD dits d’usage et de plus de trois mois de 0,5 %

Ils allaient « dissuader » les employeurs de multiplier les CDD…

C’était le passé, ce gouvernement est sans vergogne avec sa propre et courte histoire, le voilà qui corrige et aggrave la loi Macron 2 en y introduisant la possibilité de 3 CDD de suite – tout ça au 49 3

En janvier 2013, CFDT avait mis en avant qu’elle ne pourrait signer l’ANI que s’il y avait un effort de fait pour la réduction des CDD.

Pour désigner ces contrats, une nouvelle appellationa surgicontrats courts ». Cette appellation n’a pas d’origine contrôlée, mais elle désigne quelque chose comme « plus court que court ». En l’occurrence, des contrats de moins d’un mois… Sur 17 millions de C.D.D. signés en 2011, 75 % étaient d’une durée de moins d’un mois, 90 % de moins de trois mois.

Là aussi, quand on regarde de près, même avec une loupe, on ne discerne pas le progrès contenu dans l’ANI. Nulle véritable contrainte n’est imposée aux employeurs, comme la limitation du nombre de contrats à durée déterminée (C.D.D.) dans les entreprises. Pas de quota maxima, ni de taxe suffisamment dissuasive. L’augmentation du taux de la cotisation chômage (qui était déjà de 4%) est infinitésimale : elle est de +3 % pour les contrats inférieurs à un mois, de +1,5 % pour ceux de 1 à 3 mois, et de +0,5 % pour les contrats dits d’usage. Sont exclus de ces majorations : les C.D.D. des moins de 26 ans, ceux des soins aux personnes, ceux pour remplacement de salariés absents, ceux suivis d’une embauche…

Mais même cette hausse modeste des cotisations chômage d’une partie des C.D.D. reste un leurre car, pour le patronat, cette hausse est plus que compensée par l’exonération décidée dans l’ANI des cotisations pour l’embauche des moins de 26 ans : le solde positif pour le patronat est de 45 millions d’euros ! Les contrats d’intérim deviennent moins chers et seront davantage utilisés. Ils feront basculer les C.D.D. pour « surcroît d’activité » en contrats saisonniers, et multiplieront les « C.D.D. d’usage ». D’ailleurs, le 21 novembre 2013, 10 mois après l’ANI et six mois après la loi en découlant, le journal Le Monde titrera sur « l’explosion des contrats courts » : 86 % des recrutements sont faits en C.D.D. « courts ». En dix ans, le nombre de C.D.D. de moins d’un mois a plus que doublé, passant de 1,8 à 3,7 millions entre les troisièmes trimestres 2003 et 2013. C’est du travail jetable. Plus de 25 % des nouveaux inscrits à Pôle emploi sortent d’un C.D.D., contre moins de 3 % d’un C.D.I. Le C.D.D. est devenu la marge de flexibilité des employeurs, qui n’hésitent plus à faire des contrats à la chaîne, même pour quelques heures.

Non seulement l’objectif affiché de lutte contre « les contrats courts » n’est pas atteint, mais l’ANI et « sa » loi ont fait, exploser la précarité.

La loi qui devait « sécuriser l’emploi » a fait 1 300 000 chômeurs de plus en deux ans. La prétendue « flexibilité » augmente imparablement le chômage.

Mais cela ne suffit pas à Valls et Macron et au Medef  : en juin 2015 ils rajoutent 3 CDD de suite, 18 mois de précarité calculée

Dans la deuxième lecture des 106 articles de la toxique, envahissante et réactionnaire loi Macron, ils multiplient carrément les CDD comme des petits pains.

Bien sur ils le font en maintenant la limite totale de 18 mois de CDD consécutifs. Mais elle n’est pas loin de l’ex CNE ou CPE qui devaient durer deux ans.

Et pendant 18 mois, le jeune salarié (87 % des embauches de jeunes se font sous ce régime)  est soumis au despotisme du patron : il n’est sur de rien et peut être viré à deux reprises ou repris à deux reprises. L’épée de Damoclès du vidage sans motif est sur sa tête deux fois.

Chacun sait qu’employer un jeune trois CDD de suite et pendant 18 mois ne peut se faire QUE sur un poste permanent, donc a la place d’un CDI. Chacun sait que cela ne relève pas d’un « surcroit exceptionnel de travail » ni d’un « remplacement de salarié absent » (comme ce qui doit théoriquement justifier un CDD)

Ca n’a rien d’économique trois CDD de suite. C’est politique.

C’est donc bien une volonté de soumettre, et d’humilier un jeune, de le « bizuter », de lui apprendre à courber l’échine avant d’avoir un boulot.

La preuve en est que les jeunes "marnent" ainsi en CDD de 19 à 29 ans. Et qu’à partir de 29 ans, 95 % des contrats de travail sont des CDI (entre 29 ans et 54 ans et même ces CDI s'allongent de 9,5 ans en moyenne à 11,5 ans en moyenne depuis 30 ans). Car bien entendu les entreprises ne peuvent pas bien fonctionner avec des seuls CDD. Il leur faut des salariés compétents, solides, polyvalents, stables, confirmés,  le bizutage c’est seulement l’entrée en matière, c’est seulement pour « mater » et sélectionner le jeune avant éventuellement de le prendre !  Sauf qu’il n’est pas prévu en droit qu’un CDD soit une période d’essai, ni un CPE à graduation.

On a donc une sorte de CPE bis contre les jeunes. Même un peu plus vicieux puisqu’il combine l’extension justifiée idéologiquement de la précarité de l’emploi ( 3 X CDD) avec une sorte d’arbitraire despotique donné au patron de casser ou renouveler deux fois sans motif en 18 mois le contrat d’une jeune salarié.

Il est encore temps de s’y opposer avant troisième lecture et de mobiliser à la rentrée toute la jeunesse pour écarter encore une fois un tel danger.

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